Coups de coeur : Du grand libraire

Ben ?! Qu’est-ce t’as ? T’es zuka !

Bouarf. Quel jeu de mot pourri pour commencer un article en l’honneur d’un dieu. Eh bien mes chers amis, il semblerait qu’il ait fallu attendre l’anniversaire posthume d’ Osamu Tezuka pour que certains éditeurs se réveillent enfin pour nous représenter certaines de ses oeuvres, mais attention, c’est un démarrage en douceur.

le 20 juin prochain les éditions Delcourt rééditent 2 de ses titres dont l’un n’est pas des moindres: L’histoire des 3 Adolf (que l’on me demande en moyenne une fois par mois) et Ayako. L’histoire des 3 Adolf sera en 2 parties tandis qu’ Ayako sera en one-shot, et chaque album sera vendu pour la modique somme de 29.99 euros (même pas 30 ma bonne dame, il y’en a un peu plus je vous le mets quand-même?). Sinon d’ores et déjà, vous pouvez remettre la main sur la biographie hallucinante de ce monstre sacré, sans qui le manga, les films d’animations ainsi que les séries animées tels que vous les connaissez ne seraient peut-être pas les mêmes. Osamu Tezuka, une vie en manga, chez Pika Graphic pour 35 euros cette fois, mais c’est du 900 pages dont une quinzaine consacrées uniquement à sa bibliographie, et c’est écrit en tout petit, je vous préviens.

Astroboy, Blackjack, Le roi Léo, Phénix, Métropolis… Si vous souhaitez tout voir et tout lire la production de celui qui encore aujourd’hui est considéré comme le dieu du manga, vous en auriez pour très très longtemps. Au long de sa carrière, l’auteur a consacré certaines de ses séries à effectuer une rétrospective de l’histoire du Japon, du moment où il va quitter sa période « médiévale » pour rentrer dans l’ère moderne, marquant ainsi la quasi disparition du peuple Aïnou dans la seconde moitié du XIX ème siècle avec Shumari, jusqu’à la domination économique du pays sur le reste du monde dans les années 80′ avec Gringo. Entre ces deux titres, vous trouverez: L’arbre au soleil, Ikki Mandara, Barbara, BlackJack, Kirihito, MW, Nanairo Inko, Midnight  et bien sûr Ayako et L’histoire des 3 Adolf.

Ces 2 histoires vont se dérouler à peu près à la même époque, pour Adolf, vous vous doutez bien que c’est pendant THE world war II, Ayako juste après la reddition du Japon pendant l’occupation Américaine. Si Osamu Tezuka invente une histoire qui permette de suivre la destinée de 3 hommes portant le même nom, il n’empêche qu’il utilise des infimes (et pas que) éléments de la réalité pour la située et l’étayer par la même occasion. 

Ainsi, lorsque l’histoire va débuter, nous nous retrouvons au moment des jeux olympiques de Berlin, l’un de nos personnages principaux (mais qui ne s’appelle pas Adolf, lui) est un journaliste sportif venu couvrir l’événement et par la même occasion rendre visite à son frère venu suivre ses études en Allemagne, mais l’accession dans les phases finales du saut à la perche de l’un de ses compatriotes va le faire arriver en retard à leur rendez-vous. Son frère malheureusement viendra d’être arrêté par la police secrète et n’oubliez pas que nous sommes en pleine montée du nazisme.

Les deux autres Adolf qui nous intéressent sont deux enfants qui vivent au Japon à la même époque. Le premier est fils d’un boulanger juif qui a fuit l’Allemagne pour sauver sa famille de ce qu’il pressentait comme une fin radicale (comme quoi avoir de l’instinct en sauve quelques-uns). Le deuxième, est le fils croisé d’un diplomate allemand et d’une japonaise. Bien que le Japon et l’Allemagne soient alliés, et que le deuxième est semble-t’il le leader, notre petit Adolf, mi-allemand, mi-japonais, mi-ours et mi-sanglier puis mi-scorpion derrière, bref le petit gars y’vient p’têt d’un milieu aisé, et issu de la « race supérieure », il n’empêche qu’il se prend des roustes comme n’importe lequel des petits autres européens qui va à l’école avec des japonais qui n’aiment pas trop, ben tout ce qui n’est pas japonais en fait. C’est de là que va naître l’amitié entre ces 2 enfants, au coeur des événements de notre Histoire.

Concernant Ayako, nous nous situons dans l’après guerre, le Japon s’est rendu et vient le temps du retour chez eux des prisonniers de guerre. Rappelons que jusqu’à peu de temps, l’empereur était considéré comme un dieu vivant, obligé de renoncer à son statut, cela a créé des tensions au sein de la communauté Nippone, peu osaient dire tout haut qu’ils étaient heureux de la fin de la guerre, tandis que les autres se retranchaient dans les valeurs traditionnelles. Tout ça pour vous indiquer qu’il était plus que honteux d’avoir survécu aux combats, les personnes qui rentraient chez elles pouvaient être rejetées ou marginalisées. Ayako est la petite soeur de l’un d’entre-eux, elle appartient à une famille de propriétaires terriens, situés à la campagne. Dans le cadre de la reconstruction du Japon, le nouveau gouvernement sous la tutelle des américains a déposséder les propriétaires en morcelant leurs terrains en parcelles et les a redistribuées afin de reloger ceux qui avaient tout perdu avec la guerre. C’est dans ce contexte que notre soldat rentre chez lui et découvre les tensions au sein de sa famille, et petit à petit va découvrir les secrets inavouables des événements qui se sont déroulés en son absence. De plus, il se trouve que les américains ne l’ont pas lâché comme ça, il est devenu un agent de renseignement à leur service.

Et pour finir, j’aimerai également vous annoncer d’autres bonnes nouvelles pour ceux et celles que cela intéressent:

Taiyô Matsumoto est de retour ! Une première fois en ce premier trimestre avec la seconde partie des chats du Louvre, aux éditions conjointes de Futuropolis et Louvre éditions. Mais au cours de l’année nous allons pouvoir le retrouver pour 2 autres rendez-vous. Le 13 juin doit sortir chez Pika Graphic, Red corner, et le 7 septembre Kana devrait commencer à publier une nouvelle série, Hanaoko, que des bonnes nouvelles, c’est moi qui vous le dit.

