Raven, l’âme des pirates

Hey ! marin d’eau douce, je m’en vais te chanter une p’tite chanson :
 
🎼Yo ho sur l’heure Hissons nos couleurs. Hissez haut, l’âme des pirates Jamais ne mourra.
🎼Yo ho, quand sonne l’heure Hissons nos couleurs. Hissez haut, l’âme des pirates Jamais ne mourra…
 
Et non moussaillon, l’âme des Pirates jamais ne mourra..
 
En tout temps, il y a eu des artistes pour faire vivre les récits de pirates. Robert Louis Stevenson avec L’île aux trésor a façonné notre image à jamais du Pirates et du récit d’aventure au grand large par la même occasion.
 
Le cinéma des année 50/60 fit de ces récits d’aventure les grands succès d’ Hollywood. Mais dans le début des année 2000, les histoires de pirates étaient considérées comme ringardes et beaucoup trop coûteuses. A l’époque, les effets spéciaux n’étaient pas encore ce qu’ils sont aujourd’hui, alors filmer des batailles de vieux bateaux, imaginez un peu le budget. Heureusement un petit projet qui traîne depuis 12 ans dans les placard de chez Disney va voir le jour en 2003 : Pirates des Caraïbes. Il va créer un nouvel engouement pour la piraterie.
 
En  2007, la Bande Dessinée Long John Silver de Xavier Dorison et Lauffray offre au 9eme art une nouvelle histoire de pirates qui va marquer les esprits. Si Pirates de Caraïbes a eu l’effet d’un boulet de canon pour le cinéma, Long John Silver va être aussi impactant dans le monde de la bande dessinée. Xavier Dorison et Mathieu Lauffray reprennent le pirate le plus connu de la littérature « Long John Silver ». Toutefois, ils ne vont pas nous proposer une énième adaptation de l’île au trésor mais bien une histoire originale se passant après. Ce vieux briscard de Long John ne va pas résister au charme de Lady Hasting et repart pour une nouvelle aventure.
En 4 tomes, le duo de choc nous fait voyager dans une aventure qui sent la poudre et la tempête. Chaque nouvel album est alors attendu par les lecteurs avec énormément d’impatience. Avec cette série, ils ont fait le liens entre le 7eme et le 9eme art. Car lorsque l’on ouvre un album de Long John Silver, c’est la mise en scène et les décors grandioses de Mathieu Lauffray qui nous embarquent immédiatement dans cette folle épopée. Et ce sentiment de mise en scène à la manière d’un grand film hollywodien vient bien sûr des multiples talents d’écriture d’une part avec la plume de Xavier Dorison mais surtout de Matthieu Lauffray qui prête son talent pour le grand écran comme pour les petites cases. Car oui, entre 2 albums le dessinateur travaille sur de nombreux projets de films, pour lesquelles il propose des ambiances de décors. Tout ce travail ressort dans ces planches, les décors sont riches et appellent à l’évasion, quand ils ne vous laissent pas bouche bée.
Après le succès de cette tétralogie Lauffray va voguer de projets en projets, la conclusion de sa série Prophet, un tome spin-off de de Legion avec le tome 1 des Chroniques de Légion, puis le Spin-off de Valérian avec un certain Wilfrid Lupano (auteurs des « Vieux fourneaux » entre autre choses), un album graphiquement spectaculaire malgré une couverture ratée où  le dessinateur nous montre son amour pour la Science Fiction.
Mais dans Matthieu Lauffray garde un amour et une tendresse toute particulière pour l’univers des pirates.
 
Aujourd’hui, Mathieu Lauffray fait son grand retour dans cet univers de boucaniers. Mais cette fois, pas de Long John Silver et pas de Xavier Dorison pour l’accompagner. Mathieu Lauffray prend les commandes en solo. Il devient le Capitaine et seul maître à bord de ce nouveau récit en 3 parties :
 
RAVEN:
 
