Coups de coeur

De belles images pour enfants (presque) sages [épisode 2]

Avant de chroniquer quelques très bons albums de Bande Dessinées, je m’octroie une petite escale dans le monde infini de l’illustration. Il est indéniable dans ce domaine que j’ai toute une culture à parfaire. Pour Nocturne de Pascal Blanchet, j’avais été happé par son ambiance et sa rigueur minimaliste. Le bandeau « Le nouveau livre de Pascal Blanchet » et mon incapacité à en désigner des anciens laissaient présumer que quelques lacunes étaient bien là.

Avec « Sunny Side » de Pascal Campion dans la collection CFSL Ink d’Ankama, je sens bien que ce monsieur a de la bouteille et un univers chatoyant, sans savoir s’il est un pilier du sérail ou un « morning star » au talent débridé. Qu’importe, « Take it as it comes » comme disait le grand philosophe-lézard !  Et je m’en imprègne avec beaucoup de bonheur. Il se dégage beaucoup d’émotion et de plaisirs diffus dans ces 140 pages d’illustrations. Il restitue avec sobriété et intensité (quel paradoxe !) la lumière écrasante d’une après-midi d’été (Crossing), le soir qui approche (Ah ! Provence !), une éclaircie fugace (Street in Fall) ou un rayon dans les branchages (Little Wonders). Les pensées qu’il livre, les conseils qu’il prodigue ainsi que les étapes de création de certaines images ont autant d’intérêt pour le professionnel que pour le néophyte. Un recueil complet donc qui vous ouvrira les yeux.

 

 

 

 

 

 

 

 

De l’import cette fois-ci, avec « The Art of Brave » qui nous fait découvrir toutes les recherches graphiques du prochain film d’animation des studios Disney-Pixar. Chara-design, recherches de décors, story-board, esquisses, crayonnés, études d’ambiance,… il y en a pour tout le monde ! Ce qui ne sera pas le cas de cet ouvrage car nous n’en avons reçu que très très peu ! Si vous avez le malheur de passer à côté de ce recueil de Chronicles Book, il ne vous restera plus qu’a attendre la sortie de « Rebelle » (VF) la saga de cette jeune rouquine écossaise le 1er août sur les grands écrans.

 

 

Pour finir, pour tous ceux qui pleurent chaque soir l’arrivée hypothétique d’un nouveau Ishanti de Crisse, on a quelque chose pour vous ! « Les Dieux du Nil » avec son complice Fred Besson aux éditions Huginn & Muninn nous présente le panthéon égyptien. Bien sûr, la part belle a été faîte aux déesses lascives ou impérieuses, pour lesquelles vous tomberez sous le charme ou le joug. Une fois encore, on ne peut qu’admirer le travail de ce duo complémentaire qui savent mettre en valeur les formes et l’exotisme de ces animaux-dieux anthropomorphes. S’ils avaient quelques minutes pour faire quelques BD ce serait…divin !

Des albums qui nous font voyager !

Hé oui, que ce soit dans la tradition orale ou bien par l’écrit, les conteurs nous font voyager, rêver, imaginer, et bien des auteurs de BD arrivent à nous charmer de la même façon. Le chevelu souhaite chroniquer Les 4 coins du monde de Hugues Labiano et en grand saigneur que je suis, je lui laisserai encenser de sa prose cet album que moi aussi j’ai beaucoup apprécié.

Quand vous avez du sang finistériens dans les veines et que vous aimez la bande dessinée, il y a de très grandes chances que vous ayez lu un album de Fournier, notament L’Ankou dans la série Spirou et puis il me reste un attachement particulier pour les aventures de Bizu que j’ai lu et relu un nombre inconsidérable de fois depuis mon enfance. En ce qui concerne Lax, je crois me souvenir que le premier album que j’ai lu de lui était Chien de fusil, une ballade Irlandaise qui mettait une nouvelle fois en avant cette guerre fraternelle, là encore c’est le sang qui parle. Depuis, ces deux auteurs nous ont émerveillés et fait rire avec bien des albums, et lorsqu’ils nous avaient proposé le premier volet de Les chevaux du vent, il y a de cela 4 ans déjà, ils réussirent à toucher une nouvelle fois le public avec ce récit dépaysant et humaniste, publié dans la collection Aire Libre de Dupuis.