Concernant Les chats du Louvre, rappelons que le principe de cette collection, laisse le champ libre à des auteurs au trait original, de réaliser une histoire autour du musée. Pour ce récit, nous nous intéressons a différents individus, une guide et deux gardiens, ainsi qu’une bande de chats qui vivent dans les greniers et sur les toits du Louvre.

Encore une fois Taiyô Matsumoto fait preuve d’une extrême sensibilité, joue avec la fragilité de l’âme enfantine et ce, grâce à son dessin empli d’une délicatesse et finesse de trait qui me ravissent toujours autant depuis la première fois où j’ai découvert son travail.

Cécile travaille comme guide au musée du Louvre, alors qu’elle aspire à d’autres horizons, mais toujours dans le milieu artistique, elle croise Patrick, nouvel arrivant dans l’équipe des gardiens du musée.

Patrick quant à lui s’est vu mis en équipe avec le doyen des gardiens, Marcel, vieil homme patibulaire qui se soucie du bien être des quelques chats qui squattent le musée, et ce depuis des générations. Marcel a un secret: cela fait des années qu’il cherche désespérément sa soeur, Arrietta, qui, selon lui, se serait réfugiée dans l’un des tableaux du Louvre.

Tous 3 éprouvent un attachement particulier, tout comme au sein de la communauté des chats, pour le plus petit d’entre-eux: Flocon. Flocon a ceci d’exceptionnel, qu’il est un « passe-tableau », entendez par-là qu’il a la possibilité de se réfugier au sein des différentes oeuvres du musée et de s’y promener comme vous iriez faire une marche en campagne ou en bord de mer. 

Une étrange aventure se profile à l’horizon…

 

 

Y’ des zazous dans ma BD.

Il y a des albums, des bouquins ou que sais-je encore, qui tombent pile-poil au bon moment, ou encore qui ont l’avantage de pouvoir y plonger n’importe quand: L’automne à Pékin de Gaëtan & Paul Brizzi d’après le roman de Boris Vian aux éditions Futuropolis est de ceux-là. 

Je suis toujours partant pour un grain de folie, qu’il soit organisé d’avance ou encore mieux qu’il surgisse à l’improviste, alors lorsque j’ai ouvert L’automne à Pékin pour la première fois en librairie, le charme agit d’emblée, et du coup je le referme vite fait pour pouvoir l’apprécier avec un maximum de surprise lorsque je pourrai le lire dans les meilleures conditions possibles. Déjà de base, j’adore Boris Vian, que ce soit en tant qu’écrivain, chanteur ou musicien, donc je sais à quoi m’attendre: à tout ! Du possible à l’inimaginable, n’importe quoi peu surgir du cerveau de ce génie. Alors, pourquoi ne pas, une fois encore se laisser porter par sa folie douce ?

 

L’histoire commence avec cet homme qui prend le bus et s’endort à son bord pour enfin être réveillé par le contrôleur au terminus qui se situe aux portes du désert. Pas décontenancé pour si peu, au contraire c’est bien là qu’il se rendait, et d’un pas décidé, il s’enfonce au milieu de nulle part.

Enchaînons maintenant avec nos personnages principaux. Si Boris Vian est aux commandes, quoi de plus naturel que se retrouver dans le quartier de Saint-Germain des Prés dans une boîte de Jazz (mais sans Michel Jonas). Anne (c’est un homme) et Angel (c’est un homme aussi) sont entrain de s’encanaillés avec Rochelle, la petite amie du moment d’Anne. Après une nuit bien arrosée, ils prennent leur automobile pour rentrer chez eux, mais en route il renverse Cornélius, ingénieur pour la Wacco.

Ils le conduisent à l’hôpital, où le médecin de garde est plus préoccupé par par sa passion du modélisme aéronautique que par ses patients.

Les choses vont s’enchaîner pour nos deux ingénieurs désoeuvrés, et une opportunité s’offre à eux. comme Cornélius n’est plus en mesure de tenir ses engagements, ils le remplacent au pied levé et partent eux aussi pour le désert afin de réaliser pour la Wacco, la construction d’une voie de chemin de fer.

Ils en profitent au passage pour faire embaucher Rochelle comme secrétaire, ainsi que le médecin qui y voit là une opportunité de profiter de tout cet espace vide pour faire voler son aéronef, ainsi que son assistant, qui lui ne tenait pas tant que çà, à quitter le calme de son lieu de travail, surtout pour aller se perdre au milieu du désert. Sur place, Angel fera la rencontre d’une équipe d’archéologues, car un milieu désertique peut parfois révéler des trésors insoupçonnés, et l’aventure va enfin pouvoir commencer.

La commission artistique du centenaire de la première guerre mondiale, regroupant The lakes international Comic Art festival, On a marché sur la bulle et 14_18 Now, soutenue par le Heritage Lottery Fund & Arts Council England, et la liste est encore longue, commémore ce triste souvenir de l’histoire de l’humanité par un grand nombre de projets, parmi eux, une commande a été adressée à Dave Mckean: Black Dog: Les Rêves de Paul Nash. Nous avons la chance de voir cette très grande oeuvre traduite et publiée en France aux éditions Glénat.

Parfois le hasard fait vraiment bien les choses, si les organisateurs souhaitaient faire appel à Dave Mckean pour un projet si ambitieux, ils ne se doutaient pas de la fascination de l’auteur pour le travail de Paul Nash, artiste peintre et poète qui établit des passerelles entre l’homme et la nature.

C’est une oeuvre d’art à part entière, un récit magistral porté aux nues par le talent sans communes mesures de Dave Mckean (quoi j’en fais trop, cet auteur fait partie de mes illustrateurs préférés et je n’en ferai jamais assez pour dire tout le bien que je pense de son travail).