Alors si vous n’avez pas décroché et que vous me lisez encore, j’en viens au cœur du sujet de cet article. Que vaut ce nouveau récit ? 
C’est incroyablement cool, morbleu ! Pensez-vous que je m’égosille à vous raconter tout ça pour vous dire que cet album est juste sympathique ? Bien sûr que non ! Ce nouvel album est bien plus que ce que j’attends. Je pensais retrouver l’esprit de Long John Silver : hé bien non. Il faut dire que si j’ai envie de relire du Long John Silver, je peux sans problème relire les tomes déjà parus. Alors non, Mathieu Lauffray ne c’est pas contenté de refaire la même chose. Avec Raven, il ressuscite pour nous l’âme des pirates, car rappelez-vous l’âme des pirates jamais ne mourra. Raven ne ressemble en rien à Long John Silver. Raven est un pirate et pour lui être pirate, c’est avant tout être libre. Car bon nombre de marins sont devenus pirates pour gagner cette liberté. Raven est très vite attachant, on sent vite qu’il est également un redoutable pirate, quand il s’agit de passer à l’abordage mais il suit son code, il a des règles qu’il se souhaite pas enfreindre et qui lui portent souvent pour ne pas dire toujours préjudice, il a la noblesse de cœur d’un D’Artagnan et cette même capacité que d’Artagnan à cumuler les ennuis. Mais il est sûr de ses choix et fonce à corps perdus dans les batailles. Avec les femmes, comment vous dire avec les femmes… c’est un grand maladroit.
Mais il n’y a pas que ce personnage qui fait ce récit : toute une galerie de joyeux pirates et deux personnages féminins Anne et le Capitaine Morgane l’une issue d’une certaine noblesse et l’autre pirate crainte et reconnue, évidement deux femmes fortes aux caractères bien différentes vont chacune à leur manière mener la vie dure à Raven.
Toutes l’âme de la piraterie est déjà là dès le premier tome, du Capitaine Black Vane à l’île de la tortue en passant par l’attaque de navire espagnol, la recherche d’un trésor très convoité, des tempêtes en mers, une île mystérieuse… Il ne manque rien.
 
Du côté du dessin nul doute Matthieu Lauffray nous confirme qu’il fait partie des grands dessinateurs de BD moderne. La différence entre son dessin et un BD classique, c’est un peu comme quand vous regardez un film sur votre bonne vielle télé 4/3 des années 90 et que vous passez au format cinéma 16/9eme ou  IMAX. Il nous donne à travers chaque case ce sentiment de grandiose. Et d’immersion complète dans ces environnements incroyables au côté de ses personnages hauts en couleur. Il vous fait contempler ses multiples décors avec des yeux émerveillés d’enfant. On reconnait la qualité des grands dessinateurs à l’attention qu’ils donnent à leur personnages secondaires et ici on a le droit à une galerie de pirates tous plus mémorables les uns que les autres : le second du capitaine Black Vane et sa pipe, Tim le cul-de-jatte, le cuisinier du fort et j’en passe, ils ont tous de vraies gueules et cela donne encore plus de corps au récit. Car tous les personnages sont travaillés sur le fond et la forme.
 
Vous l’aurez compris, je suis un grand amateur du travail de Mathieu Lauffray, il a su me faire voyager dans ses différents univers. J’ai été surpris avec ce nouvel album. Il délaisse le côté sérieux, sombre et angoissant de Long John Silver, en apportant une touche d’humour. Je pense que l’expérience de Valérian avec Wilfrid Lupano lui a montré que l’humour qu’il pouvait mettre dans le récit ne gâche en aucun cas ses scènes épiques. Quand vous pensez au film Pirates des Caraïbes, il y a bon nombre de sujets sérieux sur la piraterie et des scènes dantesques mais il y a aussi beaucoup d’humour. Raven ne ressemble pas au capitaine Jack Sparrow, il est bien différent, mais il partage un point commun : leur âme de pirate et ce goût si marqué pour la liberté. Ils ne sont au service de personne, ce sont de nobles pirates. Même s’ils tentent de faire croire le contraire.
 
Donc oui je suis pleinement conquis par cette nouvelle aventure épique, qui m’en a mis plein les mirettes. Et confirme s’il le fallait toute l’admiration que j’ai pour Matthieu Lauffray qui nous montre qu’il peut aussi bien être une plume qu’un crayon.
 
Alors hissez la grande voile, souquez les artémises *, et embarquez dans l’aventure avec Raven.
 
*Souquez les artémises ne veut rien dire mais c’est une référence à Astérix et Obélix  mission Cléopâtre, que j’aime bien

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