Du dépaysement, nous voici projeté au Népal, en cette fin de XIXème au sein d’une famille qui va traverser bien des bouleversements. Alors que son fils aîné est en âge de se marier, le père de famille voit ses enfants s’entredéchirer, ce qui ravive sa culpabilité d’avoir envoyé son plus jeune enfant dans un monastère parce qu’il était trop simple d’esprit pour pouvoir être utile aux travaux du quotidien. Il souhaite donc se racheter et partir le chercher, il accepte de devenir carthographe pour les Anglais mais le contexte actuel fait que les frontières se sont fermées et toute personne supposée travailler pour les occidentaux risque sa vie. Voici les éléments de départ de cette aventure, un voyage dans ces contrées isolées, majestueuses et illuminées.

Un deuxième tome qui clôt ce récit et si vous aimez celui-ci, sachez donc que nous avons eu le droit à un autre récit tout aussi passionant de Lax qui vient de se terminer: Amère patrie, qui se déroulait pendant la période de la première guerre mondiale faisant se croiser un sénégalais et un paysan français pris dans la tourmente des événements. Que du bon, c’est moi qui vous le dit.

Voyager au-delà des frontières pour certains c’est aussi voyager dans le temps et je renouvelle ma satisfaction pour la réédition du tome 2 de Top Ten, La rue nous appartient, cette histoire d’un commissariat de quartier dans l’ Amérique du futur. Je vous l’expliquais précédemment, Alan Moore en collaboration avec Genne Ha et Zander Cannon revisite le récit de super-héros, nous sommes à Néopolis, cette ville a émergé après la seconde guerre mondiale regroupant au même endroit tous ces êtres exceptionnels affublés de super-pouvoirs, il y en a tant que c’est devenu chose banale pour les résidents de la ville, si chacun se distingue par sa tenue, son apparence ou que sais-je encore, tout le monde mène une vie normale en tant que facteur, chauffeur de taxi, femme au foyer…

Nous suivons le quotidien des agents du commissariat du 10ème district, Robyn Slinger dernier élément à avoir intégrer l’équipe se retrouve en tandem avec l’agent Smax, un géant bleu quasi invulnérable, ils sont chargés aussi bien de résoudre une affaire criminelle que d’intervenir pour une dispute conjugale. L’idée est de les suivre dans leur carrière professionnelle mais également dans leur histoire personnelle, la base de la grande majorité des séries télévisuelles où l’on vous donne plusieurs trames à suivre au cours de chaque épisode et vous laissant hâletant de connaître la suite dans l’opus suivant.

La petite touche supplémentaire, tout un pan de la culture mondiale est disséminer dans les décors et les personnages secondaires, on y croise aussi bien Astérix & Obélix que les personnages de Star Trek ou Stargate, les Beattles, Wolverine, l’extra-terrestre de Tex Avery, William Shakespeare… Vous l’aurez compris, c’est le genre d’album que l’on peut lire un bon nombre de fois et qui vous surprendra encore et encore.

Et puis, y’a des livres, comme çà, on les reçoit à la librairie, on y jette un coup d’oeil vite fait, on feuillette quelques pages et puis on se dit que là y a un truc, je sais pas, on se dit que celui-ci on a vraiment envie de l’apprécier tranquillement tellement il commence à vous brûler les doigts et les méninges.

C’est le cas pour Hérakles de Edouard Cour chez Akiléos, et après lecture je vous confirme que la première impression est la bonne, et pas qu’un peu ! Tout comme Christophe Blain (Isaac le pirate, Socrate le demi-chien…) ou la famille Jouvray (Lincoln, L’idole dans la bombe), Mr Cour (car quand on me donne une telle satisfaction de lecteur on mérite du « Môssieur ») a réussi un excellent album, du type péplum, avec un décallage adroitement dosé. Si l’on ressent la violence de l’histoire grâce à son dessin, l’ironie du personnage principal et de ceux qui partagent son aventure nous font marrer comme des baleines.