Au travers des rêves de Paul Nash, nous allons suivre son parcours qui l’a amené à se retrouver confronté à l’horreur de la guerre, et le travail graphique de l’auteur rend hommage au travail du peintre qui le fascine tout en faisant basculer le lecteur dans ces visions d’horreur auxquelles tant d’hommes ont été confrontés. Il ne faut jamais oublier que si maintes et maintes tentatives de témoignages, sous toutes les formes que ce soient ont essayé de nous faire prendre conscience de ce qu’à été ce conflit sans précédent, il ne faut pas s’étonner que la plupart des témoins sont restés prostrés dans leur mutisme, car nul mot ne pourra jamais exprimer leurs sentiments.

Et pourtant Dave McKean réussi à en transmettre une part, et vous ne ressortirez pas indemne de votre lecture de cet ouvrage qui fait déjà partie de ma bibliothèque idéale et indispensable. il y a tellement de choses à voir que vous ne pourrez pas attendre avant de rouvrir cet album et pour autant garder la « fraîcheur » de votre première lecture et de vos impressions.

Et mon dernier petit plaisir n’est autre qu’un nouvel album des éditions çà & là, une maison d’éditions qui me rend toujours curieux, cette petite perle n’est absolument pas à lire si vous ne souhaitez pas vous spoiler la majeur partie des films que vous n’auriez pas vus et qui vont être abordés dans ce livre: Filmographique de Edward Ross.

Si vous souhaitez découvrir l’histoire du cinéma ou les dessous des films; ce que l’image animée a modifier le regard de nous, spectateurs, et notre perception du monde; comment l’arrivée de la parole a fait perde de l’expression corporelle et de la force narrative; l’omniprésence devant et derrière la caméra du genre masculin entraînant une vision erronée de la société et des thèmes abordés concernant le gente féminine ou bien les transgenre…

C’est toujours chouette de pouvoir s’instruire en s’amusant, d’apprendre des anecdotes qui épateront vos amis en soirée , de découvrir que ce film que vous croyiez connaître sur le bout des ongles vous réserve encore plein de surprises, et qu’une fois que vous refermerez ce livre, vous ne percevrez plus le monde comme avant. Comme disait Tarantino: « Vive le cinéma ».

 

 

Pour tous les goûts.

Une envie de vous dégourdir les jambes dans les steppes glacées ? Ou préférez-vous une course de bolides en plein milieu du désert en compagnie d’une bande de tarés ? Si vous restez dans le doute, peut-être vous tournerez vous vers des personnages qui vont plonger dans le questionnement.

La collection « 7 » des éditions Delcourt: chaque album est une histoire complète, avec différents auteurs pour chaque histoire, ce qui vous permet de découvrir tout un tas d’auteurs et de variés les plaisirs, tant sur le plan graphique que narratif. Vous pouvez piocher selon vos goûts et n’en prendre que certains, ou bien vous faire toute la « collec » pour voir le beau chiffre sept apparaître sur la tranche de vos albums bien alignés sur votre étagère. 7 macchabées vient de clore la troisième saison, il y a donc 21 albums de parus, ira-t’on jusqu’à 7 séries de 7 albums ? L’histoire ne le dit pas. Etant donné la diversité des genres, on peut facilement être en désaccord sur quel album nous a séduit si vous en discuté avec un autre lecteur.

Le hasard veut que pour nous trois, il y a juste un album par saison qui a fait mouche sur vos 3 libraires en même temps, d’autres nous ont plu bien évidemment mais jamais à l’unanimité. Dans la saison 1, 7 Missionnaires, de Alain Ayroles & Luigi Critone où comment le clergé face aux invasions incessantes des vikings décident de se « débarrasser » de 7 brebis galeuses parmi ses moines pour une mission d’évangélisation des hordes barbares ou bien d’éradication dans la douleur des frères qui se sont détournés du droit chemin.

Saison 2, le retour, cette fois c’était 7 Détectives de Herik Hanna & Eric Canete qui nous prenait sous son charme, avec un hommage à la littérature policière classique, une enquête réunissant les plus grands détectives du monde chargés par Scotland Yard de résoudre une vague de crimes, une histoire quasi interactive pour le lecteur qui pouvait s’amuser à retrouver à quels enquêteurs les auteurs faisaient référence et démêler l’affaire en même temps que les protagonistes. Cette histoire à donné lieu à la série Détectives, sept beaux albums remettant dans leur contexte d’origine chaque personnage.

Saison 3, la revanche du fils du beau frère du cousin de la vieille dame croisée chez le boulanger il’y à six ans: 7 Macchabées, de Henri meunier & Etienne Le Roux.

les anglais ont toujours eu un sens de l’humour un peu douteux et une susceptibilité très prononcée, alors lorsque en 1909, ils se rendent comptent que leur suprématie maritime prend un coup dans l’aile par les allemands, ils profitent d’une innovation technologique mais balbutiante pour doubler leur concurrents dans la course à la conquête du pôle histoire de reprendre les devants dans un autre secteur: réanimer les morts. Pourquoi ? Eh ben, comme ils sont déjà morts, ils ont une meilleure résistance au froid, une force surdéveloppée… la Dreamteam de l’exploration.

Si la série 7 s’arrêtait là, entre 7 Psychopathes et 7 Macchabées, nous aurions deux des plus belles idées de scénarios pondues ces dernières années.

Streamliner t2, All-in day, de  ‘Fane, aux éditions Rue de Sèvres. Suite et fin de ce récit customisé aux petits oignons, par l’un des dessinateurs qui illustra avec brio la série Joe Bar team.

Un rade perdu au milieu du désert tenu par un ancien as du pilotage de course de vitesse et sa fille, des gangs férus d’adrénaline, des hordes féministes à moto, l’ennemi public n°1 poursuivi par le F.B.I. qui est prêt à tout pour le mettre hors d’état de nuire.

Voici les ingrédients qui composent cette recette pimentée à souhait, les personnages y mettent toutes leurs tripes, et ce n’est rien de le dire, pour que le lecteur partage leur expérience. c’est toujours un réel plaisir de retrouver le trait de ‘fane, l’un des concurrents nous rappelle carrément son personnage de Tunny Head, ce qui fait bien plaisir.

Deux hommes en guerre,T1 Le ministre et l’espion, de Jef, Desberg et Claude Moniquet, chez Le Lombard collection Troisième Vague.

Je l’ai déjà dit, la politique fiction du genre Largo Winch, I.R.S et consorts, ce n’est pas ma tasse de thé, mais il arrive que parfois je me laisse convaincre, ce fut déjà le cas avec Koralovski chez le même éditeur.

