Coups de coeur : Du grand libraire

Des albums qui nous font voyager !

Hé oui, que ce soit dans la tradition orale ou bien par l’écrit, les conteurs nous font voyager, rêver, imaginer, et bien des auteurs de BD arrivent à nous charmer de la même façon. Le chevelu souhaite chroniquer Les 4 coins du monde de Hugues Labiano et en grand saigneur que je suis, je lui laisserai encenser de sa prose cet album que moi aussi j’ai beaucoup apprécié.

Quand vous avez du sang finistériens dans les veines et que vous aimez la bande dessinée, il y a de très grandes chances que vous ayez lu un album de Fournier, notament L’Ankou dans la série Spirou et puis il me reste un attachement particulier pour les aventures de Bizu que j’ai lu et relu un nombre inconsidérable de fois depuis mon enfance. En ce qui concerne Lax, je crois me souvenir que le premier album que j’ai lu de lui était Chien de fusil, une ballade Irlandaise qui mettait une nouvelle fois en avant cette guerre fraternelle, là encore c’est le sang qui parle. Depuis, ces deux auteurs nous ont émerveillés et fait rire avec bien des albums, et lorsqu’ils nous avaient proposé le premier volet de Les chevaux du vent, il y a de cela 4 ans déjà, ils réussirent à toucher une nouvelle fois le public avec ce récit dépaysant et humaniste, publié dans la collection Aire Libre de Dupuis.

Du dépaysement, nous voici projeté au Népal, en cette fin de XIXème au sein d’une famille qui va traverser bien des bouleversements. Alors que son fils aîné est en âge de se marier, le père de famille voit ses enfants s’entredéchirer, ce qui ravive sa culpabilité d’avoir envoyé son plus jeune enfant dans un monastère parce qu’il était trop simple d’esprit pour pouvoir être utile aux travaux du quotidien. Il souhaite donc se racheter et partir le chercher, il accepte de devenir carthographe pour les Anglais mais le contexte actuel fait que les frontières se sont fermées et toute personne supposée travailler pour les occidentaux risque sa vie. Voici les éléments de départ de cette aventure, un voyage dans ces contrées isolées, majestueuses et illuminées.

Un deuxième tome qui clôt ce récit et si vous aimez celui-ci, sachez donc que nous avons eu le droit à un autre récit tout aussi passionant de Lax qui vient de se terminer: Amère patrie, qui se déroulait pendant la période de la première guerre mondiale faisant se croiser un sénégalais et un paysan français pris dans la tourmente des événements. Que du bon, c’est moi qui vous le dit.

Voyager au-delà des frontières pour certains c’est aussi voyager dans le temps et je renouvelle ma satisfaction pour la réédition du tome 2 de Top Ten, La rue nous appartient, cette histoire d’un commissariat de quartier dans l’ Amérique du futur. Je vous l’expliquais précédemment, Alan Moore en collaboration avec Genne Ha et Zander Cannon revisite le récit de super-héros, nous sommes à Néopolis, cette ville a émergé après la seconde guerre mondiale regroupant au même endroit tous ces êtres exceptionnels affublés de super-pouvoirs, il y en a tant que c’est devenu chose banale pour les résidents de la ville, si chacun se distingue par sa tenue, son apparence ou que sais-je encore, tout le monde mène une vie normale en tant que facteur, chauffeur de taxi, femme au foyer…

Nous suivons le quotidien des agents du commissariat du 10ème district, Robyn Slinger dernier élément à avoir intégrer l’équipe se retrouve en tandem avec l’agent Smax, un géant bleu quasi invulnérable, ils sont chargés aussi bien de résoudre une affaire criminelle que d’intervenir pour une dispute conjugale. L’idée est de les suivre dans leur carrière professionnelle mais également dans leur histoire personnelle, la base de la grande majorité des séries télévisuelles où l’on vous donne plusieurs trames à suivre au cours de chaque épisode et vous laissant hâletant de connaître la suite dans l’opus suivant.

La petite touche supplémentaire, tout un pan de la culture mondiale est disséminer dans les décors et les personnages secondaires, on y croise aussi bien Astérix & Obélix que les personnages de Star Trek ou Stargate, les Beattles, Wolverine, l’extra-terrestre de Tex Avery, William Shakespeare… Vous l’aurez compris, c’est le genre d’album que l’on peut lire un bon nombre de fois et qui vous surprendra encore et encore.

Et puis, y’a des livres, comme çà, on les reçoit à la librairie, on y jette un coup d’oeil vite fait, on feuillette quelques pages et puis on se dit que là y a un truc, je sais pas, on se dit que celui-ci on a vraiment envie de l’apprécier tranquillement tellement il commence à vous brûler les doigts et les méninges.

C’est le cas pour Hérakles de Edouard Cour chez Akiléos, et après lecture je vous confirme que la première impression est la bonne, et pas qu’un peu ! Tout comme Christophe Blain (Isaac le pirate, Socrate le demi-chien…) ou la famille Jouvray (Lincoln, L’idole dans la bombe), Mr Cour (car quand on me donne une telle satisfaction de lecteur on mérite du « Môssieur ») a réussi un excellent album, du type péplum, avec un décallage adroitement dosé. Si l’on ressent la violence de l’histoire grâce à son dessin, l’ironie du personnage principal et de ceux qui partagent son aventure nous font marrer comme des baleines.

Connaissez-vous Herakles ? Si non, peut-être le connaissez-vous sous le nom d’Hercule, célèbre pour ses travaux, même ménagers, qui lui furent imposés à la gloire d’Héra, la femme de Zeus, qui voyait plutôt d’un mauvais oeil les petites aventures extra-conjugales de son mari. Comme bon nombre de héros de l’antiquité semi-divins, Herakles est le jouet des dieux, et avant de s’appeler par ce nom, il se nommait Alcée ou Alcide (c’est selon le narrateur), il avait un frère jumeau et tout deux étaient très forts, mariés et avaient des enfants. Un drame a eu lieu et si vous souhaitez le découvrir, toujours en BD, je vous conseille le magnifique album de Le Tendre et Rossi: La gloire d’Héra. Pour l’heure Edouard Cour nous narre les exploits si célèbres de notre héros: vaincre un lion à la peau impénétrable, vaincre l’hydre au venin mortel, nettoyer les écuries d’Augias (d’où le côté ménager cité plus haut)…

Même si ce n’est qu’une première partie, ce qui implique l’attente qui en résulte avant de pouvoir lire la suite, je vous en conjure jetez un coup d’oeil à cet ouvrage que je trouve génial sur tous les plans, narratifs, graphiques, historiques… Un très grand merci à l’auteur et bonne continuation dans une carrière qui me semble prometteuse.

Du coup, je ne vois même pas l’intérêt de parler d’un autre album après celui-ci, du moins pour cette fois. Bonne lectures à toutes et à tous.

 

3 petits livres et puis s'en vont.

Des souris et des hommes ? Non, mais je vais effectivement vous parler cette fois-ci d’une histoire d’animaux et d’humains.

A l’occasion de la sortie de l’album Les seigneurs de Bagdad, je vous avait annocé la prochaine réédition de WE3, injustement francisé en NOU3, mettant de côté le jeu de mot du titre original, nous 3 pour le trio d’animaux et nous libre étant donné que c’est une histoire d’évasion, mais j’excuse l’éditeur qui a le mérite de republier cette histoire que j’affectionne beaucoup. NOU3, c’est l’histoire d’un chien, d’un chat et d’un p’tit lapin, tous trois sont les sujets d’une expérience militaire pour les transformer en armes, ce qui éviterait d’envoyer des hommes vers une mort certaine, faut pas déconner, la guerre OUi, des soldats tués NON.

