Coups de coeur

Il y'en aura pour tout le monde

adrastee couvAmis lecteurs, bonjour. Cette sélection sera riche en diversité cette fois, du mythe à la réalité, de la première réalisation à l’auteur chevronné, il en faut pour tous les goûts.

Mathieu Bablet n’en est pas à son premier essai, mais il reste encore assez méconnu du grand public, avant de participé à l’album collectif Doggy Bags n°2 il nous avait proposé son premier ouvrage La belle mort, récit de science-fiction mettant en scène quelques survivants errant sur notre Terre, dévastée et aux prises avec des insectes extra-terrestres. Pour son nouvel album, l’auteur reste fidèle au Label 619 ou tout du moins à l’éditeur Ankama et s’attaque cette fois au mythe.

adrastee extraitAdrastée est une histoire en deux parties où un immortel va traverser la Grèce antique et ses personnages mythologiques. L’Hyperborée, le royaume dont il était le roi, était la région appelée par les grecs située au nord de leur contrée, elle englobait tous les territoires recouverts de glaces ainsi que ceux inexplorés et pourtant riche de légendes. L’une d’entre-elles était celle de ce royaume de personne à la peau pâle à la tête de laquelle régnait un être immortel. Il a pu connaître le désespoir de voir disparaître celle qu’il aimait ainsi que tout son royaume qui tomba en ruine, après une période de mille ans, il décide de partir vers le mont Olympe afin de chercher réponse auprès des dieux. Pour cela il va devoir traverser maintes régions riches en personnages légendaires comme le Sphinx, gardien des frontières, les Harpies ces oiseaux à la tête de femme et dont la férocité est sans égal ou encore Talos, géant mécanique défenseur du royaume du roi Minos, Polyphème le cyclope, fils de Poséidon, célèbre pour son intervention dans l’histoire d’Ulysse. C’est pourtant dans les cités des hommes que l’attendent ses plus grandes surprises, il est lui-même une légende, et si les hommes ignorent qui il est, son immortalité est sujet de toutes les convoitises.

Mathieu Bablet fait preuve une nouvelle fois d’une richesse graphique et narrative qui fait de son album une petite exception dans la production actuelle.

yokozuna couvYokozuna, voici le premier album aussi bien pour le scénariste Jérôme Hamon que pour le dessinateur Marc Van Straceele qui se sont lancés dans cette collaboration pour présenter un récit consacré à Chad Rowan, un Hawaïen qui a réussi à décrocher le titre le plus honorifique qu’un sumotori puisse atteindre: être un Yokozuna.

Cette biographie est une libre adaptation du parcours de cet homme qui est connu au Japon sous le nom d’Akebono, l’aube, en rapport avec son physique de plus de deux mètres, lorsqu’il se redresse, le mouvement prend autant de majestuosité que le soleil se levant sur l’horizon. Il ne fut pas le premier originaire de son île a se lancer dans cette carrière et à être consacré champion, mais le statut de Sumotori reste emblématique au Japon et il n’est pas bien perçu que des étrangers osent toucher à ce symbole.

C’est sans grande conviction qu’il fit le voyage, car c’est son frère qui était sollicité au départ, sa taille et sa corpulence étant de prime abord considérée comme un handicap. Il va découvrir un sport, un état d’esprit, une philosophie qu’il était à mille lieues d’imaginer auparavant et pourtant il va surmonter les difficultés liées à sa méconnaissance de la langue, du rapport de hiérarchie qui prédomine dans tous les domaines au Japon lorsque l’on est novice ainsi que la réserve dont il faut savoir faire preuve y compris dans le cadre du dépassement de soi.

Ce récit est publié par Kana dans sa collection Made In, ce label nous a proposé déjà des petites perles comme Une vie chinoise, Bicycle 3000, quelques titres de jiro Taniguchi  et d’autres créations encore, et c’est non sans fierté que les auteurs apprécient d’avoir été catalogués eux aussi dans cette collection au vu de la qualité de leur travail. Vivement le deuxième tome qui clôturera cette histoire et souhaitons leur une belle carrière.

camargue couvUn autre récit inspiré d’une histoire vraie, Camargue Rouge de Michel Faure, d’après un conte de Jean Vilane, et publié par les éditions Glénat. Voici le genre d’album qui vous raconte une belle histoire d’amitié, de rencontre culturelle et qui relate une histoire simple sans que l’auteur est besoin d’y mettre du suspens ou une intrigue qui serait sensée aiguiser l’attente du lecteur.

camargue extraitMichel Faure n’est pas un petit jeune dans l’univers de la Bande-dessinée et cela se voit peut-être dans son dessin,  mais on voit que lui en tout cas n’utilise pas d’ordinateur, ce qui à tout pour me plaire. C’est un western un peu particulier qu’il nous propose étant donné qu’il va se dérouler en Camargue, le pays des taureaux noirs et des chevaux blancs.