Jef, c’est le dessinateur de Balles perdues, Corps et âme, Jéronimo… parus récemment chez Rue de Sèvres, son style donne une ambiance très atypique à chacune de ses histoires et c’est grâce à lui que j’obtiens ma première accroche.

Ce qui me botte dans ce récit, c’est que l’on va retrouver les ingrédients qui font que notre réalité politique, la vie de nos hommes politiques plus précisément ainsi que leur parcours rivalisent avec l’ingéniosité de nos meilleurs scénaristes. Alors à la lecture, on ne peut s’empêcher de penser à toutes les affaires en cours ou bien celles de ces dernières quarante dernières années.

Un membre des services secrets français qui a été en activité sur tous les fronts chauds, au courant de certains dérapages de personnes du premier plan politique, se voit contacté par l’un d’entre-eux qui se présente aux primaires de son parti pour les prochaines élections présidentielles. L’affaire n’est pas que glissantes, elle est poisseuse, dégueulasse même, et y être mouillé risque d’apporter un tas d’emmerde et pas que pour lui, ses maigres connaissances pourraient en pâtir également.

La saga de Grimr, Jérémie Moreau, aux éditions Delcourt.

Un hommage aux sagas nordiques, tout comme nous avions déjà eu Snaergard de Vincent Wagner aux éditions du Long Bec un petit peu plus tôt dans l’année. Une histoire de destinée, le drame omniprésent. Un jeune orphelin, rejeté de tous qui se retrouve en compagnie d’un personnage patibulaire (mais presque) qui vit en marge de la société.

Leur indépendance est leur force autant qu’elle est leur faiblesse, notamment parce que la liberté des uns provoque la jalousie des autres. Grimr continuera son parcours bravant les coups du sort, et ce, quelqu’en soit les conséquences. L’Islande est une terre de contraste, un lieu ou le forces de la nature se déchaînent peut-être pus fortes que nul part ailleurs, et notre histoire se déroule au XVIII ème siècle, alors que l’île vit ses heures les plus sombres de son histoire.

On retrouve Jérémie Moreau aux commandes, scénario & dessin, on a aimé son travail précédemment sur Le singe de Hartlepool en collaboration avec Wilfried Lupano (décidément il est partout ce garçon) et Max Winson, l’histoire de ce jeune joueur de tennis prodigieux et imbattu qui voit sa carrière chapeautée d’une main de fer par son père.

Jérémie Moreau a un trait atypique, qui confère à ses histoires une accroche toute aussi forte que le récit lui-même. Sur Grimr, le dessin donne de l’ampleur à ses décors d’extérieur, une très belle découverte, dépaysante à n’en pas douter.

Et le petit dernier: Ces jours qui disparaissent, de Timothé le Boucher, chez Glénat.

Il se trouve que nous allons recevoir l’auteur en dédicace samedi 30 septembre.

Imaginez-vous un instant à voir le temps filer de telle manière, que du jour au lendemain, vous sautiez une journée. Un jour sur deux, vous vivez votre vie normale, sans jamais vous rappeler de ce que vous avez fait la veille, et dans l’angoisse de rater la journée suivante. c’est ce qui arrive à notre personnage, qui se pointant au travail, un jour qu’il pense être le lundi et débuté sa semaine, apprend que nous sommes déjà le mardi. Comment continuer vos activités, professionnelles, artistiques si comme Lubin maréchal vous faites parti d’une troupe de spectacle, louper les répétitions et ne pas entretenir son corps pour les performances qu’il doit réaliser.

et que se passe-t’il durant ces jours d’absence ? heureusement que la technologie est là pour se filmer et garder une trace des événements. Comment vous sentiriez-vous, si, un autre vous, décidait de suivre un autre parcours que le votre lorsque il vit les journées à votre place ?

Force de caractère.

Il en faut de la force de caractère pour les protagonistes des histoires que je m’en vais vous présenter. Trois comics, deux suites de séries et une nouveauté en One Shot, des histoires violentes mais pas dénuées d’intérêt, chacune avec son propre univers graphique, la première: Wild Blue Yonder, les aventuriers du ciel, de Mike Raicht, Zach Howard, Austin Harrison & Nelson Daniel, chez Glénat Comics.

Tout d’abord, ce récit m’a remis en mémoires des ambiances similaires, le film de Mamoru Oshii, The sky crawlers. Mamoru Oshii, vous le connaissez peut-être, réalisateur de génie de films comme les premiers Ghost in The Shell, Avalon, Jin-Roh la brigade des loups et tant d’autres encore. Avec The Sky Crawlers, nous nous situions demain dans notre monde, un conflit sans précédent à vu le jour et perdure depuis un certain temps.

L’origine de cette guerre s’est perdue, mais deux camps continuent de s’affronter, ayant toutefois des scrupules à causer des victimes, ils ont développer des soldats génétiquement à partir des gènes de combattants, et c’est maintenant de la chair à canon, des adolescents qui ne vieilliront pas, d’ailleurs au vu de leur destinée, leur espérance de vie est bien courte. et nous nous intéressons à un jeune pilote d’avion qui arrive sur la base où il est affecté, s’intégrer à un petit groupe d’intervention. Comme à son habitude Mamoru Oshii développe une histoire avec beaucoup de philosophie et c’est le genre de film que vous regarderez un bon nombre de fois, ne serait-ce que pour son basset Hound, son animal fétiche qu’il nous glisse à toutes les sauces.

L’autre film d’animation qui m’est venue en tête est une série plus grand public, il y a deux saisons, c’est Last Exile de  Koichi Chigira à la réalisation et  Range Murata au character design. Une histoire plus Steam Punk dans l’esprit, deux enfants, pilotes d’un avion et messagers/coursiers, dans un contexte de conflit entre différents pays, des guerres à l’ancienne, « tirez les premiers messieurs », où l’on aligne les soldats les uns en face des autres, et on compte les victimes par milliers. Néanmoins, la poésie et le charme est de rigueur dans cette série.