Du coup, c’est dans une base militaire qu’est développée cette nouvelle technologie, où des animaux arnachés d’exosquelettes méchaniques et débordants d’armes en tout genre que nous retrouvons nos trois petites bébêtes, et vous vous doutez bien que les financiers et les généraux souhaite obtenir des résultats sur leur investisment. La dernière prestation est fort probante, mais il résulte un léger soucis, les animaux choisis ont des traits de caractères assez prononcés, ce qui pourrait nuire au projet. Du coup les chercheurs sont dans l’obligation d’éliminer toute traces et OUPS??!!! maladroitement, voilà que les entravent restent ouvertes.

Grant Morrison au scénario propose une nouvelle fois un intéressant récit qui ouvre à la réflexion et utilise judicieusement l’instinc (assez stéréotypé) des trois races: chat/chien/lapin. Frank Quitely de son côté (le dessin) ose des plans et des séquences qui surprendront le lecteur. Une histoire, donc très originale, éditée par Urban Comics qui continue donc un réel travail éditorial pour séduire son lectorat et en attirer un nouveau.  Du trés bon!

Profitons-en pour rester dans la catégorie Comics avec des animaux de compagnie avec Bêtes de somme t1- Mal de chiens de Evan Dorkin et Jill Thompson aux éditions Delcourt. La dessinatrice Jill Thompson s’était fait remarquer à l’occasion de son récit dans l’univers de Neil Gaiman consacré à Death, la grande soeur de Sandman, puis Délirium Birthday party toujours dans la famille du maître des rêves.

Ce coup-ci, c’est une histoire qui a été consacrée par l’Eisner Awards du meilleur récit, plus grande récompense attribuée aux Etats-Unis, relatant plusieurs petites nouvelles avec pour protagonistes les chiens et un chat d’un quartier résidentiel comme on peut les imaginer comme dans American beauty, Edouard aux mains d’argent ou Desperate housewife … (je vise large aux niveaux des exemples pour que tout le monde puissent s’y retrouver).

Les nouvelles sont fantastiques et parlent de ces croyances aux-quelles les teenages aiment bien croirent pour se faire peur, mais pas trop quand même. Histoires de fantômes, de sorcières, de loups-garous, une bonne partie du panel y passe et cette bande est bien entendu, composée des différentes personnalités qui équilibre ce genre d’équipe: le courageux mais pas téméraire, le rusé, le drôle, le fidèle. C’est une histoire d’amitié, de superstition, d’aventure, tous les ingrédients qui compose un plat que l’on déguste seul ou entre amis.

Bêtes de sommes saura séduire petits et grands par son dessin et par la simplicité de son dépaysement dans du quotidien  d’animaux familiers, on s’amuse à se faire peur et on a peur de ce qui nous amuse, car il faut bien avouer que la plus part d’entre nous ne font pas les fiers au coeur de la de la forêt par une nuit sans lune, et quand il y à une lune, les ombres sont encore plus nombreuses de quoi laissez notre imagination fertile s’emballer encore plus. Donc peut-être vous aussi souhaiterez vous connaître leurs aventures et en savoir un peu plus sur la vie de nos comagnons à quatre pattes dès que nous avons le dos tourné.

Cela pourrait commencer comme une mauvaise blague raciste: Que font un juif, une cambodgienne, un noir (musulman), une parocaine et deux sri-lankais sur le haut d’un immeuble ?… Ma réponse est la suivante: ils font la couverture de Blues du nord, la bande dessinée de Viravong dans la collection KSTR de Casterman et sont les personnages de cette chronique contemporaine « qu’elle est hâchement bien comment qu’elle est bien ancrée dans la France d’aujourd’hui », une histoire de vie de quartier qui pourrait peut-être, être le votre ou celui de quelqu’un que vous connaissez.

Ousmane est venu d’Afrique, comme beaucoup sont venus dans l’espoir de gagner de quoi faire vivre sa famille, il a fait les belles heures de la main d’oeuvre qui ont construit tous ces beaux immeubles, mais maintenant avec l’âge, cela devient plus dure de trouver du travail et les lois répressives ne sont pas là pour lui faciliter son quotidien.

Le mari de Madame Ly à ouvert un restaurant de spécialités Thaïlandaises et Cambodgiennes et maintenant qu’il se retrouve sur un lit d’hôpital atteint d’un cancer, elle est chargée de faire tourner la boutique. Cela fait peut-être 30 ans qu’elle est en France, son quotidien était surtout de s’occuper du bien-être des siens délaissant les rapports sociaux avec les gens extérieurs à son microcosme, seul son petit bonheur d’aller chercher sa petite fille à la sortie de l’école la rapproche de quelques-uns.

Hillel est juif, il est seul et n’a plus de famille résident en France, du coup il doute: doit-il rester dans son pays, ou bien aller en Israël retrouver les siens ? Seul petit réconfort, regarder les cassettes vidéos de la dernière séance qu’il regardait avec son père, mais voilà que son magnétoscope fait des siennes et il est dur de réparer cet appareil quasi préhistorique.

Zaïm, c’est le gars qui a mal tourné, il vient remplacer le chef de gang qui vient de finir en taule, et c’est avec un stock de cannabis qu’il va vendre moins cher qu’il décide d’empiéter sur les plates bandes du quartier voisin ce qui va engendrer des représailles. Son oncle Mr Sivarjee, tient la peite boutique de réparations de matériel audio-vidéo où tout ce beau monde va se retrouver.

Si on ajoute à tout ça le commissariat du coin qui souhaite marquer un grand coup médiatique, cela donne une histoire dynamique, humoristique et ancrée dans notre France d’aujourd’hui. Et pour plagier Q. Tarantino: « Vive la librairie! »

 

qui dit coup de coeur, ne dit pas spécialement facile à conseiller

Lorna, heaven is here, le Brüno nouveau est arrivé!

Je dois dire que je l’envie non seulement d’avoir le droit à une préface de Jean-Pierre Dionnet, mais d’avoir eu la chance de passer un moment avec Mr Cinéma de Quartier à qui on doit notamment de connaître les films de Takeshi Kitano. Et si l’un des pionniers de l’époque de Métal Hurlant se donne la peine de glisser un mot dans l’ouvrage, c’est parce que c’est un hommage à ces films de genre qui ne passent généralement que tard dans la nuit ou dans des cinémas indépendants. Pelle-mêle, on y trouve une actrice porno, des savants fous, des mutants, une géante extra-terrestre, des militaires, un pingouin…

Au programme : de l’aventure, du morbide, du graveleux, de l’humour, des références en veux-tu en voilà… il en a la couleur, cet album est vraiment de l’or en barre !

 » J’arrive Max « , ce petit running gag est le petit détail en plus qui vous fera sourire au fil des pages, cela ne fait que quelques jours à peine que l’album des éditions Treize étrange est sorti, et les personnes que je croise dans la rue ou en faisant mes courses, qui l’ont acheté et lu ne m’en dise que du bien, voire même les incite à relire les albums précédents de l’auteur pour lesquels ils étaient parfois mitigés.

