Une symphoniiiiiie.

catchcouvLa République du Catch de Nicolas De Crécy, aux éditions Casterman. C’est pour moi toujours un bonheur de replonger dans l’univers déjanté de Nicolas De Crécy, il suffit d’accepter de côtoyer des chiens garagistes, des éléphants de mer maire, des Orgues de Barbarie qui permettent de voir la vie en rose, et hop on est parti à l’aventure, pour le sommet des montagnes comme pour New-York sur Loire.

catch3C’est par Le Bibendum Céleste et Léon La Came (pré-publié dans le magazine (A-SUIVRE) en 1994/1995) que je découvris Nicolas De Crécy, les bouleversements ne cesseront de s’enchaîner à chaque découverte d’une nouvelle création de l’auteur. Son dessin et ses ambiances sont génialement fous, que ce soit par le Noir & Blanc ou bien par la couleur, cela ne l’empêche jamais de charger d’une infinité de détails chacun de ses décors, les villes sont tentaculaires, les machineries qui dépassent de-ci de-là laissent à penser que la ville n’a de cesse de s’agrandir en se reconstruisant sur elle-même indéfiniment.

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Mario n’est pas de ceux dont on sent spontanément qu’ils font parti de ceux qui ont l’étoffe des héros. Il est petit, dégarni, rabougri, et porte à ses pieds minuscules des souliers garnis et, comble de ses soucis, il n’a qu’UN ami. Si certains s’en contenterait, surtout qu’il s’agit très probablement du meilleur ami que l’on puisse souhaiter. Attention petite parenthèse, ce n’est pas parce que c’est un manchot que je dis cela, c’est en tenant compte de la qualité de son amitié (si on peut la quantifier bien entendu). Enfin bref, Mario est en manque d’affection. S’il a bien trouvé celle qui fait vibrer son coeur, la belle Bérénice, il se trouve que la-dite « belle » est éprise d’un catcheur qui n’est autre que le champion en lice, et si Mario n’a pas plus de charisme qu’un plombier, le catcheur lui n’est autre que l’homonyme d’Arès le dieu guerrier.

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Bienvenue à la république du catch, il n’y paraît pas comme ça, mais Mario n’est pas n’importe qui quand même, c’est sa famille qui régit la ville et toute l’industrie du catch, ses cousins Silvio, Rodrigos, Enrico et …Enzo, on ne se méfie jamais assez des bébés, surtout lorsqu’ils sont suffisamment précoces pour diriger la mafia locale.

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Mais Mario se désintéresse de tout ce business, et c’est à l’héritage que ses parents lui ont laissé, un magasin de pianos, qu’il consacre tout son temps et son attention, ainsi que pour son ami qui vient y jouer tous les jours, le fameux manchot. Le talent de son ami le ravi, c’est chaque jour une symphonie, qui une sonate, qui un morceau choisi d’un opéra, l’animal enchaîne à chaque fin de récital.

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Or voilà qu’aujourd’hui Enzo a convoqué Mario, l’opportunité de peut-être se faire remarquer par Bérénice ?

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une chose est sûre, il va se passer de bien curieuse chose au cours de la nuit, et certains n’en sortiront pas indemnes. Il sera intéressant pour le lecteur de bien lire tout ce que Nicolas De Crécy a écrit à la fin de l’ouvrage sur sa création originale. Cette histoire est tellement dynamique, drôle et rocambolesque que très vite j’ai regretté de ne pas avoir préparé un petit fond musical pour accompagner ma lecture, une petite sélection de quelques titres de piano, qui auraient pu amener une touche un peu plus surréaliste, d’autant plus que lorsque l’on connait les talents et les idées d’animations de Nicolas De Crécy, j’étais persuadé qu’à un moment ou un autre, j’allais me retrouver projeté dans l’un de ses délires, notamment à cause des scènes où le manchot se lance dans un morceau entraînant, à tel point qu’il prend réellement la route.