Wild Blue Yonder, l’Homme ne se refait pas et a bien évidemment foutu en l’air la planète en faisant exploser ses bombes nucléaires, le monde est plongé dans le chaos et des bribes d’humanités subsistent çà et là. 

Le salut est dans les airs, il existe des vaisseaux, véritables villes volantes où les survivants se sont réfugiés et tout le monde sur chaque navire se considère comme une seule et même famille. L’aurore est un navire un petit peu particulier, déjà, il n’a pas d’alliés, mais surtout, il a la particularité de pouvoir se passer de carburant, ce qui a alimenté les légendes à son propos et suscite la convoitise de ses adversaires. Ses habitants ont déjà subis plusieurs attaques, et leur défense aérienne n’est plus réduite qu’à quelques avions. Ceux-ci sont accompagnés de pilotes de jet-packs, chargés des opérations délicates ainsi que les abordages. Une vie mouvementée, le risque d’y rester est permanent,ce qui renforce les liens qui les unissent.

Cola est l’actuelle meilleure pilote de défense de L’Aurore, véritable risque tout qui ne laisse jamais l’un de ses acolytes face au danger, et ce, même si cela doit contredire les ordres de sa mère qui dirige le vaisseau. Elle va se voir adjoindre un nouveau coéquipier, Tug, ancien mineur qui vient d’être recueilli à bord et qui va devoir apprendre le maniement du jet-pack.

c’est un récit complet en un seul volume, suffisamment dense pour satisfaire vos attentes, mettre en place l’histoire, le dessin est très chouette. La couleur est un peu sombre, mais coïncide avec le confinement des personnages dans leur navire, ou bien les conditions extérieures qui, bien qu’elles se passent dans les airs, sont sujettes à un environnement saturés de nuages radioactifs. Ah çà, c’est violent, mais c’est la guerre ma bonne dame, que voulez-vous, on ne se refait pas, et ceux qui ont essayé de se battre à coup de fleurs ne sont plus là pour en parler.

La suite! La suite! Les suites!

Deux sorties pour des séries qui nous avaient bien plus auparavant, en commençant par le troisième tome de Manifest Destiny t3, Chiroptères et carnivores, de Chriss Dingess, Mathew Roberts & Owen Gieni, aux éditions Delcourt.

Connaissez-vous dans l’histoire de l’Amérique et l’exploration de l’ouest sauvage, la mission de Lewis & ClarkSacagawea? Non? Alors je vous invite à re-regarder les Simpsons, Lisa interprétant le rôle de la guide de ces deux explorateurs, joués par Lenny & Carl (je reste fidèle à mes classiques), dans l’un de ces épisodes qui regroupe trois histoires classiques détournées par la famille en jaune (pour les curieux, c’est le onzième épisode de la saison 15).

Thomas Jefferson, troisième président des Etats-Unis, envoie les deux hommes en exploration jusqu’à la côte Ouest en prévision des prochains convois de colon qui s’installeront sur ces terres, et en l’occurrence, se débarrasser des éventuels dangers qu’ils pourraient rencontrer.

Contrairement à la réalité, où il n’y a eu qu’une seule victime, notre histoire va réserver de biens étranges rencontres, toutes plus dangereuses et surprenantes les unes que les autres. Les chefs de missions savent à l’avance que des périls les menacent, et que des créatures fantastiques peuplent ces territoires inconnus. les zones les plus dangereuses coïncident avec la présence d’étranges arches qui émergent du sol, sur une hauteur vertigineuse et de textures des plus insolites.

L’expédition est constituée de soldats, de repris de justice, de scientifiques et quelques volontaires. Tous vont frôler la folie face aux rencontres improbables qu’ils vont faire, des bisons/centaures, des insectes géants, des êtres végétaux et tant d’autres encore. Cela va être une véritable hécatombe, mais qu’à ne cela ne tienne Lewis & Clark n’ont d’autre choix que de continuer et de mener leur expédition jusqu’au bout, et nul mutinerie ne sera tolérée. C’est en chemin qu’ils font la rencontre de Sacagawea et de son mari Toussaint Charbonneau, union bien particulière, elle n’avait que 15 ans alors, ils se tolèrent mais ne s’apprécient pas plus que ça, seulement Sacagawea ne peut plus rentrer dans sa tribu, c’est pourquoi elle accepte de guider la mission. Là aussi, nous sommes sur un récit violent, mais qui fait preuve d’une richesse d’ingéniosité dans le bestiaire qui est proposé, sur les relations humaines au sein de cet équipage et bénéficiant lui aussi d’une belle ambiance graphique.

Deadly Class t5 – Carousel, par Rick Remender, Wes Craig & Jordan Boyd, chez Urban Comics collection Indies.

Alors là, le titre vous annonce la couleur: une classe ou on apprend à tuer, cool non ?! 

Marcus, adolescent, est orphelin et est devenu SDF, la vie au jour le jour n’est pas facile, trouver un abri, se nourrir, protéger le peu d’affaire en sa possession, tout est un combat du quotidien. il va cependant intégrer la Deadly Class, car une histoire circule sur son passé et sa responsabilité d’un massacre, lui conférant un talent inné de tueur. 

Cette école accueille l’élite de la progéniture de toutes les mafias du monde entier, toute la lie de la société, les pires vicelards qui tiennent bien de leurs parents. L’esprit de camaraderie n’est que bien trop souvent qu’apparence, mais de belles histoires naissent quand même.

Pour ceux qui ne connaissent pas la série, je ne vais rien dévoiler de l’histoire si ce n’est que vous trouverez un peu de tous les ingrédients d’une histoires d’adolescents qui fréquentent le lycée.

Pour, les autres, j’espère que vous vous souvenez de la fin de la première année d’études et sa cérémonie dans le tome précédent. Si ce n’est pas le cas, relisez-le avant de vous plonger dans ce nouvel épisode. 

Qui dit, fin d’année, dit obligatoirement, nouvelle année, nouvelle rentrée, et donc… nouveaux élèves. Comme si, les anciens n’avaient pas déjà assez de casseroles au c** et que leur histoire personnelle pouvait rejaillir à n’importe quel moment.

Un dessin et une mise en page dynamiques accompagnent ces personnages hauts en couleur. un mélange de gore, d’humour et de cynisme, tout pour me plaire et peut-être vous aussi. A bientôt.

gangs, brigades, équipes et autres crews.