Buffalo Bill n’est pas seulement célèbre pour son rôle de massacreur de bison mais également pour son fameux cirque qui fit le tour de la planète afin de faire découvrir les légendes de l’ouest américain. Au cours de sa tournée, un incident dans le port de Marseille reteint une partie de la troupe quelques temps en France et ce fut l’occasion pour le marquis de Baroncelli, admiratif devant le peuple indien, de les invités à venir passer quelques jours sur ses terres. Cela va être l’occasion de partager leur passion et d’échanger leur culture, c’est également le moment ou le peuple gitan se donne rendez-vous aux Saintes Maries, ce qui donnera une rencontre humaine des plus riche pour chacun.

vent couvil n’y a pas si longtemps, je vous faisais la promotion de Kongo chez Futuropolis, une histoire de Joseph Conrad qui donnerait naissance à son chef d’œuvre: Au cœur des ténèbres. Le scénariste Christian Perrissin revient pour un récit consacré à l’homme face aux démesures de la nature avec Eric Buche au dessin, et cette fois, c’est dans le cadre de l’histoire de l’aéropostale que se déroule ce récit: Le vent des cimes.

vent extraitJack Rouault fait parti de ces pilotes bravant les intempéries pour amener en temps et en heure le courrier à l’autre bout de la planète. Nous n’en sommes qu’au balbutiement de l’aéropostale et toutes les preuves sont à faire, du coup le patron de la compagnie demande à ses pilotes de défier tous les dangers, que ce soit ceux des intempéries mais aussi du vol de nuit. Après avoir connu les traversées Sahariennes, c’est aux Andes que jack est arrivé, et cette fois, il a une bonne raison d’être pressé d’arriver, sa fiancée, Rachel Wiezman, pilote elle aussi mais de voltiges, l’attend afin de célébrer leur union.

Il arrive qu’il puisse il y avoir du retard, mais l’absence de message, la tempête qui vient de se lever ne font qu’augmenter l’inquiétude de Rachel, et au risque de compromettre la carrière de leur ami Antoine qui les fit se rencontrer, elle décide de prendre les airs à ses côtés et de partir à la recherche de jack.

Des scènes de cabarets argentins aux sommets enneigés, de la luminosité des ciels dégagés de haute altitude aux méandres des tempêtes de neige et de glace, Eric buche sait mettre en valeur ce récit d’aventure humaine comme Christian Perrissin sait si bien nous offrir, c’est aussi lui qui nous proposa Martha Jane Canary, l’adaptation des lettres que Calamity Jane écrivit à sa fille.

chercheur fantome couvUne touche de récit délirant pour finir ma chronique: Le chercheur fantôme de Robin Cousin chez Flblb éditions.

chercheur extraitTout commence avec la prise de fonction d’un directeur d’un centre de recherches qui apparemment vient de subir un remaniement en grandes pompes. Pour l’aider dans sa gestion des locaux, il a à sa disposition les vidéos que son prédécesseur lui a laissé, journal chronologique de l’évolution du projet d’études. Ensuite nous nous intéressons à un biologiste qui découvre ce centre riche en promesses pour l’aider dans ses recherches: un local spacieux, des moyens quasi illimités… Il va s’intéresser à ses nouveaux collègues qui chacun dans leur domaine, ont tendance à rester reclus dans leur laboratoire. Mais c’est l’une de ses voisines qui va mettre le doigt sur un mystère: alors que tout le monde connait tout le monde, il semblerait qu’il y ait un chercheur dont on ignore tout et que personne n’aurait vu.

Vous découvrirez que cette situation fait partie du projet lui-même, que vous venez de mettre le doigt dans les engrenages de la théorie du chaos et qu’il est dangereux de vouloir connaître l’avenir. pour les amateurs d’absurdités savamment élaborées et loufoques à souhait.

A bientôt pour de prochaines aventures et d’ici-là bonnes lectures.