N’attendez plus, vous aussi précipitez-vous sur cet ovni.

De l’humour toujours, de l’humour noir encore, en noir & blanc pour Les aventures extraordinaires de LIO, le bonheur est un céphalopode visqueux qui a déjà obtenu le prix de la meilleure BD de presse, publiée par Hors-collection.

Lio est un petit garçon qui déborde d’imagination, aussi bien pour échapper aux monstres qui se cachent sous son lit que pour se constituer une armée d’adorables petits lapins mécaniques. Il préfère se vautrer dans le canapé et se goinfrer de cochonneries plutôt que de faire ses devoirs, il faut dire qu’il vient de voir les 4 cavaliers  de l’apocalypse passer devant la maison, alors à quoi bon ?!

Mark Tatulli se lâche, pour ceux qui connaissent la bande dessinée Lenore ou encore I luv Halloween, c’est du même mauvais goût dont je suis toujours friand, l’innocence et la perversité de l’enfance dans toute sa splendeur (si si, je vous assure un gamin peut rivaliser avec les maîtres de l’horreur, l’imagination sans fin de ces petits bouts de chou peut être des plus étonnantes).

Lio a même trouver une solution très ingénieuse de se débarrasser de sa petite peste de voisine qui passe tous les jours en vélo devant chez lui en lui tirant la langue.

 

Les éditions Mosquito font partie de cette catégorie de maison d’éditions qui ont choisi de publier des auteurs au graphisme souvent très particulier et la plus part du temps en noir & blanc, dans leurs auteurs phares, on retrouve Toppi, Battaglia, etc. mais dans ces grands noms, un de mes préférés reste Zezelj, et cette fois encore il m’a mis une grande claque dans la g….e !

Industriel est une histoire sans paroles qui parle de classes sociales, de révolte, mais aussi d’amour et de musique. A son habitude, il n’est pas rare d’avoir une grande part onirique dans l’oeuvre de Zezelj, il ne faut donc pas s’étonné d’avoir une baleine volant au-dessus de la ville, ni qu’un personnage soit jûché sur le dos d’un tigre énorme comme sur la couverture ou bien encore qu’un homme joue du piano sur des touches peintes sur le mur.

Quand vous mettez les pieds en librairie, vous devez bien vous rendre compte du grand nombre d’auteurs publiés et de la diversité de talents, mais combien, même parmi les plus doués sont capables de gérer la narration seulement par le dessin, les mouvements comme les moments de contemplations, les idées que l’auteur veut transmettre et la liberté d’interprétation du lecteur… Non seulement Zezelj fait parti de ceux-là mais en plus c’est à l’encre et au pinceau que ce maître s’exprime et il ne faut nullement être un puriste pour pouvoir apprécier son travail, c’est vraiment un réel bonheur de plonger une nouvelle fois dans un de ses récits, à noter qu’il a participé à l’actuel projet de J.P. Dionnet: Des dieux et des hommes (le t3).

Et pour finir en Beauté, mon énorme coup de coeur sera pour Anjin San de George Akiyama aux éditions du Lézard Noir. Pour ceux qui connaissent un peu la maison d’édition, il est vrai qu’ils publient parfois, voire souvent des titres pas très grand public, car assez trash, mais là c’est une oeuvre pleine de tendresse, de poésie et d’humanisme qui s’offre à vous.

Anjin est un petit bonhomme aux allures de poupon ou bien de bonze qui se définit comme quelqu’un de banal et passe son temps à se balader et aller à la rencontre des gens: il vient en aide à une geisha rencontrée dans la rue, attend avec une petite fille le retour de ses parents qui travaillent à l’usine et esquive avec brio les questions de ce jeune homme qui va partager notre moment de lecture et qui souhaite savoir pourquoi Anjin est ce qu’il est et qu’est-ce qu’il recherche, à toutes les questions du jeune homme, Ki-chan, il lui répondra qu’il est banal et qu’il n’y à rien de plus banal que de marcher à travers le pays, sans but précis.

Tous ces petits moments de vies et ces portraits sont des saynètes qui rappellent l’oeuvre d’Osamu Tezuka, par ces regards sur l’humanité, ces moments de vies simples, de petits bonheurs et de relations humaines.

Anjin San a tout pour vous faire passer un agréable moment de lecture, à bon entendeur…

Bonne lecture.

 

Au menu, pastèque, poivre & sel, une tasse de thé et une petite ballade digestive

Il fait l’unanimité pour nous trois, non pas que nous désespérions, mais voici enfin l’album de la collection 7 de chez Delcourt, 2° saison, qui nous satisfait: 7 détectives de Hérik Hanna et Eric Canete. Voici un album très beau graphiquement, qui dénote des standards habituels mais qui saura séduire un très large public et, comme tous les albums de la collection, rend un hommage à un genre narratif en en respectant  ses codes.

7 détectives, une histoire policière donc, où vous pourrez vous amuser à y rechercher ne serait-ce que les détectives auxquels les auteurs font référence, un soupçon so-british, mais également une touche amerloque, un brin de franchouillardise et une larme de rigueur helvète. Ce sont tous des personnages qui vous rappelleront des classiques littéraires, concernant les meurtres, que ce soit les victimes, les modes opératoires, la façon d’élucider l’affaire ou de démasquer le(s) meurtrier(s), vous vous y amuserez autant que si vous jouiez une partie de Cluedo.

Vos 7 personnages sont magistralement introduits l’un après l’autre, dès le début de l’album, sur une pleine page, donnant l’ambiance du cadre et de la personnalité de chacun. Tous les 7 viennent d’être requis de par leur présence, en la demeure de Ernest Patisson. Le Capitaine MacGill, accompagné du Lieutenant Ocklay va leur présenter l’affaire peu orthodoxe qui les réunit, car si ce n’est l’impasse dans laquelle la police s’enlise, il n’en demeure pas moins que tous figuraient sur la liste laissée sur les lieux du crime par l’assassin lui-même : défi ou manipulation, les talents de chacun vont devoir être à la hauteur car d’autres victimes suivent et le mystère s’épaissit.

Vous êtes aussi mis à contribution, si vous le souhaitez bien évidement. Saurez-vous déjouer les embûches et autres traquenards tendus pour rendre l’enquête plus complexe encore ? Un indice tout de même, si vous connaissez vos classiques, Agatha Christie, Conan Doyle… (je tais les autres noms pour ne pas trop vous aider) cela vous aidera grandement dans votre enquête, détectivement-vôtre.

« Changement de rythme, changement de style », comme dirait l’autre, Les derniers corsaires de Jocelyn Houde et Marc Richard aux éditions de La (Paf)Pastèque.

Une histoire de sous-mariniers, et pour une des rares fois, pas des allemands, pas une histoire fantastique avec des phénomènes paranormaux… Non, une histoire qui se déroule pendant la Seconde Guerre Mondiale et qui s’intéresse en particulier à Walter Woolf, disparu en 1945. Qu’a donc de singulier ce second qui a attiré l’attention des auteurs : un petit dossier complémentaire à la fin de l’album répondra à vos questions; mais déjà ce qui est intéressant dans ce récit, c’est le microcosme des sous-mariniers ainsi que notre personnage principal, ambitieux, il ne rêve que du jour où il se verra confier le capitanât d’un sous-marin. Seulement cet homme a beau se targuer d’une expérience de navigation, il n’en reste pas moins un homme qui se trompe régulièrement, sur des prises de décisions mais également sur les valeurs humaines. Là où il voit de la chance, il faut en réalité voir une forte expérience et une solide connaissance des deux capitaines dont il était le second, et lorsque le premier d’entre-eux endosse l’une de ses erreurs qui a coûté le navire, rien que ça, il n’y voit que de l’orgueil mal placé.