Georges Brassens disait que le pluriel ne valait rien à l’homme, mais dans certains cas, il est plutôt salvateur de ne pas se retrouver tout seul.

Ce sont des histoires de teams, de bandes (organisées ou non), mais celles-ci ne manqueront pas de vous surprendre. vous avez déjà été réveillés au beau milieu de la nuit par des miaulements de chats en train de s’affronter, en vous disant que, peut-être c’était insupportable, mais que vous n’iriez pas vous interposer entre-eux de peur d’y perdre certainement un bras: Street fighting Cat. Mais si c’était le cas, alors vous feriez appel aux Brigades immunitaires, les petites cellules de votre corps qui se battent incessamment pour vous garder sur pied. Et une fois remis de vos émotions pourquoi ne pas partir à l’aventure, à la rencontre de l’inconnu, mais le ventre plein, car il faut bien se nourrir: Gloutons & Dragons.

Street Fighting Cat de SP*Nakatema aux éditions Doki Doki

Qu’ils sont mignons les chatons, on leur donnerait le bon dieu sans confessions, quoique… A y regarder de plus près, si vous êtes assez discrets pour qu’ils ne vous remarquent pas, vous serez assez surpris de leur organisation. Ils sont constitués en bandes, ils se répartissent les territoires, et déroger à la règle entraîne de sévères conséquences: Hige en a fait les frais.

Torao & Hige sont 2 chats de gouttières, comme tout un chacun, ils ont des rêves, notamment celui de se hisser tout au sommet de la gloire et de la hiérarchie féline, dominer les autres, c’est aussi ne plus avoir à se soucier d’avoir un abris, de la nourriture, mais pour le moment ce n’est pas le cas.

Ils se font la promesse de changer tout ça, mais pour se faire, il va falloir conquérir les territoires, un serait déjà bien suffisant, mais ils veulent être les chefs de toute la ville. Il va falloir défier les leaders les uns après les autres, mais voilà, dès la première bataille, tout tombe à l’eau, leur plan ne se déroule pas comme ils le souhaitent, et Hige, plus peureux que jamais fuit et laisse son ami Torao aux pattes et aux griffes de leurs adversaires, il finira dans la rivière, et de là, le destin de Hige est scellé, il restera le Tocard, le Lâche, celui qui jamais ne sera accepté dans aucune des bandes existantes et sera sujet à toutes les brimades.

Hors, un jour, toujours habité par les remords, il va découvrir se qui se trame en ville: un nouveau venu chamboule tout, et sen prend à tous ceux qui se dresse sur son chemin pour devenir le maître de la ville.

C’est une bête, un chat énorme et que rien n’arrête, il remporte ses combats haut la main et Hige voit en Nobunaga (du nom du célèbre général) la clé de sa vengeance. Il va découvrir, en s’imposant aux côtés du nouveau venu, qui n’a pourtant pas l’envie de s’encombrer de ce looser, que Nobunaga, contrairement à tous les chats du quartier, est issu d’une maison. Un chat dorloté et choyé, qui n’avait aucun soucis du quotidien de tous ces chats des rues pour qui la vie est âpre, et qui a quitté son cocon pour conquérir tous les territoires et s’imposer par la force. Hige arrive toutefois à rester dans le giron de Nobunaga, car celui-ci ignorants quels sont ses futurs adversaires et quelle est la répartitions des territoires, a besoin d’un guide capable de le renseigner, voilà le duo improbable errant dans la ville, et les chats ne parlent déjà plus que de ça.

Street fighting Cat est une série en quatre tomes et les 2 premiers sont déjà parus.

Et voici la viiiie, la belle vie qui coule dans nos veines… Si vous n’avez pas reconnu l’air (oui, j’ai bien dit l’air car je le chantais en écrivant), ni les paroles, c’est le générique de Il était une fois la vie.

AAAHHHH, les séries « Il était une fois », comment apprendre en se divertissant, l’homme, l’espace, les inventeurs, les explorateurs, ET la vie. Le temps a beau passer, elles n’en restent néanmoins toujours cultes. 

Dans les nouveautés du moment, vient de paraître le deuxième volume des Brigades Humanitaires de Akane Shimizu, publié en France par Pika éditions.

Dans un cadre où notre corps humain ressemble à une grand usine à gaz, une société technologique qui fourmille d’un nombre incalculable d’habitants, où tous ont leur rôle a jouer. Point de prénom pour chacun, mais un nom qui correspond à sa fonction, et c’est en suivant Hématie (un(e) globule rouge) que nous allons parcourir le corps humain.

Chaque chapitre présente la diversité de ce qui compose notre métabolisme, leur rôle, leurs fonctions, de l’acheminement des bulles d’oxygène à la défense contre les virus et autres bactéries, une véritable documentation des plus complètes. Cependant ATTENTION ! le réalisme choisi par l’auteur implique parfois de la violence visuel, les globules blancs ressemblent à de véritables psychopathes, il ne faut pas oublier que ces anticorps sont là pour éradiquer tout intrus à notre corps; mais on oublie pas de rigoler, surtout lorsque l’on voit comment il décide d’illustrer le virus de la grippe: souvenez vous dans quel état vous vous êtes retrouvé la dernière fois que vous êtes tombé malade, tout comateux, vidé de toutes vos forces, et bien il la représente sous la forme d’une horde de zombie qui se balade dans notre organisme pour nous contaminer.

Et, pour finir, une histoire bien délirante comme je les aime. Cette semaine est sorti le deuxième tome de Gloutons & dragons, de Ryoko Kui aux éditions Casterman.

Le titre fait bien évidemment référence au jeu de rôle Donjons & Dragons, série cultissime, vous prenez une équipe d’aventuriers propres à l’héroic fantasy, constituée, d’un chevalier, d’un mage, d’un voleur… Elle est composée de différentes races, homme, nain, elfe… Vous les mettez dans un donjon, à la recherche d’un trésor, ou dans tous les cas, assortis d’une quête, un soupçon de monstres par-ci, par-là, laissez mijoter et dégustez le résultat.