Madame Gump, votre BD est… différente

abaddon 1L’ambiance va être à la fête, chic ! chic ! chic !

Comme vous avez pu le constater, pour ce mois de Mai 2013, cela n’arrête pas de défiler à la MLN; on quitte à peine O. Texier, Cécily et Gnot Guedin pour retrouver samedi prochain à partir de 15h00 J.M. Minguez.

abaddon 2Mais pour ma satisfaction personnelle, « le plus beau reste à venir » (pardonnez-moi les autres, je vous aime beaucoup aussi), samedi 25 Koren Shadmi sera chez nous pour dédicacer à partir de 15h30 Abaddon publié aux éditions Ici-Même (une maison créée par Bérengère Orieux).

Je ne peux que vous inviter à nous rejoindre pour cette chance unique de rencontrer un auteur indépendant étranger de passage du côté de chez nous.

7e etage couvDu nouveau aux éditions L’Agrume qui nous a déjà proposé: Choisis quelque chose, mais dépêche toi, Dora (dont le tome 2 sortira le 17 septembre de cette année), ou encore Virus Tropical

Cette fois, ils nous proposent 7e étage de Asa Grennval, une auteur suédoise et cet ouvrage était son projet de fin d’études à l’école des beaux-arts de Stockholm, un récit autobiographique.

a la folie couvCet album est publié en partenariat avec Amnesty International et n’est pas sans rappeler l’ouvrage de Sylvain Ricard et James: A la folie paru chez Futuropolis et tous deux abordent le sujet difficile de la violence conjugale.

Si dans A la folie, nous avions le récit vu par les deux membres du couple qui témoignent sur le divan de l’évolution de leur relation, dans 7e étage nous suivons la narratrice de son entrée dans l’école des beaux-arts où elle rencontrera son compagnon à la situation de violence, de stress, de persécution et de jalousie qu’elle va subir.

Les campagnes de sensibilisation sur le sujet sont malheureusement encore peu récurrentse mais il ne faut pas oublier que les victimes de violences conjugales se comptent par dizaines chaque jours. La bande dessinée n’est pas toujours là pour nous distraire mais également pour utiliser un média qui permet parfois de sensibiliser un plus large public.

nishi couvAprès un sujet si lourd que diriez-vous de beaucoup plus de légèreté, voici le deuxième tome de J.P. Nishi: Paris, le retour.

nishi extraitPour ceux qui ne connaissent pas les aventures de ce japonais qui partage avec beaucoup d’humour ses péripéties à l’occasion de ses différentes visites dans la capitale française. Un choc culturel où la passion rencontre avec fracas l’incompréhension.

Cette fois, il s’attarde sur la Japan Expo, cette grande rencontre française de la culture nippone, avec son lot de nourriture, de cosplay…

Cet ouvrage est la version nippone du voyage de Florent Chavouet qui écrit Tokyo Sanpo et Mananabé Shima, deux ouvrages originaux proches du carnet de voyage et qui furent publiés comme A nous deux Paris et Paris, le retour par Philippe Picquier éditions.

coiffe de naissanceRevenons au bizarre et à l’étrange avec la dernière publication de monsieur Alan Moore, au dessin son partenaire de From Hell, Eddie Campbell, La coiffe de naissance, un livre publié par çà et là éditions.

Le saviez-vous, certains enfants viennent au monde et sortent du ventre de leur mère encore « coiffés » d’une partie de la poche de placenta qui les maintenait reliés. Ce phénomène est depuis longtemps et dans de nombreuses civilisations reconnu comme symbolique et bien souvent comme synonyme de chance.

coiffe extraitQuand l’on connait le personnage haut en couleurs qu’est Alan Moore et ses lubies pour tout ce qui est chamanique, ésotérique et autres choses en « ique », il n’est pas étonnant de découvrir ce récit curieux et qui ne manquera pas de vous inciter à le relire pour pouvoir en faire le tour. Il aborde la découverte qu’il fit à l’occasion de la mort de sa mère, d’une coiffe de naissance dans les affaires de celle-ci, qu’elle conserva avec beaucoup de précautions et développe un regard détaillé de la classe populaire anglaise de la fin XIXe en disséminant également des éléments comme le mur de l’empereur Hadrien datant de l’occupation romaine au deuxième siècle de notre ère et dont les vestiges sont encore visibles aujourd’hui.