Tout comme Immergés de Junker chez Glénat, Les derniers corsaires est un récit humain et historique qui comblera les spécialistes et les novices de ce genre d’aventure.

Je ne souhaite rien dévoiler du complément situé à la fin de l’album, mais sachez que le contenu en aurait été censuré, non on sait bien que la censure n’existe pas cela a juste été retiré d’internet dans les jours qui ont suivi sa mise en ligne, ce qui j’espère vous rendra un peu plus curieux de son contenu.

Un peu plus de légèreté et de rêverie en lisant le premier tome de En attendant l’aube, les lumières de la ville aux éditions Poivre & Sel (Massala) de Frederic Chabaud et Julien Monier.

Tom habite en ville, il est étudiant le jour et rêveur la nuit, enfin ses nuits d’insomnie il contemple la vie nocturne qui s’offre à lui depuis la fenêtre de sa chambre, son imagination prend ses aises lorsque son voisin, régulier comme un pendule, s’adonne à ses exercices, il l’imagine tel Batman se préparant avant une virée nocturne. Cette mystérieuse fille aperçue sur les toits, est-ce une vision ? Est-elle réelle ?

Son grand-père déjà lui avait donné le goût de l’errance de l’imaginaire, en observant l’âtre de la cheminée, où chaque braise brille telle une lumière de la ville dans la nuit, révélant des formes insoupçonnées, les enfants se prêtent facilement à ce petit jeu, tout comme leur goût de l’aventure les entraînent parfois à prendre des risques insensés. Ce sont ces souvenirs qui vont le pousser à monter sur les toits, à la rencontre de ces originaux qui prennent possession des lieux : cet homme qui renomme les étoiles nuit après nuit- « Sibyline de mai, cela a quand même plus de panache que ces andouilles qui l’ont nommé Pulsar m13 », cette femme que l’on appelle la dame en rouge et qui promène chaque nuit ses chats qui portent tous le nom d’un révolutionnaire…

Laissez-vous aller à cette errance nocturne, la poésie ne s’étendant pas seulement à l’histoire mais également au dessin, du soleil qui se couche sur la ville aux ambiances intérieur/extérieur, l’auteur qui joue avec la matière (je ne sais pas si c’est de la carte à gratter) donne une réelle atmosphère à son album.

Du vent sous les pieds emporte mes pas, de Frédéric Castadot et Gaëtan Brynaert dans la collection Quadrants.

Une sympathique histoire qui commence à la campagne avec un navire échoué au milieu d’un champ et qui se termine… vous ne pensiez tout de même pas que j’allais vous spoiler ce récit ? Léon est un petit garçon comme les autres, du moins de ceux qui n’aiment pas l’école et préfère battre la campagne avec son ami Fernand et c’est au cours de l’une de leurs escapades qu’il va tomber nez à nez avec ce bateau posé au milieu d’un champ près d’une rivière. La curiosité l’emportant, il s’hasarde à l’intérieur et va découvrir les tableaux du propriétaire plutôt bourru, mais qui vont lui chambouler l’esprit.

A leur âge, les filles aussi vous font tourner la tête et Clémence a les faveurs des deux jeunes gens, ce qui n’aidera pas Léon lorsqu’un drame bousculera son microcosme. Voici une partie des éléments, épars, qui vous donne le début de cette histoire, de cette quête initiatique de la vie de ce jeune garçon qui connaîtra plus tard les horreurs de la première guerre mondiale avant de passer par Bruxelles et pour plus tard… (deuxième frayeur ???)

A noter un clin d’oeil à René Follet qui nous fait bien plaisirs au chevelu et à moi-même.

Bonne lecture à tous.

 

 

 

 

 

un peu de sciences, un soupçon de sciences occultes et une larme de frissons.

Lorsque un auteur se met à écrire l’histoire d’un tueur en série, on peut douter de sa moralité, s’agit-il d’une apologie du « travail » de celui-ci, le désir de dénoncer ses actes ou encore une étude comportementale ? En l’occurence, pour Jeff Jensen, il a écrit l’histoire de Gary Leon Ridgway, le tueur de la Green River pour rendre un hommage à son père qui n’est autre que l’enquêteur qui a passé plus de vingt années de sa vie à la recherche du plus grand tueur en série que les états-unis ont pû connaître.

Tom Jensen est un homme qui tenait surtout à avoir une vie simple et sans trop de surprises et lorsque s’est présentée l’opportunité de reprendre cette enquête, il pensait que cela ne lui prendrait pas très longtemps vu le nombre d’enquêteurs et de moyens qui avaient déjà été déployés auparavant, seulement les victimes vont se succéder et ce, malgré l’aide de Ted Bundy qui participera aux réflexions et tentatives de pièges tendus au meurtrier.

L’enquête a duré tellement longtemps que les technologies ont évolué et c’est avec d’anciennes preuves qu’une analyse ADN a permis de trouver enfin une piste: Gary Leon Ridgway. Le nombre de victimes qui lui ont été attribuées s’élève à 49, mais cet homme a échappé à la chaise électrique en affirmant être l’auteur d’au moins 21 autres victimes. Dès lors, dans le plus grand secret, il a été entendu et amené sur les lieux supposés, pour mettre à jour les corps des disparues afin de prévenir les familles des victimes.

Tout cette histoire est illustrée par Jonathan Case et bénéficie d’une introduction de Stéphane Bourgoin, spécialiste des serial killers, cette préface complète certains éléments de l’enquête et vous en apprend un peu plus sur les statistiques des prolfils des tueurs et de leurs victimes. Ankama éd°.

Si la science ( et l’abnégation des enquêteurs ) a permis d’arrêter cet individu, elle est parfois sujette à controverse, du genre: la théorie de l’évolution, le réchauffement climatique, l’homéopathie, l’homme a-t’il marché sur la lune…

C’est dans un soucis de clouer le bec aux détracteurs que Darryl Cunnigham aborde 7 de ces sujets qui ont parfois eu plus de retentissements dans les pays anglo-saxons. Et même si l’auteur a des arguments pour étayer ses dires, il vous donne toutes les clés de recherche pour que vous puissiez vous faire votre propre opinion, que ce soit les noms des personnes concernées mais également les parutions spécialisées ou médiatisations auprès du grand public. Après Fables scientifiques, les éditions Cà et là publieront du même auteur Fables psychiatriques, Darryl Cunnigham ayant été aide-soignant dans ce domaine, album prévu pour 2013.

J’ai déjà abordé la science, et parlé du frisson, voici l’occasion de passer un cran au-dessus avec L’affaire Charles Dexter Ward, une nouvelle de Lovecraft mise en images par I.N.J. Culbard, l’auteur étant déjà publié par les éditions Akiléos pour des adaptations de Sherlock Holmes.