Connaissez-vous Herakles ? Si non, peut-être le connaissez-vous sous le nom d’Hercule, célèbre pour ses travaux, même ménagers, qui lui furent imposés à la gloire d’Héra, la femme de Zeus, qui voyait plutôt d’un mauvais oeil les petites aventures extra-conjugales de son mari. Comme bon nombre de héros de l’antiquité semi-divins, Herakles est le jouet des dieux, et avant de s’appeler par ce nom, il se nommait Alcée ou Alcide (c’est selon le narrateur), il avait un frère jumeau et tout deux étaient très forts, mariés et avaient des enfants. Un drame a eu lieu et si vous souhaitez le découvrir, toujours en BD, je vous conseille le magnifique album de Le Tendre et Rossi: La gloire d’Héra. Pour l’heure Edouard Cour nous narre les exploits si célèbres de notre héros: vaincre un lion à la peau impénétrable, vaincre l’hydre au venin mortel, nettoyer les écuries d’Augias (d’où le côté ménager cité plus haut)…

Même si ce n’est qu’une première partie, ce qui implique l’attente qui en résulte avant de pouvoir lire la suite, je vous en conjure jetez un coup d’oeil à cet ouvrage que je trouve génial sur tous les plans, narratifs, graphiques, historiques… Un très grand merci à l’auteur et bonne continuation dans une carrière qui me semble prometteuse.

Du coup, je ne vois même pas l’intérêt de parler d’un autre album après celui-ci, du moins pour cette fois. Bonne lectures à toutes et à tous.

 

3 petits livres et puis s'en vont.

Des souris et des hommes ? Non, mais je vais effectivement vous parler cette fois-ci d’une histoire d’animaux et d’humains.

A l’occasion de la sortie de l’album Les seigneurs de Bagdad, je vous avait annocé la prochaine réédition de WE3, injustement francisé en NOU3, mettant de côté le jeu de mot du titre original, nous 3 pour le trio d’animaux et nous libre étant donné que c’est une histoire d’évasion, mais j’excuse l’éditeur qui a le mérite de republier cette histoire que j’affectionne beaucoup. NOU3, c’est l’histoire d’un chien, d’un chat et d’un p’tit lapin, tous trois sont les sujets d’une expérience militaire pour les transformer en armes, ce qui éviterait d’envoyer des hommes vers une mort certaine, faut pas déconner, la guerre OUi, des soldats tués NON.

Du coup, c’est dans une base militaire qu’est développée cette nouvelle technologie, où des animaux arnachés d’exosquelettes méchaniques et débordants d’armes en tout genre que nous retrouvons nos trois petites bébêtes, et vous vous doutez bien que les financiers et les généraux souhaite obtenir des résultats sur leur investisment. La dernière prestation est fort probante, mais il résulte un léger soucis, les animaux choisis ont des traits de caractères assez prononcés, ce qui pourrait nuire au projet. Du coup les chercheurs sont dans l’obligation d’éliminer toute traces et OUPS??!!! maladroitement, voilà que les entravent restent ouvertes.

Grant Morrison au scénario propose une nouvelle fois un intéressant récit qui ouvre à la réflexion et utilise judicieusement l’instinc (assez stéréotypé) des trois races: chat/chien/lapin. Frank Quitely de son côté (le dessin) ose des plans et des séquences qui surprendront le lecteur. Une histoire, donc très originale, éditée par Urban Comics qui continue donc un réel travail éditorial pour séduire son lectorat et en attirer un nouveau.  Du trés bon!

Profitons-en pour rester dans la catégorie Comics avec des animaux de compagnie avec Bêtes de somme t1- Mal de chiens de Evan Dorkin et Jill Thompson aux éditions Delcourt. La dessinatrice Jill Thompson s’était fait remarquer à l’occasion de son récit dans l’univers de Neil Gaiman consacré à Death, la grande soeur de Sandman, puis Délirium Birthday party toujours dans la famille du maître des rêves.

Ce coup-ci, c’est une histoire qui a été consacrée par l’Eisner Awards du meilleur récit, plus grande récompense attribuée aux Etats-Unis, relatant plusieurs petites nouvelles avec pour protagonistes les chiens et un chat d’un quartier résidentiel comme on peut les imaginer comme dans American beauty, Edouard aux mains d’argent ou Desperate housewife … (je vise large aux niveaux des exemples pour que tout le monde puissent s’y retrouver).

Les nouvelles sont fantastiques et parlent de ces croyances aux-quelles les teenages aiment bien croirent pour se faire peur, mais pas trop quand même. Histoires de fantômes, de sorcières, de loups-garous, une bonne partie du panel y passe et cette bande est bien entendu, composée des différentes personnalités qui équilibre ce genre d’équipe: le courageux mais pas téméraire, le rusé, le drôle, le fidèle. C’est une histoire d’amitié, de superstition, d’aventure, tous les ingrédients qui compose un plat que l’on déguste seul ou entre amis.