Eddie Campbell signe une œuvre graphique tout aussi originale que peut l’être le texte de l’auteur, un objet curieux que je vous invite à découvrir si vous souhaitez vous perdre un peu plus dans l’œuvre du Maître A. Moore.

abaddon 3Voici la fin de ma chronique mais je compte sur votre bouche-à-oreille pour relayer les informations suivantes:

Samedi 18 Mai à 15h00Jean-Marie Minguez vient en dédicace pour la sortie de Exil, un récit sur la guerre d’Espagne.

Samedi 25 Mai à 15h30Koren Shadmi sera là pour Abaddon.

Vendredi 31 Mai et samedi et dimanche 1er & 2 Juin– rendez-vous au festival Atlantide à la cité des congrès.

elriccouv2Et cerise sur le gâteau, nous vous proposons le samedi 8 Juin la venue de Didier Poli pour le tant attendu Elric aux éditions Glénat.

Pour vous remercier de nous aider à rendre dynamique notre librairie et vous proposer toutes ces rencontres, je vous donne une dernière information, les éditions Cornélius viennent d’éditer Fritz the cat de Robert Crumb, ce n’est pas une exclusivité de la Mystérieuse Librairie Nantaise, mais c’est un plaisir que de partager l’évènement.

fritz couvMerci de votre attention, bonne lecture à vous et à bientôt.

 

frissons

severedSerait-ce mon envie de vous voir passer des nuits blanches qui m’incite à vous présenter cette fois quelques ouvrages dérangeants cette fois-ci ?… Peut-être. En tout cas, voici de quoi vous faire frémir d’angoisse. Severed, Destins mutilés de Scott Snyder, Scott Tuft et Attila Futaki aux éditions Urban comics, collection Indies. severed extraitSevered est le genre d’histoire où dès le début vous avez tous les éléments pour savoir de quoi il retourne, vous connaissez le personnage principal, vous savez ce qui lui est arrivé, qui est le responsable et ce qu’il est devenu, et pourtant, à peine commencez vous à prolonger votre lecture que tout ça est vite oublié, tellement l’histoire est prenante avec un dessin à couper le souffle. Jack Garron est un père de famille à la petite vie tranquille, à la télé les prouesses d’un jeune artiste nommé Elvis Presley la discussion et l’ambiance de la maison, mais voilà qu’un pli arrive, contenant une photo qui le replonge aussitôt au moment de son adolescence, l’Amérique des Raisins de la colère de Steinbeck et des Anges vagabonds de Kerouac. Il vivait seul avec celle qu’il croyait être sa mère, mais en découvrant qu’il fut adopté, il décida de prendre la route afin de retrouver son géniteur, un violoniste qui lui laissa son instrument et une lettre. severed extrait3Il va découvrir le quotidien des Chemineaux, ces voyageurs sans un sou qui traversent le pays en tentant d’échapper aux contrôleurs, des rencontres où l’on apprend également qu’il ne faut se fier à la première personne venue. Le quotidien est parsemé d’imprévus et de rencontres inattendues, et si il ne trouve pas son père du premier coup, un vendeur ambulant de phonographes pourrait bien lui filer un sérieux coup de main pour le dénicher mais il faut une nouvelle fois prendre la route et traverser le pays. Cette histoire est un bijou, une perle rare et comme moi, il y a de très fortes chances que vous ne puissiez pas interrompre votre lecture tant que vous n’êtes pas arriver au bout du récit. abadoncouv Enfin! Enfin il est sorti: Abaddon de Koren Shadmi. Initialement prévu chez Vertige graphic, les aléas de l’édition font qu’il est publié chez Ici même, et si je l’ai attendu près d’un an et demi, je n’ai pas été déçu de ma lecture. abaddon extrait1Je ne vous donnerai pas beaucoup plus d’éléments que l’on m’avait donné à l’époque où on me l’avait présenté afin de voir si votre curiosité prendra le dessus.