Tout comme E.A. Poe, Lovecraft était un spécialiste de ces textes capables de faire parcourir le corps et l’esprit de leurs contemporains de doutes et de frissons, et si encore aujourd’hui il inspire des films, des jeux de rôles et informatiques ou encore des auteurs comme Mike Mignolia, c’est qu’il arrive encore maintenant à destabiliser ses lecteurs. Dans L’affaire Dexter Ward, on s’intéresse à l’extraordinaire évasion de ce jeune homme, pensionnaire d’une maison de repos, pour ne pas dire asile de fous, et l’interrogatoire qui s’en suit de son médecin traitant. Le jeune homme a délaissé ses études suite à une découverte dans les archives de sa famille où l’on a tenté de faire disparaître la trace de l’un de ses aïeuls. Celui-ci véhiculait toutes sortes de rumeurs de sorcleries et autres mystères occultes et une très étrange longévité. Voici les ingrédients de cette nouvelle où vous ne manquerez pas de croiser des créatures propres à l’univers de Lovecraft. Pour tous-ceux qui souhaiteraient un album à la hauteur de l’écriture du maître, parmis toutes les adaptations, je ne saurais que trop vous conseiller Les mythes de Cthulhu par Breccia aux éditions Rackham.

And the last one, ne dit-on pas que l’on garde le meilleur pour la fin, Crime SuspenStories, chez Akileos également, l’éditeur nous propose un nouvel album qui met en avant des auteurs du patrimoine mondial de la Bande Dessinée. FrontLine Combat et Blazing Combat s’attardait sur les récits de guerre et d’aviations, dans cet opus c’est un florilège de récits des années 50′ qui sont regroupés.

Parmis les grands noms que vous retrouvez, vous avez: Frazetta, Wally Wood, Harvey Kurtzman, Jack Davis, Al Williamson… c’est bien logique si un grand nombre du grand public ignore leur noms, mais leur travail y est pour beaucoup pour ce qu’est devenue la Bande Dessinée aujourd’hui.

Ce n’est pas moins de 28 histoires que vous pouvez lire, des récits courts dans la même veine que les Alfred Hitchcock présente, où intrigue policière conjuge suspens et bizzarerie afin que les personnages perdent toute contenance devant les évènements.

C’est le genre d’ouvrage que je conseille à tous ceux qui aiment se faire des petites frayeurs, à lire le soir, seul, pendant que le vent fait bruisser les branches des arbres deriière la fenêtreet que les volêts grincent de façon lancinante, et soudain le silence vous fait sursauter car il vous parait tout à fait inhabituel. De belles soirées en perspective, bonne lecture.

 

 

Practissimo, moderato, furioso

Veuillez m’excuser, je ne parle ni italien ni le langage musical, mais le côté rythmé et chantant de ce vocabulaire fonctionne plutôt bien à mes oreilles. Lorenzo Chiavini est à l’honneur aujourd’hui avec son Furioso aux éditions Futuropolis, rien à voir avec la musique, c’est un récit historique qui nous montre que si toutes les religions ont à la base un discours de paix et d’amour fraternel, l’histoire de notre civilisation nous a maintes fois prouvé que l’on s’en est servit pour mettre sur la g****e de nos voisins.

Il n’y a pas si longtemps, je lisais que les chrétiens avait un dieu unique, les musulmans le seul et unique dieu, les juifs pour leur part ont l’être suprême etc.  Furioso est l’histoire de deux hommes au cours des guerres de religions ont tout deux été désignés par Dieu, pour mener leur peuple à la victoire en son nom (cela me rappelle l’épisode des Simpsons revisitant l’histoire de Jeanne d’Arc, interprétée par Lisa, où Dieu désigne un champion dans chaque camp).

Côté chrétien, c’est au cours d’une célébration où les pélerins se rendent en nombre, que la lance qui perça les flancs du Christ, va désigner celui qui mènera les chevaliers à la victoire et c’est sur un tueur de rats que la destinée s’abat et se n’est rien de le dire vu que le représentant de l’ordre divin lâche la lance du haut des ranparts sur la foule, celui qui se fait transpercer a gagné.

En face, le champion n’est autre qu’un guerrier qui un jour où la défaire était inévitable, a remis son destin entre les mains d’Allah en retirant son heaume et jamais ne le remis tout au long de ses multiples batailles et ne fût jamais vaincu.

Tout l’intérêt de cet album réside dans l’utilisation de ce que chacun des camps va se servir de ces symbôles pour galvaniser les foules et surtout les soldats pris depuis si longtemps dans ces guerres incessantes, de la façon dont chacun de ces deux hommes va endosser cette responsabilité et de leurs aspirations et destinée. Le tout illustré sobrement, avec brio, qui nous plonge dans une très belle histoire médiévale.

Changement de style et de sujet, je ne vais pas vous faire croire que si vous avez aimé les ignorants de Davodeau, ce livre est fait pour vous, mais c’est bien Etienne qui a mis un petit mot sur le bandeau qui entoure l’album La bouille de Troubs, chez Rackham éditions.

Si le vin peut agrémenter votre repas, un petit verre d’eau de vie peut très bien vous aider à le finir en beauté, attention toutefois à ne pas en abuser sinon c’est vous qui serez propre. La bouille, c’est l’histoire d’un métier qui est très certainement voué à disparaître, les bouilleurs de cru, ces hommes qui vont aller de ferme en ferme avec leur matériel à distiller pour préparer l’eau de vie dans le Périgord, et comme les récoltes n’attendent pas, leur labeur est exécuté sur des périodes très courtes pendant des journées très longues, Troubs fait d’ailleurs remarquer que cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas vu autant de fois le soleil se lever. C’est entre la Charent et la Dordogne du 28 septembre 1999 au 31 mai 2000 que l’auteur a accompagné Alain, à la rencontre de ce microcosme, de ces rapports entre les hommes réunis autour du labeur, réunis car pour certains trop âgés, ils ne font plus que actes de présence et surtout de goûteurs. Cet album est convivial, initiatique et nostalgique à la fois, par nostalgie j’entends le témoignage d’une part de notre patrimoine qui s’éteint mais aussi pour ceux qui comme moi enfant ont eu la « chance » d’avoir un grand-père qui faisait son eau de vie et son cidre (celui qui colle quelqu’un de non initié aux toilettes pendant les jours qui suivent une descente de quelques verres) à la maison.

Un très bel hommage donc, merci à Troubs pour ce récit.

Et pour finir deux titres chez deux petits éditeurs indépendants, un premier album pour Antoine Crampé, DismemberLand dans la collection Trublion des éditions Ange et Le recueil Turkey Comix 10 ans d’âge des éditions Hoochie Coochie, un florilège des publications de ce magazine.

Les éditions Hoochie Coochie s’étaient fait connaître avec JamesTown, de Christophe hittinger et c’est par le biais du dépôt-vente qui nécessite un gros travail d’investissement et de démarche de la maison d’édition pour que les libraires les aident à se faire connaître. Voilà que maintenant ils bénéficient d’un moyen de distribution plus aisé pour être disponibles en librairie et c’est tant mieux car dans une revue comme Turkey Comix, vous allez pouvoir découvrir plein de talentueux auteurs et toute une diversité de styles différents.

Du noir & blanc à la couleur, du découpage classique à l’essai graphique, ce genre de collectif vous permet de jongler avec le genre narratif, du déglutage du Marouâl à l’initiation à la gravure, il y en a pour tous les goûts et pour tous ceux qui achèteront l’album, la satisfaction, d’aider « des p’tits gars qui n’en veulent faire de la BD », est offerte.

Fans de Death Metal et de petite boutique des horreurs réjouissez-vous, DismemberLand est arrivé près de chez-vous!