Vous connaissez les ingrédients, mais vous ne savez pas encore si vous êtes en mesure de le digérer ? Et ben c’est là que réside l’histoire. Jusqu’à preuve du contraire, tous parmi vous, amis lecteurs, vous vous nourrissez, et vous avez même, peut-être un plat de prédilection. peut-être encore, vous êtes vous essayés à créer vos propres recettes, ou tester un ingrédient dont vous ignoreriez tout jusqu’à présent. L’histoire de l’humanité est ce qu’elle est, parce que depuis la nuit des temps, on a mangé ce qui nous tombait sous la main, des fois on s’en sortait bien, des fois on en mourrait, et parfois même, dans d’atroces souffrances. 

Notre équipe dans cette histoire vient de s’aventurer dans un donjon. En affrontant une créature monstrueuse, l’un d’entre-eux s’est sacrifié afin que les autres puissent être sauver et se retrouver comme par magie (ben non, pas « comme ») PAR MAGIE, à l’extérieur du donjon. Le chef d’équipe n’écoutant que son courage et sa responsabilité, il décide de repartir, seul, sauver son acolyte qui, pense-t’il, est encore vivant dans la panse de la bête. si les autres comprennent qu’il ne veut pas les mettre en péril, ils décident quand même de l’accompagner, on est une équipe soudée ou ne l’est pas.

Le « HIC », c’est que leurs réserves sont vides, et ils n’ont pas le temps si ils veulent réussir leur mission de sauvetage de retourner faire le plein. Une seule solution s’offre à eux, se nourrir sur place avec ce qu’ils trouveront, ou tueront, c’est selon. certaines créatures sont ragoûtantes, d’autres dégoûtantes, mais faut-il toujours se fier à l’apparence ? En chemin, ils vont rencontrer un nain qui erre depuis quelques temps dans les méandres du donjon, pour la simple et bonne raison qu’il souhaite justement découvrir et développer l’art culinaire de l’aventurier en milieu hostile. C’est drôle, c’est con, donc c’est bon. Bonne lecture.

 

étrange et autres bizarreries.

Si le silence est d’or, mon rythme de parution de mes coups de coeur est sépulcral ces derniers temps, mais voilà que l’étrange est au rendez-vous et m’incite à vous faire une petite mise en avant des curiosités du moment.

Mais avant tout, c’est la sortie de Saga t7, de Brian K. Vaughan & Fiona Staples, chez Urban Indies qui est la nouveauté à ne pas rater. A n’en pas douter, cette série reste et restera une de mes plus grosses claques de ces dernières années, une saga intergalactique, mêlant amour, aventure, science-fiction, magie, romance et violence. Un mélange des plus hétéroclites qui surprend le lecteur à chaque page, de par la diversité de ses personnages, de la structure de cet univers, de ses rebondissements, mais surtout par sa narration, celle qui nous conte cette histoire n’est autre que le bébé que nous découvrons au début du premier tome, et qui a décidé de nous faire partager l’histoire de ses parents, deux êtres que tout oppose dont une guerre entre leur deux cultures, l’une alliée à la magie, l’autre à la technologie, un monde étrange et beau, porté par le dessin de Fiona Staples.

A la folie… Pas du tout ! Sora Ono, aux éditions Delcourt/Tonkam.

Certaines histoires sont vraiment difficiles à définir, d’autant plus si à y bien regarder il n’y en pas, je m’explique. ce manga est un recueil de mini récits en 2 pages, pour la première partie, puis quelques pages pour la deuxième. Je vous l’ai annoncé tout de go, nous sommes sous le signe de l’étrange. A la folie, c’est d’abord un travail graphique remarquable pour la netteté de son trait, un dessin en pleine page qui vous fait découvrir une scène de vie de couple qui dégénère sur la page suivante, le découpage vous imposant de tourner la page pour découvrir la deuxième partie, et comme les personnages, vous la prendre… en pleine gueule, désolé, il n’y pas d’autre expression qui convienne. 

Ce n’est pas une apologie de la violence conjugale, mais un pur acte de violence gratuite et fracassante. Fracassante est le terme adéquat pour les histoires qui suivent par la suite, où là encore on retrouve souvent des couples, mais il s’agit de Kabe-Don. Kabe: mur; Don: boom. point de mots à mettre pour cette explication, je vous laisse ouvrir le livre pour découvrir et « comprendre », car en fait il n’y a pas de logique à tout ça, juste de la gratuité du geste et de la prouesse technique.

To your eternity, Yoshitoki Oima, Pika édition.

Traverser l’éternité est un rêve qui traverse l’histoire de l’Humanité, les alchimistes, les créatures telles les vampires et autres immortels, les exemples ne manquent pas dans l’imaginaire de l’Homme.

Là, c’est une sphère qui a fait son apparition un jour sur la Terre. Pourquoi l’a t’on déposé là ? L’être qui nous l’a envoyé voulait juste observer son évolution. Cette étrange forme de vie est évolutive, pas spécialement pour survivre face aux éléments, son adaptation peut se faire en fonction de ses émotions (si elle en a, ou peut-être découvre t’elle justement ce que c’est). Sphère, pierre, mousse… elle va prendre une forme de vie plus commune sous la forme d’un loup, copiant le modèle qui vient mourir devant elle, mais elle le copie tel quel, donc avec la blessure mortelle que la bête avait; d’elle même, sans comprendre ce qu’elle fait, elle va corriger cette anomalie, et pour la première fois, se déplacer, jusqu’à ce qu’elle croise un enfant qu’elle va accompagner; La suite est un voyage initiatique à découvrir.

L’enfant et le maudit, Siuil, a run, Nagabe, Komikku éditions.

Ce monde est coupé en deux, « l’intérieur« , le monde où les hommes ont trouvé refuge, et « l’extérieur« , vestiges de l’humanité où résident les « Maudits« . Ces créatures, être difformes à l’allure monstrueuse et bestiale, étaient autrefois des humains qui se sont vus métamorphosés, qu’importe l’explication, ce n’est pas un mode évolué comme le notre, plutôt médiéval où le fantastique garde son mysticisme et sa part d’inconnu. Une exception, une jeune fille vie au-delà des murs de la cité des hommes, dans les ruines du village d’où elle est originaire, et en compagnie du « maudit« ; elle attend le retour de sa mère. Le contact physique est interdit, sous risque de se voir maudit à son tour et de se transformer à son tour en créature, difficile alors pour le « professeur » de prendre soin de l’enfant encore fragile, si elle se foule la cheville, elle est obligée de rentrer par ses propres moyens car il ne peut la porter. Un récit onirique, teinté de poésie, une qualité de dessin exigeante et agréable, un incontournable des mangas publiés récemment ?