Bêtes de sommes saura séduire petits et grands par son dessin et par la simplicité de son dépaysement dans du quotidien  d’animaux familiers, on s’amuse à se faire peur et on a peur de ce qui nous amuse, car il faut bien avouer que la plus part d’entre nous ne font pas les fiers au coeur de la de la forêt par une nuit sans lune, et quand il y à une lune, les ombres sont encore plus nombreuses de quoi laissez notre imagination fertile s’emballer encore plus. Donc peut-être vous aussi souhaiterez vous connaître leurs aventures et en savoir un peu plus sur la vie de nos comagnons à quatre pattes dès que nous avons le dos tourné.

Cela pourrait commencer comme une mauvaise blague raciste: Que font un juif, une cambodgienne, un noir (musulman), une parocaine et deux sri-lankais sur le haut d’un immeuble ?… Ma réponse est la suivante: ils font la couverture de Blues du nord, la bande dessinée de Viravong dans la collection KSTR de Casterman et sont les personnages de cette chronique contemporaine « qu’elle est hâchement bien comment qu’elle est bien ancrée dans la France d’aujourd’hui », une histoire de vie de quartier qui pourrait peut-être, être le votre ou celui de quelqu’un que vous connaissez.

Ousmane est venu d’Afrique, comme beaucoup sont venus dans l’espoir de gagner de quoi faire vivre sa famille, il a fait les belles heures de la main d’oeuvre qui ont construit tous ces beaux immeubles, mais maintenant avec l’âge, cela devient plus dure de trouver du travail et les lois répressives ne sont pas là pour lui faciliter son quotidien.

Le mari de Madame Ly à ouvert un restaurant de spécialités Thaïlandaises et Cambodgiennes et maintenant qu’il se retrouve sur un lit d’hôpital atteint d’un cancer, elle est chargée de faire tourner la boutique. Cela fait peut-être 30 ans qu’elle est en France, son quotidien était surtout de s’occuper du bien-être des siens délaissant les rapports sociaux avec les gens extérieurs à son microcosme, seul son petit bonheur d’aller chercher sa petite fille à la sortie de l’école la rapproche de quelques-uns.

Hillel est juif, il est seul et n’a plus de famille résident en France, du coup il doute: doit-il rester dans son pays, ou bien aller en Israël retrouver les siens ? Seul petit réconfort, regarder les cassettes vidéos de la dernière séance qu’il regardait avec son père, mais voilà que son magnétoscope fait des siennes et il est dur de réparer cet appareil quasi préhistorique.

Zaïm, c’est le gars qui a mal tourné, il vient remplacer le chef de gang qui vient de finir en taule, et c’est avec un stock de cannabis qu’il va vendre moins cher qu’il décide d’empiéter sur les plates bandes du quartier voisin ce qui va engendrer des représailles. Son oncle Mr Sivarjee, tient la peite boutique de réparations de matériel audio-vidéo où tout ce beau monde va se retrouver.

Si on ajoute à tout ça le commissariat du coin qui souhaite marquer un grand coup médiatique, cela donne une histoire dynamique, humoristique et ancrée dans notre France d’aujourd’hui. Et pour plagier Q. Tarantino: « Vive la librairie! »

 

Quelques Grammes de Finesse

Vous en avez marre des templiers mystiques, des nazis occultes, des zombies mutants ? Moi aussi. Ras-le-bol des histoires glauques et anxiogènes où l’aube qui se lève ne promet que des lendemains qui déchantent ? Tout pareil : un peu de quiétude nous ferait du bien…

Et j’ai votre petite dose de bonheur à portée de main.

Dans l’art difficile de la pantomime, la délicatesse réside dans l’équilibre entre ce qui doit être montré et ce qui doit être induit… Et ici, symboles, icône, regard et gestuelles s’harmonisent. « Toby Mon Ami » est un album muet. Et pour cause, Toby est un chien, un gentil petit clébard qui n’a d’yeux que pour son maître. Ou pour qui Dieu est son maître. Mais cela marche aussi. Sa journée est jalonnée de plaisirs canins simples : marquer son territoire, rapporter un bâton, faire la fête à son maître, chasser les chats… Et les terreurs y sont proportionnelles. Quoi de pire que la crainte de se faire évincer par le fieffé félin ou d’endurer l’absence de celui qui est toute sa vie ? Ce dernier, que l’on observera avec attention (et la truffe humide), est un artiste, doux rêveur lunaire qui souhaiterait se débarrasser de sa solitude… Toby y sera alors peut-être pour quelque chose.