Imaginez que vous vous présentiez à un appartement pour une collocation: vous sonnez à la porte, une jeune et charmante demoiselle vous ouvre et vous introduit dans la pièce principale, elle vous présente à vos futurs colocataires et vous montre la chambre de libre. Tout vous semble correct et vous prenez la décision de rester. Mais, car bien sûr il y a un Mais et pas des moindres, tout dérape, vous êtes témoin d’une altercation entre deux des résidents, et votre première réaction est de vous dire qu’il est hors de question de vivre dans une telle ambiance, et là ô surprise: il vous est impossible de sortir de l’appartement. abbadon extrait2 Comme la jolie jeune femme va vous l’expliquer, personne ne peut sortir, et pourtant vous venez remplacer celui qui a quitté les lieux tantôt… étrange. En tirant les rideaux vous vous apercevez que les fenêtres sont murées. Il est impossible pour vous d’ouvrir vos bagages, d’éteindre les lumières de votre chambre… Bienvenue à Abaddon. Il vous reste bien des choses à découvrir dans cette première partie, aussi bien sur le personnage principal que sur ses nouveaux amis et que dire du lieu dans lequel se déroule ce huis-clos. L’atmosphère se trouve accentuée par le choix des couleurs qui dominent l’album (les daltoniens ne s’y retrouveront pas) et qui donnent un côté lancinant à l’histoire. strain couv  

Guillermo Del Toro ne fait pas que du cinéma, parmi les différentes cordes à son arc il est également écrivain et l’un de ses écrits vient d’être adapté en Bande dessinée: The strain, la lignée. Au scénario David Lapham, Mike Huddleston au dessin. Moi qui suit assez fan d’histoires de vampires, je suis plutôt regardant et je l’ai pris en mains sans réelle conviction, mais une fois refermé j’avoue que j’ai eu une agréable surprise. Ephraïm Goodweather, père divorcé aimerait profité de son week-end avec son fils pour passer un peu de bon temps, mais un incident survenu à l’aéroport JFK de New-York va venir chambouler ses projets. En effet Ephraïm travaille pour un organisme gouvernemental qui lutte contre les attaques bactériologiques, et aujourd’hui un Boeing qui vient à peine d’ atterrir cause quelques soucis à la sécurité de l’aéroport. Les portes et les communications restent closes, reste-t-il âme qui vive à son bord? Devons nous faire face à une attaque terroriste? Dans le doute toutes les précautions sont prises. Les phénomènes qui vont suivre prennent leurs origines dans le folklore roumain que connait bien un vieux prêteur sur gage du quartier de Harlem, ce « vieux fou » ne va pourtant pas être pris au sérieux par les enquêteurs bien qu’il devine nombre d’éléments qui n’ont pas encore été rendus publics. Les sauts entre les différentes époques renchérissent l’histoire et la compréhension des évènements, avis aux amateurs d’histoires sombres et glauques: venez découvrir une histoire de vampires sauce Del Toro. canicule couv

Un nouveau Baru, en voilà une bonne nouvelle, encore un bon bouquin à savourer, et cette fois c’est l’adaptation du roman de Jean Vautrin « Canicule » qui fut porté à l’écran en 1984 avec David Bennent (l’enfant dans Le tambour), Lee Marvin, Miou Miou, Jean Carmet… j’en ai encore des frissons tant ce film m’avait marqué par son atmosphère et le jeu des acteurs. Jimmy Cobb n’est pas un touriste américain qui vient passer un séjour d’agrément en France, non il fait partie des gangsters internationaux de haut-vol rechercher par toutes les polices depuis, son évasion mais également depuis son dernier braquage et il se baladerait avec pas moins d’un milliard de centimes. Ayant doublé et abattu une partie de ses complices, d’autres gangsters sont à sa recherche, et tout se beau monde se retrouve dans la Beauce un été de canicule.

Toute l’action va se déroulée autour du corps de ferme de Horace, mari frustré et au tempérament violent, il règne déjà une certaine tension au sein de la famille et les évènements à venir risquent d’être particulièrement chauds. Notre braqueur va être comme un chien dans un jeu de quilles, perdu au milieu de nulle part, et acculé dans ses derniers retranchements. Un polar sombre mis en images par un Baru toujours au sommet de son art pour nous raconter des histoires peu ordinaires de gens pourtant bien ordinaires eux.

texierLe 11 Mai prochain nous nous faisons une joie de vous proposer une rencontre spéciale Même Pas Mal en accueillant trois auteurs Nantais publiés chez cette maison d’éditions à l’occasion de la sortie du nouvel album d’Olivier Texier: Grotesk, retour à l’anormal.