Mia vit à Stockholm avec sa soeur, elle fait partie d’un groupe de musique capable de remplir une salle (qui arrive à contenir au moins cinq personnes), elle aime zôner et boire des bières mais pour le coup son lendemain de cuite est plutôt dure à avaler, faut dire que c’est toujours un peu le cas les lendemains de cuite, mais alors qu’elle sort les poubelles, v’là ti pas qu’un zombie lui tombe sur le râble et ô stupeur 95% de la population suèdoise a muté et on peut pas vraiment dire que se soit en mieux.

Un père qui s’est évadé de l’asile, une grand-mère complètement allumée et une secte qui souhaite la fin du monde, voici le microcosme de la jeune Mia.

Antoine Crampé nous propose un joyeux délire morbide et déjanté à souhait, un réel dépaysement comme des films, tel Shawn of the dead, ont pû nous offrir, et si vous vous demandez comment une telle épidémie peut se cantonner aux frontières d’un pays, on s’en fout, c’est pour l’histoire et puis c’est tout, d’ailleurs on a bien essayé de nous faire croire que le nuage radioactif de Tchernobil s’était arrêté à nos frontières et certains y ont crû.

Il me reste une petite question à poser à Antoine: Timtim au pays des bikers? est-ce bien qui je pense? Ainsi que le gros barbu crâne rasé, blouson de cuir et pantalon treillis qui boit de la bière, est-ce bien l’autre?

 

 

je mapel silence é je sui genti.

Une remise en avant pour ma pomme, le judicieux choix des éditions Casterman, celui de remettre en avant le travail de l’un de mes « dieux » en B.D. : COMES (Dieter Hermann de son prénom). Pourquoi un tel enthousiasme pour cet auteur, déjà ne serait-ce que pour cette phrase que je me suis permis de reprendre pour le titre de mon article, issue de Silence, cet album qui revient assurément dans toute sélection de bédéthèque idéale. Mais également pour tout le travail de cet auteur que j’ai lu et relu un incroyable nombre de fois depuis mon enfance au travers de feu (A SUIVRE), l’ancien magazine de Casterman qui n’a malheureusement jamais connu d’équivalent à mes yeux.

COMES est un auteur polyvalent, mais l’univers de la BD le connait surtout pour ses récits qui se situent dans la France profonde comme Silence. Ce récit commence avec cette présentation touchante: « je mapel silence é je sui genti ». C’est l’histoire de ce jeune homme, sourd et muet, le fermier qui le loge, Abel Mauvy, le rend corvéable à merci en le louant dans les fermes environnantes ce qui lui permet également de garder Silence dans son état de « simplet » en l’abrutissant de travail. Mais Silence est également un jeune homme contemplatif et proche de la nature, surtout des serpents à la grande frayeur de son entourage.

Nous sommes dans une époque où l’on croit encore à la sorcellerie et Abel en est sûr, quelqu’un lui veut du mal, et cet homme rustre voit juste, la sorcière, celle qui vit dans la forêt, a non seulement un compte à règler avec lui, mais elle souhaite également sortir Silence de son état végétatif.

Ce polar en noir & blanc, qui se termine magistralement sous la neige (d’où l’importance de ne pas passer cet album en couleur, comme Casterman l’a fait un temps), nous propose un panel de personnages ô combien charismatiques.

Deux albums sont réimprimés par la même occasion, La belette, un autre récit qui se situe dans nos campagnes profondes, et L’ombre du corbeau, l’histoire d’un soldat au cours de la première guerre mondiale, qui au coeur des tranchées, va tomber sur une maison, miraculeusement épargnée par les bombes alors que tout est dévasté alentours, des allures de « bienvenue dans la quatrième dimension ».

 Du coup laissez-moi espèrer que les éditions du même nom seront amenées à rééditer les aventures de Ergun l’errant, sa série (très courte) de sciences-fiction, un de ses rares travaux en couleurs, véritable dépaysement avec son univers très riche. Dans le premier tome, Ergun attérit sur une planète régit par un système féodal où hommes papillons et femmes fleurs (un petit rappel de comment on fait les bébés), subissent la tyranie d’un maître affublé d’un nain-sorcier, Ergun sera l’objet d’un tiraillement amoureux et du désir de reprendre sa route à travers les méandre de l’univers infini.

Et pour finir avec COMES, je ne saurais que trop vous conseiller Eva, un récit digne de Psychose de HITCHCOCK, où l’on voit une jeune femme tomber en panne d’essence et trouver refuge dans une maison isolée où demeurent un frère et sa soeur paralysée. un huis-clos destabilisant manipulant aussi bien notre héroïne que le lecteur.

Tous ces récits datent quelque peu mais restent néanmoins des chefs-d’oeuvres à mes yeux.

Deux autres sorties intéressantes, l’adaptation d’un des tout premiers romans de Edgar Rice BURROUGHS, le créateur de Tarzan, adapté par Roger Langridge et Filipe Andrade et publié en France par les éditions Panini.

C’est un one-shot, et soyez magnanime, il date quand même du début du vingtième siècle, une belle histoire de princesse qu’un humain, propulsé à l’autre bout de notre système solaire va vouloir délivrer.

C’est avec un trait assez atypique, avec des muscles saillants, des corps étirés, un bestiaire assez étoffé et des ambiances graphiques qui tentent de montrer le dépaysement martien, que Les aventures de John Carter prennent formes sous nos yeux.

Un humain qui tentait d’échapper à ses poursuivants sur notre bonne vieille planète, perd connaissance au mileu du désert pour reprendre ses esprits aux mains de créatures étranges qui l’intérrogent sur sa provenance et ses motivations. D’abord décontenancé (qui ne le serait pas), ses prouesses physiques vont lui permettrent de gagner une certaine considération de ses geoliers, et l’arrivée d’une belle princesse aux traits similaires aux siens vont le pousser à la révolte.

On y retrouve bien des points abordés dans ses oeuvres suivantes et surtout une forte insistance sur la gente simiesque, les rapports de force, l’exclusion et la méfiance. Un siècle d’écriture et autres médias plus tard, nous sommes rôdés en ce qui concerne la SF, mais aujourd’hui on joue plus avec la surenchère d’effets extraordinaires tandis que ces auteurs ne jouaient que sur la force de leur écriture et bien souvent contraint au format de « nouvelles », maintenant on vous pond des séries à rallonge qui bien souvent se complexifient au point de perdre en efficacité (attention, je n’essaie pas de vous dire une vérité, il y a bien des exceptions à mes propos).

Du coup voici un classique du genre qui permet un léger dépaysement momentané mais fort agréable.

Pour mon dernier coup de coeur, au moment où j’écris ces lignes, je suis dégoûté de découvrir que moins d’une semaine après sa sortie, l’ouvrage est déjà en rupture chez le fournisseur, tant mieux pour l’éditeur et l’auteur ainsi que ceux qui auront pu se le procurer au cours de la semaine écoulée, mais qu’elle frustration, entre le moment où j’ai commencé à écrire cet article et celui où je vais le mettre en ligne, je risque de ne pas pouvoir le présenter en magasin avant un moment. Mais si vous pouvez le trouver dans une autre librairie, autant en faire la promo quand même.

A nous deux, Paris! de J.P. NISHI aux éditions Picquier. Cet éditeur est une très bonne référence si vous souhaitez vous tournez notament vers la culture asiatique en générale et japonaise en particulier.