Dans un gaufrier aussi inébranlable qu’efficace, Gregory Panaccione nous dévoile ces petites tranches de vie avec humour et tendresse. Storyboarder, animateur pour le petit écran (il a collaboré avec B.Deyries), il se joue des contraintes du genre pour donner vie à son ratier et son propriétaire. « Toby mon Ami » de Panaccione aux éditions Delcourt collection Shampooing est un petit moment de bonheur fugace à attraper au vol !

Un peu de bonheur, c’est ce que cherchent aussi les différents protagonistes de « Supplément d’Âme » d’Alain Kokor (éd.Futuropolis). Et par chance, dès les premières pages de l’album, l’humanité, dans son ensemble, le trouve, ce bonheur jusqu’ici inaccessible. Chaque individu entretient un lien avec un autre… par le rêve. C’est sur cette immense fraternité onirique que se fonde cet album où les rencontres, les coïncidences et les échos se mêlent avec humour. Tout n’est  pas logique ou cartésien, l’introspection est de mise. Mais quel plaisir ! Les albums de Kokor sont toujours empreints de poésie délicate, d’un regard décalé sur notre société, même s’ils sont méconnus. Tentez l’aventure de « Balade, Balade » notamment. Et surtout, ne passez pas à côté de celui-ci et vérifiez si vous êtes poisson ou oiseau !

Un petit ouvrage dont j’avais oublié de vous parler et qui s’inscrit dans cette petite sélection thématique mérite toute votre attention. Il offre un pendant aux deux premiers car il interroge sur ce pourquoi on est prêt à renoncer au bonheur. « Une Nuit à Rome » a été dessiné et scénarisé par Jim. Autant j’ai une position de rejet systématique pour ses productions humoristiques aux éditions Vent d’Ouest, et j’ai un peu de mal avec certains développements scénaristiques sous son pseudonyme de Téhy, autant certaines de ses œuvres m’enchantent. J’ai plébiscité « Petites Eclipses » – pour lequel j’étais allé contre mes instincts naturels – , j’ai été charmé par « L’Invitation », j’allais (presque) confiant sur ce diptyque. Bien m’en a pris. Même s’il est moins percutant que les deux précédemment cités, le récit tout en demi-teinte aimante le lecteur. Alors qu’ils étaient en couple, deux jeunes de 20 ans (nés le même jour) se font la promesse solennelle de « s’offrir » la nuit de leur 40 ans, quelle que soit leur situation amoureuse. Et la date fatidique approche… L’auteur pose ou se pose des questions qui, formulées, trottent dans la tête… On attend de voir par quels détours vénéneux l’histoire de ces deux amants va emprunter dans le deuxième tome aux éditions Bamboo.

qui dit coup de coeur, ne dit pas spécialement facile à conseiller

Lorna, heaven is here, le Brüno nouveau est arrivé!

Je dois dire que je l’envie non seulement d’avoir le droit à une préface de Jean-Pierre Dionnet, mais d’avoir eu la chance de passer un moment avec Mr Cinéma de Quartier à qui on doit notamment de connaître les films de Takeshi Kitano. Et si l’un des pionniers de l’époque de Métal Hurlant se donne la peine de glisser un mot dans l’ouvrage, c’est parce que c’est un hommage à ces films de genre qui ne passent généralement que tard dans la nuit ou dans des cinémas indépendants. Pelle-mêle, on y trouve une actrice porno, des savants fous, des mutants, une géante extra-terrestre, des militaires, un pingouin…

Au programme : de l’aventure, du morbide, du graveleux, de l’humour, des références en veux-tu en voilà… il en a la couleur, cet album est vraiment de l’or en barre !

 » J’arrive Max « , ce petit running gag est le petit détail en plus qui vous fera sourire au fil des pages, cela ne fait que quelques jours à peine que l’album des éditions Treize étrange est sorti, et les personnes que je croise dans la rue ou en faisant mes courses, qui l’ont acheté et lu ne m’en dise que du bien, voire même les incite à relire les albums précédents de l’auteur pour lesquels ils étaient parfois mitigés.

