Monsieur désire ?

desirecouv1Monsieur désire ? Si cette phrase sonne bien à votre oreille, qu’elle vous fait savourer un doux instant et vous donne un sentiment de puissance, d’une place privilégiée ou encore de suprématie… passez votre chemin car il y a fort à parier que vous n’apprécierez pas que Hubert et Virginie Augustin vous tiennent le miroir.
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Monsieur désire ? C’est la nouvelle bande dessinée des éditions Glénat avec pour scénariste Hubert, qui récemment en a séduit plus d’un avec les deux titres de la série « Les ogres dieux »Petit– et –Demi-sang– avec son compère Gatignol aux éditions Soleil, et il collabore cette fois avec Virginie Augustin connue pour son merveilleux travail pour « Alim le tanneur » en partenariat avec Lupano aux éditions Delcourt. Deux couvertures car deux éditions, une première en Noir & Blanc en tirage limité avec quelques bonus -crayonnés, recherches de personnages…- et l’édition classique en couleurs.

 

desire1Monsieur désire ? Bienvenue en Angleterre au tout début de l’époque Victorienne, la jeune reine Victoria vient d’accéder au trône et les remouds des années précédentes, tant politiques que religieuses, laissent encore leurs traces dans la société. Monsieur désire ? c’est l’histoire de Lisbeth, Bonne au service  d’un Lord, jeune homme de bonne famille, projeté très tôt à la tête de la fortune familiale. Edouard est semble t’il le noble le mieux pourvu du royaume, et j’entends par là bien évidemment, le mieux membré, ce qui alimente bon nombre de ragots et autres légendes autour du jeune homme, tant dans les hautes sphères de la noblesse que parmi les petites gens. Sa lubricité et ses débordements sont tout aussi légendaires que sa particularité physique, et le jeune Lord en joue allègrement (des deux, si vous voyez ce que je veux dire).

desire3Les genres ne se mélangent pas… en règle général, ou alors c’est toujours au détriment de celles et ceux qui se trouvent tout en bas de l’échelle et ça Lisbeth en est bien consciente, et l’une de ses anciennes collègues en a fait les frais. Rien que part le langage on peut déterminer la position sociale de chacun, tandis que Lisbeth se doit de vouvoyer le maître de maison mais également les membres du personnel qui se situent au-dessus d’elle, eux de leur côté ne manque pas, de par leur propos de la rabaisser ou de lui rappeler en permanence son statut, comme par exemple Ms Oliver la chargée de maison: « Baisse les yeux jeune fille ! Ne sois pas outrecuidante ! »

desire2Mais tout n’est pas aussi sombre pour Lisbeth que vous pourriez l’envisager, Madge, la cuisinière « ordinaire » va faire partie des soutiens occasionnels, de par une parole réconfortante, un geste attentionné. Son quotidien va être chamboulé par un événement inattendu: Une nuit où Edouard rentrera dans un piteux état, abruti par l’alcool, il fut victime d’une agression, Lisbeth se trouvait être la seule à disposition pour le déshabiller et le mettre au lit. Au lendemain de cette expérience, elle est convoqué par Edouard, et suite à cette conversation, il va chargé la bonne de l’accueillir chaque nuit qu’il rentrera de ses virées nocturnes. Là encore ne laissez pas vagabonder votre imagination, il n’y a rien de scabreux la-dessous. Il se trouve que Edouard a vu sa curiosité aiguisée par le fait que Lisbeth n’a montrer aucune gêne dans ses propos et sa conduite, et contrairement à James son valet-de-pied, il trouve en Lisbeth une confidente qui jusqu’à présent lui a toujours fait défaut: « Je ne cherche pas l’avis d’un spécialiste. Seulement celui d’une personne honnête et franche. Je pense que vous l’êtes, ça n’est guère courant dans mon entourage. » Il va même jusqu’à l’appeler affectueusement « Lisbeth, mon ange du matin« .

desire5Etre l’auditrice privilégiée d’un Lord à la vie scabreuse n’est pas sans conséquences, elle s’attire l’animosité de James et de Ms Oliver, qui dominaient jusqu’à présent la hiérarchie des gens de maison et voient d’un très mauvais oeil ce comportement qui ne respecte en rien les règles de la bienséance: « Mais quand même… Qu’il profite des faiblesses des plus écervelées, soit, c’est malheureusement dans la nature des choses. Mais qu’il se mette en tête de leur parler ! » Et que dire des propos que ses chastes oreilles vont bien pouvoir entendre, dévoilant un pan de la société Victorienne qui lui est inconnue, et un mode de vie des plus crus: « Fourrer ma queue dans le con saignant et dégouttant de foutre d’une fille à matelots qui ne se relève même plus entre deux passes. Elle est saoule de chair et de mauvais gin. Elle dodeline de la tête pendant que je la pilonne, et il n’est pas certain qu’elle se soit même rendu compte qu’elle a changé de partenaire. A un pas derrière moi un autre attend son tour en s’astiquant le manche. Je décharge et je lèche le jus qui perle de la fente, provoquant des murmures de dégoût alentour. « Vicieux ». Je me relève en m’essuyant le menton. On me dévisage et je souris. Que peuvent-ils comprendre ? »

desire4Oups ! Aurais-je omis de préciser auparavant que certains propos pourraient choquer les oreilles les plus chastes ? Cela ne me ressemble vraiment pas. Allez, je vous en remets une petite couche avec un savoureux échange entre Edouard et son ami Archibald: « Je vous voudrais que vous déclariez publiquement lors du bal de Lady Spencer… votre passion pour les queues, et tout particulièrement pour celles -Héroïques des « Horses Guards » de sa majesté. Contre une nuit d’amour avec moi. Ce n’est pas cher payer. »

Lors de ma lecture je me suis remémorer des ambiances comme dans le film de Robert Altman « Gosford Park » ou encore celui de James Ivory « Les vestiges du jour« , où le rapport des classes sociales et de la hiérarchie au sein d’une maison de maître marquaient le tempo du récit.

Pour une nouvelle fois Hubert saura vous surprendre par une histoire originale et attachante: Monsieur désire ?.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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