Mr NISHI est un jeune mangaka qui a eu l’opportunité de satisfaire son désir de venir en France à quelques reprises et c’est avec beaucoup d’humour et un ton très juste qu’il nous fait partager ses expériences. Cette succession de petits chapitres divers et variés abordent aussi bien sa découverte des soldes que les échanges avec ses rencontres, la difficulté pour un japonais de savoir s’adresser à la gente féminine par le biais de « Madame » ou « Mademoiselle » ou encore le choc de découvrir (c’est le cas de le dire) que les français peuvent dormir nu sans problème de pudeur.

Il se permet même de faire la morale à l’un de ces amoureux de la culture nippone, qui à ses yeux idéalisent trop son pays et sa culture, lui bien au contraire apprécie notre contrée tant pour ses qualités que par ses défauts.

Une version japonaise de Tokyo Sanpo et Manabé Shima de Florent CHAVOUET, parus chez le même éditeur, mais avec un traitement graphique complètement différent. Il existe également un ouvrage d’une japonaise vivant en Italie qui comparait les incongruités qui diffèrent entre nos cultures, j’avoue ne pas retrouver la référence au moment où j’écris cet article, et un petit rappel pour Tonoharu de Lars MARTINSON, au lézard noir, sur l’expérience d’un américain, assistant scolaire au Japon, une fiction inspirée de sa très longue expérience au pays du soleil levant.

Voilà, c’est tout pour cette fois! Librairement vôtre, le grand libraire.

 

le manga: ce n’est pas "que" pour les enfants!

Comme vous aurez pu le constater, nous essayons d’avoir une certaine régularité dans nos chroniques, je dis bien « essayons », le but étant toujours de mettre en avant une petite sélection dans le flot incessant de nouveautés auquel nous sommes confrontés, soit pour vous tenir informés des titres que vous pourriez attendre, soit pour vous faire découvrir des albums ou des genres que vous pourriez ignorer.

Cela fait déjà bien longtemps que je ne relève même plus le nombre de fois où j’ai pu entendre que la bande dessinée n’apportait rien en terme de lecture (sans commentaires). Eh bien figurez-vous qu’une bonne partie du lectorat de bandes-dessinées porte le même jugement sur les comics et les mangas, je ne vais pas pour le coup vous faire un long discours sur le sujet, juste une petite sélection sur la diversité proposée, en l’occurence cette fois-ci, j’ai choisi le manga.

Commençons par du facile, avec le deuxième tome des rééditions de Au temps de botchan de Jiro Taniguchi et Natsuo Sekikawa.

C’était les éditions du Seuil qui nous avaient proposé la première publication de ces cinq volumes et pour le coup, cette fois c’est Casterman qui s’y colle.

Pour ceux qui ne connaissent pas Botchan, c’est le roman de Natsume Soseki, un des plus grands écrivains du patrimoine littéraire japonais, et Botchan est un symbole d’une période de grandes transformations culturelles et sociales au Japon qui s’ouvre à l’occident. L’auteur nous dépeint le portrait d’un jeune poète qui a réellement existé et qui l’a inspiré pour symboliser cette époque.

La bande dessinée ne s’arrête pas là, si les premier et dernier tomes s’attardent plus sur Soseki, le deuxième s’intéresse plus sur le fameux regard extérieur et le choc culturel orient-occident, le troisième sur le jeune poète et le quatrième sur la deuxième tentative de percée du socialisme au pays du soleil levant.

Vous avez également tout au long de l’oeuvre l’opportunité de croiser un grand nombre de figures emblématiques de la littérature japonaise, ce qui vous permet d’en apprendre beaucoup sur une culture qui a pris beaucoup d’empleur et une place conséquente d’un point de vue mondial mais qui reste stéréotypée dans l’image véhiculée par chez nous.

L’approche graphique de Taniguchi en fait encore une fois, une oeuvre très agréable à lire et à relire.

Voilà pour le côté « grand-public », « et maintenant quelque chose de complètement différent » (une accolade chaleureuse offerte à celle ou celui capable de me dire d’où je sors une expression pareille).

Cela ne faisait que cinq petites années que ceux qui suivent la série l’attendaient en publication française, voici venu le vingtième tome de Coq de Combat de Akio Tanaka, chez Delcourt. Et pour l’occasion, l’éditeur réédite enfin la série avec les deux premiers tomes à l’occasion de la nouveauté.

Ce manga est destiné à un public averti (voilà, c’est fait !), effectivement il est légèrement, voire franchement violent, mais il n’est vraiment pas dénué d’intérêt. Le saviez-vous, au Japon, on ne montre jamais d’images d’un tueur dans les médias, et bien l jeune Ryô Narushima déroge à cette règle. Il vient d’un milieu aisé, fréquente la plus haute école de son pays et peut prétendre à de belles opportunités de carrière, seulement cet adolescent vient de tuer sauvagement ses parents à coups de couteaux . Il va donc être conduit en centre de correction pour mineurs, et si sa majorité lui permettra de reprendre sa liberté, les deux années à venir lui promettent deux années d’enfer.

Entre les brimades de ses petits camarades et son statut très particulier qui lui donne droit à une considération très singulière du personnel encadrant, comment ce jeune homme chétif va-t-il bien pouvoir surmonter cette terrible épreuve ?

C’est le directeur qui va l’aider, alors que son intention était toute autre, en le mettant entre les mains d’un détenu adulte qui vient régulièrement donner des cours de karaté aux adolescents. Il va leur enseigner le perfectionnement du geste, du corps, de la volonté… ce qui va changer la donne pour Ryô et l’amènera par la suite à voyager et connaître l’univers des combats clandestins. Comme dans FightClub, il ne faut pas y voir l’apologie de la violence (c’est bien plus profond, tu comprends !?).

Un bel exemple de diversité, un seul auteur, une seule thèmatique, deux approches pour Masakazu Katsura d’histoires de héros bien kitchouille ou bien sombre. Wingman Vs Zetman.

Les éditions Tonkam font paraître à l’occasion de la sortie du tome 16 de Zetman, la première série de l’auteur qui date de 1983, tout l’intérêt se trouve dans le fait que l’un des personnages de Zetman s’inspire de Wingman pour devenir le sauveur de l’humanité (S’il y avait eu plus d’images et de petites culottes dans la Bible, il aurait peut-être priviligiée celle-ci?).

Wingman, c’est le nom du personnage que s’est inventé Kento Hirono, jeune collégien qui joue les héros en culottes-courtes (décidément, on y revient), mais de simple trublion de classe, la rencontre avec cette princesse, Aoi, d’une autre dimension et surtout de son cahier des rêves, le voilà propulsé héros en herbe.

Le-dit cahier a ceci de particulier, que ce que l’on y note devient réalité, du coup un rapide croquis permet à Kento de revêtir sa panoplie, seulement petit oubli de sa part, il faut également préciser les pouvoirs que l’on souhaite avoir sinon on est juste bon pour défiler au prochain carnaval. C’est donc un douloureux apprentissage pour notre jeune héros et les situations compromettantes dans les bras de la princesse ne vont pas faciliter sa relation avec Miku, une camarade de classe qui semble avoir le beguin pour lui.