N’attendez plus, vous aussi précipitez-vous sur cet ovni.

De l’humour toujours, de l’humour noir encore, en noir & blanc pour Les aventures extraordinaires de LIO, le bonheur est un céphalopode visqueux qui a déjà obtenu le prix de la meilleure BD de presse, publiée par Hors-collection.

Lio est un petit garçon qui déborde d’imagination, aussi bien pour échapper aux monstres qui se cachent sous son lit que pour se constituer une armée d’adorables petits lapins mécaniques. Il préfère se vautrer dans le canapé et se goinfrer de cochonneries plutôt que de faire ses devoirs, il faut dire qu’il vient de voir les 4 cavaliers  de l’apocalypse passer devant la maison, alors à quoi bon ?!

Mark Tatulli se lâche, pour ceux qui connaissent la bande dessinée Lenore ou encore I luv Halloween, c’est du même mauvais goût dont je suis toujours friand, l’innocence et la perversité de l’enfance dans toute sa splendeur (si si, je vous assure un gamin peut rivaliser avec les maîtres de l’horreur, l’imagination sans fin de ces petits bouts de chou peut être des plus étonnantes).

Lio a même trouver une solution très ingénieuse de se débarrasser de sa petite peste de voisine qui passe tous les jours en vélo devant chez lui en lui tirant la langue.

 

Les éditions Mosquito font partie de cette catégorie de maison d’éditions qui ont choisi de publier des auteurs au graphisme souvent très particulier et la plus part du temps en noir & blanc, dans leurs auteurs phares, on retrouve Toppi, Battaglia, etc. mais dans ces grands noms, un de mes préférés reste Zezelj, et cette fois encore il m’a mis une grande claque dans la g….e !

Industriel est une histoire sans paroles qui parle de classes sociales, de révolte, mais aussi d’amour et de musique. A son habitude, il n’est pas rare d’avoir une grande part onirique dans l’oeuvre de Zezelj, il ne faut donc pas s’étonné d’avoir une baleine volant au-dessus de la ville, ni qu’un personnage soit jûché sur le dos d’un tigre énorme comme sur la couverture ou bien encore qu’un homme joue du piano sur des touches peintes sur le mur.

Quand vous mettez les pieds en librairie, vous devez bien vous rendre compte du grand nombre d’auteurs publiés et de la diversité de talents, mais combien, même parmi les plus doués sont capables de gérer la narration seulement par le dessin, les mouvements comme les moments de contemplations, les idées que l’auteur veut transmettre et la liberté d’interprétation du lecteur… Non seulement Zezelj fait parti de ceux-là mais en plus c’est à l’encre et au pinceau que ce maître s’exprime et il ne faut nullement être un puriste pour pouvoir apprécier son travail, c’est vraiment un réel bonheur de plonger une nouvelle fois dans un de ses récits, à noter qu’il a participé à l’actuel projet de J.P. Dionnet: Des dieux et des hommes (le t3).

Et pour finir en Beauté, mon énorme coup de coeur sera pour Anjin San de George Akiyama aux éditions du Lézard Noir. Pour ceux qui connaissent un peu la maison d’édition, il est vrai qu’ils publient parfois, voire souvent des titres pas très grand public, car assez trash, mais là c’est une oeuvre pleine de tendresse, de poésie et d’humanisme qui s’offre à vous.

Anjin est un petit bonhomme aux allures de poupon ou bien de bonze qui se définit comme quelqu’un de banal et passe son temps à se balader et aller à la rencontre des gens: il vient en aide à une geisha rencontrée dans la rue, attend avec une petite fille le retour de ses parents qui travaillent à l’usine et esquive avec brio les questions de ce jeune homme qui va partager notre moment de lecture et qui souhaite savoir pourquoi Anjin est ce qu’il est et qu’est-ce qu’il recherche, à toutes les questions du jeune homme, Ki-chan, il lui répondra qu’il est banal et qu’il n’y à rien de plus banal que de marcher à travers le pays, sans but précis.

Tous ces petits moments de vies et ces portraits sont des saynètes qui rappellent l’oeuvre d’Osamu Tezuka, par ces regards sur l’humanité, ces moments de vies simples, de petits bonheurs et de relations humaines.

Anjin San a tout pour vous faire passer un agréable moment de lecture, à bon entendeur…

Bonne lecture.