Il vous est peut-être connu sous le nom de Michou La Savate ou en tant qu’arbitre de la très fameuse fédération de Catch de dessins à Moustache, vous l’avez même peut-être aperçu dans son costume de girafe notamment au début du film de Pascal Rabaté « ni à vendre ni à louer »

grotesk extraitDonc il viendra avec deux de ses acolytes, Cécily et Gérald Guedin auteurs respectivement de Euclide et Luv Stories chez Même Pas Mal, mais Olivier nous présentera également son nouvel album à paraître aux éditions Humus: Cons-sidérations. N’hésitez pas à venir rire et frémir avec nous à l’humour déjanté de ces joyeux drilles.

Exclusivité de dernière minute: le 25 Mai nous serons honorés de recevoir Koren Shadmi, l’auteur de Abaddon que je vous ai chroniqué plus haut qui sera de passage en France et pour l’occasion à la Mystérieuse Librairie Nantaise, un grand merci à son éditrice Bérengère Orieux de cette opportunité de rencontrer cet auteur.

Y a pas que les Grands…

Allez, je vous remets l’air pour ceux qui ont oublié (ou ont été traumatisés ou n’étaient pas nés…). https://www.youtube.com/watch?v=_Hix6xAHuDc

Et donc :

« Y a pas que les Grands qui Aiment,

Y a pas que les Grands qui Lisent de l’Indépendant… »

Non, cela m’arrive aussi, non mais ! C’est juste que le Grand, il mitraille de la chronique plus vite que son ombre ! Alors, forcément…

cendresLes éditions Rackham viennent d’avoir la bonne idée de publier « Cendres » d’Alvaro Ortiz. Tout démarre avec les retrouvailles de trois anciennes connaissances, ayant fait les 400 coups ensemble, puis que le temps a éloignés. Sauf que ce groupe d’amis n’était pas un trio mais jadis un quatuor. Et ce quatrième absent et le rendez-vous qu’il a organisé sont au centre de ce périple. Polly, Moho et Pitter, sans oublier Andrès un singe vont avaler les kilomètres et les souvenirs.

Alvaro Ortiz ne nous fait pas miroiter un improbable suspens sur les motivations premières de ce road-movie parfois tendu. Non, il joue rapidement cartes sur table, mais sait se préserver quelques effets de surprise sur le dénouement dont il a su distiller habilement les indices tout au long de l’ouvrage. Le choix narratif – évocation de l’histoire par un des personnages qui fait le point sur cette aventure -, les digressions et les saut dans le temps dynamisent et enrichissent le récit, plus qu’ils ne le ralentissent. Surtout, ils permettent de suspendre notre incrédulité naturelle (un singe qui conduit ? des bikers poilus hommes de main ?), d’accepter toutes ces « anomalies » volontaires et de plonger sans a priori dans cette histoire. Enfin, une force poétique et une élégance indolente dans le dessin, saupoudrées d’une pointe d’humour, entoure ce joli petit album, que, vous l’aurez compris, j’ai aimé.

trouLe deuxième titre « indé » que je vous conseille est « Le Trou« . Un individu trouve un trou chez lui, un trou aux capacités étranges. Face à ce phénomène, il décide de l’amener auprès de scientifiques… Je ne vous en ferai pas des caisses, cet album se voit plus qu’il ne se lit. Cela vient du froid, de Norvège pour être précis et l’auteur O.Torseter pourrait être un lointain cousin de M.A.Matthieu. C’est publié à La Joie de Lire.

 

 

Allez, je reviens dans du « mainstream » avec plein de rouages maintenant, encore que…

douce« Douce, Tiède et Parfumée« , tel est le titre joliment suranné de cette nouvelle série réalisée par Ignacio Noé aux éditions Glénat. Vous vous souvenez certainement des superbes planches de la série « Helldorado » (Morvan & Dufranne, Casterman), peut-être même que certains avaient pu admirer son talent dans des séries aux héroïnes plus dénudées. Qu’importe, découvrez ici la majestueuse délicatesse de ce maître argentin et sa colorisation toute en finesse. Dans une Angleterre victorienne où tout est à découvrir, où les carcans de la « bonne » société sont encore solides, une jeune fille de l’aristocratie londonienne  va tenter d’éclaircir les raisons de l’assassinat de son père. Quitte à y laisser des plumes ! Si ce n’est l’adoption d’un rythme très rapide et d’une fluidité dans la narration qui pourrait frustrer les amateurs de récits plus lents, le scénario surprend par sa fraîcheur et son dynamisme. A découvrir au plus tôt !