 En ce qui concerne Zetman, ce n’est plus le même public, combats, monstres, moralités douteuses (tout pour me plaire), voici la version adulte du jeune personnage qui se voit la possibilité de devenir héros. La façon de traiter le thème également, d’un côté le personnage principal, Jin, a grandi dans la rue et son grand coeur le pousse à parfois jouer les justiciers et parfois de façons très spectaculaires. Mais si « Papy », l’homme qui s’occupe de lui tente de le dissuader de se faire remarquer, c’est parce que Jin est lié à l’apparition de ces « Players », des humains qui se transforment en monstres ? ou bien des monstres qui se cachent parmi les humains ? Leurs aggressions sont le moteur déclencheur pour le fils d’une richissime famille, inspiré par son héros d’enfance « Wingman », de consacrer l’argent et les ressources nécessaires pour faire fabriquer une armure dotée de pouvoirs extraordinaires. Et s’il a réfléchi aux problèmes que le Wingman d’origine avait pu avoir, il est confronté au même problème: ce n’est pas aussi facile que cela en a l’air. Deux personnages donc, qui vont devoir choisir un destin contraint ou volontaire, le tout sous couvert d’intrigues et de rebondissements.

And the last one: Fraction de Shintaro Kago chez Imho. C’est du Ero-Guro, entendez par là qu’il est rangé au fond de la librairie au rayon indépendant car cela n’est vraiment pas pour les enfants ! Quatre récits qui peuvent choquer tant visuellement que narrativement, on y voit des tripes, de la violence, du sexe mais ce n’est pas spécialement pour cela que je vous en parle. La première histoire, Fraction -qui donne son titre à l’album- est un petit chef-d’oeuvre de récit.

Deux histoires se chevauchent, celle d’un tueur en série, jeune homme que l’on découvre comme serveur dans un petit resto, et celle d’un auteur de manga, spécialiste du genre que vous tenez entre les mains, qui tente de persuader son éditrice d’accepter sa décision de changement de style. Le premier s’applique à sa tâche, mais va voir un copieur bousculer sa méticulosité. Le deuxième se sert des faits-divers et de la littérature de genre pour commencer à imager ses propos et destabiliser son lecteur, car la narration imagée implique l’on peut jouer avec le texte mais également avec les plans de construction. Tout un programme.

Bon dieu que cela fait du bien de se faire avoir par un narrateur aussi doué, en tout cas sur une bonne partie de l’histoire, je reconnais mettre fait avoir, par contre je n’ai guère apprécié son dénouement final ou alors, après réflexion, peut-être joue-t-il encore avec le lecteur.

Voici mon petit tour de la diversité nippone touchant à sa fin, je vous rappelle que rien de tout ceci n’est à prendre au sérieux et que je pense que l’on vous avait déjà démontré (humblement) toute la diversité que nous offre la Bande Dessinée quelle qu’elle soit.

 

Un peu de sobriété

Je vous aurais volontier présenté 3 mangas:

1-Red Eyes t12, que j’ai dévoré en un rien de temps, mais malheureusement l’éditeur ne réimprimant pas les tomes 8 & 9, j’ai retiré la série des rayons car même dans le réseau d’occasions, cela m’étonnerait fort que vous puissiez mettre la main dessus et pourtant, avec un personnage que l’on appelle « Génocide », un beau poème s’offrait à vous.

2-Rainbow t21, seulement je n’ai toujours pas réussi à convaincre mes 2 zigottos de camarades à placer la série dans nos rayons, à croire que l’histoire de pauvres orphelins dans le Japon de l’après guerre ne les émeut pas, « sans-coeur » va.

3-The Arms Peddler t2, mais celui-ci je lui ai déjà consacré un article il y a peu à l’occasion de la sortie du tome 1.

Tous trois ont l’avantage de faire partie de mes lectures de chevet et de m’apporter grande satisfaction, tant graphique que narrative. Non pour l’heure, mon article portera sur trois récits qui ont suscité tout mon intérêt, deux d’entre-eux plutôt historiques, ce qui n’est pas toujours ma tasse de thé, l’autre tout simplement parce que c’est le tout nouveau Schuiten, et ô combien j’aime son travail.

Ce nouvel album est un récit complet et l’on y retrouve le même genre de récit que l’on est habitué à lire dans la série Les Cités Obscures, bien que celui-ci n’en fasse pas partie: La douce (12). Ed° Casterman.

Comme à chaque fois, le dessin  de François Schuiten témoigne d’un amour pour son sujet, en l’occurence une locomotive qui appartient au patrimoine historique des chemins de fer Belge, mais également pour son personnage principal, un cheminot qui a consacré sa vie pour sa belle : la Type 12.

Nous sommes à un moment crucial de leur avenir à tous deux, le pays a besoin de métaux afin de reconstruire le pays.

Le public soucieux de sa sécurité et de la prestation que l’on peut lui proposer commence à être séduit par ce nouveau transport: le Téléphérique. Et face à la baisse de travail, certains quittent la « famille » du rail pour ces nouveaux postes bien moins fatigants.

Léon Van Bel est le genre d’homme simple, le travail doit être bien fait, la locomotive doit être nickel, les hommes doivent être droits. Et c’est une rencontre avec cette jeune femme qui chaparde des pièces de métal qui vont l’amener à se dépasser et à se donner à cette Folie Douce. François nous offre du rêve dans une chronique humaine et sociale.

Un nouveau petit bijou pour les éditions Les Arènes avec La Pieuvre -14 ans de lutte contre la Mafia– de Manfredi Giffone, Fabrizio Longo et Alessandro Parodi. De la fin des années 70′ aux débuts des 90′, voici l’histoire de la mafia Sicilienne, de celle où les familles se déchirent, où les juges sont assassinés et le pays tremble face au pouvoir tentaculaire de l’organisation.

L’album relate toute une succession de faits déterminants dans l’histoire italienne et joue sur les effets narratifs.

Ils utilisent tout un bestiaire animalier pour tirer les portraits des protagonistes.

Le narrateur, Mimmo Cuticchio est un professionnel du théâtre historique Italien et joue du côté traditionnel du théâtre populaire pour nous amener l’histoire, pour sensibiliser les adultes sans pour autant effrayer les plus jeunes.

Le trombinoscope rajouté en fin d’album vous complète les informations d’une bonne partie des personnages que l’on croise au court du récit, ce qui en fait un réel objet d’investigations.

 

Parmi les films qui m’ont marqué enfant, il y avait Sacco & Vanzetti de Giulano Montaldo (1971) avec la fameuse interprétation de la musique du film par Joan Baez écrite par Ennio Moricone. Du coup, j’ai toujours été curieux d’en apprendre de temps à autres plus sur l’histoire de ces deux hommes qui sensibilisa le public à travers le monde et qui fut utilisée de bien des manières par bon nombre de mouvements, d’associations, de politiques…

Florent Calvez nous propose American Tragedy, l’histoire de Sacco & Vanzetti, chez Delcourt dans la collection Mirages.

Un après-midi d’un 27 Août, un grand-père joue aux dames avec son petit fils dans un parc de New-York. C’est la date anniversaire de la mort des deux italiens, et notre vieux bonhomme a croisé l’un d’eux étant enfant. C’est l’histoire d’une communauté, d’un contexte, d’engagements politiques et d’une Amérique pas si idéale que çà.

Florent Calvez a prit un parti pour construire son récit et s’en explique dans sa post-face, tout comme Alan Moore en avait choisit un lorsqu’il écrivit From Hell.

L’oeuvre réalisée a déjà le mérite du travail de mémoire.