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Frank Cho (un grand homme) a dit un jour à son lectorat, comment réaliser une Bande Dessinée, en un strip de 6/8 cases dans le tome 1 de Liberty Meadows, lorsqu’il se représente en tant qu’auteur, c’est sous les traits d’un chimpanzé, on le voyait donc devant sa table de travail décrire toutes les étapes sans pour autant bouger de quelque façon que ce soit, jusqu’à la case finale où un chimpanzé énervé comme c’est pas permis, s’énervait et mettait tout à sac. La conclusion qu’il en tirait était la suivante: « Et si vous n’arrivez pas à enchaîner toutes ces étapes, dessinez un singe cela fait toujours plaisir. »frankcho

Eh bien voilà des auteurs qui l’ont écouté: Simon Spurrier & Jeff Stokely. L’un voulait faire de la S.F., l’autre souhaitait faire un Western, un 3e exigeait dénoncer notre société de consommation et notre dépendance aux médias télévisuels, un 4e trouvait super noble l’idée d’aborder le suicide chez les jeunes et pour les autres, leur coeur balançait entre le tueur à gages à 4 bras, Arnold Schwarzenegger en travesti, des entités élémentales qui défendent la planète ou encore un recueil d’histoires drôles avec comme gag récurrent, un gars qui vient clore chaque récit en butant d’une balle dans la tête l’un des protagonistes.

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Face à tant de troubles, l’idée a émergé, on garde le tout… ET… on rajoute UN GORILLE, et ouais mon gars, THE CONCEPT, le truc ultime qui va déchirer tout. Il va sans dire que tout ceci bien entendu est de la pure fiction, sinon c’est totalement fortuit que j’ai deviné les dessous de la création (voire de la créature) Six-Gun Gorilla, publié en France par Ankama.

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Bleu-3425, ce n’est pas un code quelconque afin de gagner un voyage organisé avec vos chips préférées, NON, c’est le nom de notre personnage principal. Bleu-3425 ne mérite pas que l’on connaisse son identité, c’est de la chair à canon, à savoir qu’il fait parti d’une certaine catégorie de personnes qui n’ont plus envie de vivre, mais qui n’ont pas passé le cap de se foutre en l’air. Il se trouve qu’actuellement, 2 pays sont en guerre, ce conflit perdure depuis un certain temps et ne semble pas trouver d’issue avant un long moment.

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Cette société n’est pas si éloignée de la notre, et il se trouve que la télévision y a une place importante également, du coup on a la possibilité de suivre les conflits en direct, de parier, de commenter… Et, pour Bleu-3425, c’est l’opportunité d’assouvir son besoin pressant de mettre fin à ses jours tout en bénéficiant d’une rémunération qu’il peut adresser à/aux ayant droit testamentaire qu’il aura désigné. Les « Bleus » sont reliés en permanence au réseau média, tout ce qu’ils voient, disent entendent, est systématiquement rediffusé en direct à l’écran, grâce à une caméra reliée entre l’oeil et le cortex.

gorilla4C’est parti, à peine débarqué du vaisseau de transport, Bleu-3425 est livré à lui-même, en première ligne bien sûr, la chair à canon on s’en débarrasse le plus vite possible, mais les règles sont claires, on ne peut pas s’exposer et rechercher la mort volontairement, il faut prendre part au combat (avec un l’équivalent d’un pistolet à bouchon, à 1 coup, mais bon, on ne va pas gâcher…)

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Mais voilà, comme vous vous en doutez, tout ne va pas se dérouler comme prévu. Déjà, il n’est pas rare que face à l’immédiateté de la mort, même pour quelqu’un qui souhaitait mourir, l’on ait un petit sursaut de goût de vivre, et donc quelques hésitations. Il n’empêche que Bleu-3425 ne va pas s’éloigner de la zone de combat, et en portant secours à un général grièvement blessé, il va se retrouver chargé d’une mission: apporter la montre du général, symbole de l’amour vrai qu’il a vécu pendant quelques dizaines d’années, au poste retranché, et qu’ainsi l’objet soit retourné vers la femme aimée.

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Bon. Que le général ne soit pas réellement marié (cela vous l’apprenez très rapidement, rassurez vous je n’en suis qu’à la 8e page), ça Bleu-3425 ne pouvait pas le savoir. Que la montre ne soit pas si unique en son genre et ne soit chargée d’autant d’émotion que l’on voulait lui faire croire, ça non plus il ne pouvait s’en douter. Il n’empêche, qu’il décide de mener à bien sa mission, puis il repartira, tout guilleret vers son funeste destin. En chemin il croisera un bon nombre de personnages qui ne lui voudront pas que du bien, mais dans le lot, surgira: Six-Gun Gorilla.

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Un gorille monumental, dans toute sa splendeur, qui a dû casser la gueule à Clint Eastwood afin de lui piquer son poncho, armé de deux « 6 coups », qui, contrairement aux croyances locales qui veulent que, aucune, je dis bien AUCUNE, arme à feu ne fonctionne, et bien celles-ci, elles tirent correctement, et font de sérieux dégâts. La suite de l’aventure, vous la découvrirez en la lisant, ce one-shot est terrible, terriblement drôle, riche, fun, plein de surprises et de profondeur.

 

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