 

city hallJe me souviens d’un petit déjeuner angoumoisin et festivalier en 2011 où, en compagnie d’Elsa Brant et Guillaume Lapeyre, j’avais écouté, frétillant, les premières évocations de « City Hall ». Le carton sous le bras, Guillaume Lapeyre partait en pèlerinage pour trouver un éditeur à même d’accueillir cette iconoclaste série. Ce fut Ankama et une belle surprise en librairie. Aujourd’hui, sort le troisième et dernier tome de la première saison de City Hall, un monde où les écrivains ont un grand pouvoir (et donc de grandes responsabilités !) car ce qu’ils couchent sur papier à la capacité de devenir réel. Les autorités ont par conséquent détruit toutes les réserves de papier et imposé l’écriture par le biais de clavier ou de machine, plus manuelle. Malheureusement, un mystérieux Black Fowl terrorise Londres par sa plume habile. Le jeune Jules Verne et son acolyte Arthur C.Doyle parviendront-ils à déjouer ses plans ? Le scénario de Rémi Guérin est habile et efficace, mené tambours battants. On pourrait souvent reprocher une trop grande expressivité dans les réactions des personnages (tel l’inspecteur page 131), une théâtralisation mêlée de trop de pathos et quelques effets de manches que n’aurait pas renié Houdini, mais on n’adopte pas certains codes du manga et passer outre ses caractéristiques les plus « outrancières ». De plus, l’auteur mitraille (comme Gérald) de références et de citations, parfois de trop. Mais qu’est-ce que tout ceci face au plaisir de lire cette explosive série ? Faites-vous plaisir et sautez en marche !

 

cuttingEnfin, « Cutting Edge » aux éditions Delcourt, de Francesco Dimitri et Mario Alberti . Ce dernier, dessinateur italien issu de l’écurie Bonnelli, m’avait fortement marqué il y a dix ans déjà avec « Morgana » aux éditions Humanoïdes Associés, et certaines de ces productions outre-Atlantique. Il m’avait cependant largement déçu pour les pages qu’il assurait dans « Les Chroniques de Légion« . Je suis donc soulagé de le retrouver avec le style élégant de ses débuts français tout en ayant assimilé le dynamisme recherché dans ses œuvres les plus récentes. L’écrivain Francesco Dimitri réalise ici son premier scénario de bande dessinée où tout tourne autour d’un dodécathlon… ! Ah, mais qu’est-ce qu’un dodécathlon ? Pour les non-hellénistes, il s’agit de douze épreuves, ici organisées par la prestigieuse mais mystérieuse Corporation Leviathan (vous sentez venir le piège, mm ?) pour les meilleurs compétiteurs dans leur domaine respectif. Il y a ainsi des scientifiques, des sociologues, des artistes, des sportifs… En accumulant secrets sur silences, saupoudrés de manipulations, enrobés de demi-mensonges et de fourberies, les voilà lancés sur le défi. De tous ces « kalos kagathos », nous n’en suivons que cinq pour une première épreuve qui somme toute semble fort simple… Mais attention au faux-semblant ! Je suis curieux de voir ce que nous réserve la suite (combien de tomes par épreuve ? Verra-t-on les douze ?) mais pour l’instant j’adhère ! Et j’espère que vous aussi.

That’s all folks… Y’a pas que les grands…. hum.

Long John Silver T.4 ou la BD la Vraie avec un Grand B

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Long John Silver – Tome 4 – Guyanacapac

Longjohnsilver4Long John Silver est ce que l’on peux déjà qualifier de BD avec un grand B, qui a et qui continuera de marquer l’Histoire du Neuvième Art. Vous êtes nombreux en librairie à nous demander. « Quelle est la BD indispensable du moment ? » ou « Quelle est la BD dont on parlera encore dans 10 ans, qui ne sera pas oubliée dans la foule des nouveautés ? » ou bien encore « Ce mois-ci je ne peux m’acheter qu’une BD, mais laquelle ? » Tant de questions légitimes auxquelles j’ai aujourd’hui une réponse : Long John Silver.

Alors si vous ne connaissez pas encore ce qui est déjà à classer parmi les trésors du 9eme art, sautez sur ce 4eme et dernier tome qui marque la fin de la saga. Quand vous lisez Long John Silver, c’est l’aventure à l’état brut, vous sentez le vent dans vos cheveux, l’air du grand large, la putréfaction des marais (!). C’est la magie des grands décors Hollywoodiens, en 2D. C’est la claque BD que tout le monde veut se prendre, aussi bien visuellement que scénaristiquement.

Longjohnsilver2Bref en quelques mots, si vous avez un tant soit peu de confiance en votre libraire, foncez. Je mets toute ma crédibilité de professionnel en jeu, sur cette série incontournable dans toutes les bonnes bibliothèques.

Si toute ma bonne foi ne vous suffit pas, je vais tenter de vous convaincre avec plus d’arguments.

L’Histoire :

Longjohnsilver3L’ouverture d’un album de Long John Silver, c’est un peu comme dans une salle de cinéma. La lumière autour de vous s’assombrit et votre regard se focalise sur l’écran (en BD c’est sur les cases), votre cœur bat de plus en plus vite au rythme du générique et là, le premier décor est planté, l’aventure peut commencer…

Le scénario est servi de main de maitre par Xavier Dorison. Pas un faux pas durant les 4 albums, des dialogues parfaits et un sens du récit unique. Vous l’aurez deviné notre héros n’est autre que Long John Silver, le Pirate de « L’île au trésor » de Robert Louis Stevenson. Les auteurs se défendent de prétendre écrire un suite au chef-d’oeuvre. Mais simplement un hommage au personnage qui a bercé leur rêve d’enfants. Si  je comprends ce parti-pris, le duo d’auteurs est beaucoup trop humble car ce que Stevenson a apporté au roman de piraterie, Matthieu Lauffray et Xavier Dorison l’ont apporté à la BD.

Layffray1C’est donc en toute humilité qu’ils nous font partager cette aventure originale de Long John Silver. Mais Long John Silver n’est pas l’unique héros de cette aventure. Car elle ne serait rien sans Lady Hasting. Une femme forte qui pensait refaire sa vie, mais qui va voir ses plans bousculés le jour où son mari perdu dans le Nouveau Monde lui envoie deux émissaires pour vendre son château et remonter une expédition. La femme ne pouvant se soustraire à son rôle devra prendre le bateau pour le rejoindre mais la belle a déjà secrètement refait sa vie et est enceinte d’un autre homme. C’est là que Long John Silver entre en jeu…

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Matthieu Lauffray, le magicien de l’aventure :

maqzoo32_ZooSi je vous est dit tout le bien que je pense de Xavier Dorison sur le scénario, le véritable magicien et enchanteur de cette tétralogie, c’est Matthieu Lauffray. Un GRAND GRAND GRAND maître du dessin et de la Bande Dessinée. Le charme de cette aventure ne fonctionnerait pas pareil sans son coup de crayon de génie. En 4 albums, il nous donne une leçon de découpage et de mise en scène, il utilise toute ses connaissances de l’univers du cinéma retranscrites en BD. Les décors sont tous plus réussis les uns que les autres, nous faisant vivre et ressentir l’histoire par tout les pores de notre peau, un frisson intérieur. Et pour arriver à cette impression que les lecteurs ont à la lecture, il faut énormément de technique. Je pourrai vous faire de longs discours sur le dessin de ce virtuose mais il vous suffit d’ouvrir un album pour comprendre.

Longjohnsilver8Matthieu Lauffray fait parti de ces auteurs qui influencent énormément les nouvelles générations. Avant, il y a eu Franquin, Hergé qui ont créé des personnages devenus mythiques, Moebius a révolutionné en son temps la BD et les année 2000 et 2010 ont été marquées par de grands dessinateurs tels que Guarnido (Blacksad), Alex Alice (Troisième Testament), Bajram (Universal War One) et Matthieu Lauffray Himself. Enormément de jeunes dessinateurs essaient de faire comme lui mais comme le dit le dicton : « Souvent copié, jamais égalé ». Il n’y a pas une recette toute faite pour accomplir du Matthieu Lauffray. Sinon tout le monde le ferait et il y aurait beaucoup d’albums à succès.

Donc bien que Long John Silver soit fini, on n’est pas prêt d’arrêter d’entendre parler de Long John Silver, déjà érigé au rang de culte.

Lauffray2Je pense que vous l’aurez compris, j’ai du mal à cacher ma « fan attitude » envers Matthieu Lauffray, mais comme libraire à force de lire des albums tous les jours, certaines fois on se demande si on perd goût à la BD ou si tout est moyen, même les bons albums ont un goût de pas assez. Et un certain jour, arrivent des albums comme Long John Silver et on retrouve foi en la BD. On redevient des enfants impatients et heureux comme tout…

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