Tokyo Alien Bros, Keigo Shinzo, Le Lézard Noir.

Les amateurs de mangas originaux et marginaux tels que moi aiment considérablement se tourner vers les éditions Imho et Le lézard Noir. Actuellement chez Imho, on s’intéresse à Tokyo Kaido, la nouvelle série de l’auteur de Chiisakobé, Minetarô Mochizuki, histoire assez étrange elle aussi. Mais pour l’heure, c’est Tokyo Alien Bros qui m’amuse. Après Les vacances de jésus & Bouddha, voici deux autres créatures qui décident de passer du bon temps au Japon.

La Terre est elle un lieu propice pour qu’une race extraterrestre vienne s’y installer ? C’est la mission de Fuyunosuke (c’est le nom dont cet être étrange s’est affublé) est chargé d’appliquer. Seulement, son caractère exubérant et enjoué, fait en sorte que cela fait plus d’un an qu’il n’a pas établi de rapport à ses supérieurs. Ils ont donc envoyé son frère aîné, que Fuyunosuke va baptiser Natsutarô à son arrivée, pour superviser et recadrer son cadet.

Afin de prouver qu’il n’a pas fait que glander sur terre, Fuyunosuke va servir de guide à Natsutarô, lui faire goûter ce qui lui semble être la boisson la plus succulente qui se trouve en réserve quasi inépuisable sur terre et encore inexploitée par les hommes (je vous en laisse la surprise). N’ayant pas encore compris toutes les subtilités et us et coutumes de notre planètes, ils vont avoir leur propre interprétation de nos modes de vie, créant beaucoup de situations cocasses. Et leur nature et structure extraterrestre ne leur permet pas de faire face à certains imprévus: le contact avec le sel les fait fondre, ou bien un gentil moineau qui vient picorer dans la main peut avoir une conséquence désastreuse. le terme étrange est plus qu’adapté à ce genre d’histoire.

Mr Punch, Neil Gaiman & Dave Mc Kean, Urban Graphic.

Une nouvelle réédition d’une oeuvre de Neil Gaiman et de son acolyte Dave Mc Kean, je ne pouvait passer à côté, vous pensez bien, et dans la thématique de l’étrange, Mr Punch est plus que la bienvenue.

Vous connaissez certainement Polichinelle (et autrement que pour ses secrets), son origine est italienne. En France, nous avons Guignol, eh bien sachez le, les anglais ont Mr Punch. Tous trois sont des spectacles de marionnettes populaires dans leur pays d’origine, seulement, si les deux premiers ont un côté contestataire face à la société et notamment à la hiérarchie, Mr Punch à une toute autre symbolique.

La méthode narrative de Dave Mc kean alliant différentes techniques de dessins, de collage et de manipulation de matières, associée à l’univers très sombre de Mr Punch, donne un résultat final des plus dérangeant, renforçant l’intention première.

Mr Punch, c’est de la brutalité et de la violence en toute impunité, pas très moralisateur me direz vous. Mais rappeler vous que contrairement à l’idée que tout le mode se fait des contes pour enfant de nos jours, à l’origine, tous sont bien moins mièvres que l’image que Disney a imposé (il n’est pas le seul dans ce cas, mais en est le plus bel exemple). La cruauté et tout autre travers de l’humanité ne devant pas être évités dans les morales des histoires telles que leurs auteurs d’origine l’ont souhaité. Un livre étrange et beau, angoissant et captivant, vous croyiez en avoir fini avec les cauchemars, pensez donc, Neil Gaiman est capable de raviver vos pires souvenirs… j’adore. 

 

 

 

 

 

Gaiman: Tout un programme !

Comment aborder les filles en soirées de Neil Gaiman, Fabio Moon & Gabriel Bà aux éditions Urban Graphic.

Neil Gaiman est de retour (encore) pour mon plus grand plaisir, et quand, de plus, il s’associe avec deux autres auteurs que j’apprécie, les frères jumeaux Fabio Moon & Gabriel Bà, il ne me reste vraiment qu’à me demander si ce n’est pas déjà Noël. 

Neil Gaiman, je vous l’ai déjà présenté en long, en large, en travers et j’en passe. C’est un auteur multi carte, il est écrivain, scénariste de Bandes-dessinées, auteur d’épisodes radiophoniques et d’albums jeunesse… Une de ses oeuvres phare est Sandman que je vous avais présentée fin 2016 à l’occasion de la sortie du tome 0. Il aime a travailler avec des dessinateurs au trait original, et c’est ce qui nous amène à Fabio & Gabriel.

Fabio Moon & Gabriel Bà, deux frères jumeaux Brésiliens dont nous adorons le travail et que nous avons eu le bonheur de recevoir à la boutique lors de la sortie de leur album Deux frères. Fabio, nous l’avions rencontré précédemment lorsque nous avions représenté la maison d’éditions Urban Comics à St-Malô à Quai des Bulles en 2012 pour Daytripper, nous n’avions qu’un seul auteur à cette occasion, mais quel auteur !! Ils s’auto-éditent au Brésil, ils bénéficient d’éditeurs Américains comme Dark Horse, et n’ont pas à rougir quand on voit qu’ils ont travaillé sur la série American Vampire, ou bien qu’un certain Mike Mignola fasse appel à eux pour des récits de Hellboy ou B.P.R.D. 

Comment aborder les filles en soirées: ce n’est pas un guide pour célibataire malhabile ou quelque puceau que ce soit, et encore moins une brochure éditée par quelque site de rencontre, et pourtant il faut bien reconnaître que le livre n’est pas bien épais. Neil Gaiman est très fort pour écrire des récits puissants en peu de pages, mais je dois avouer que je suis étonné de voir que l’éditeur annonce une prochaine adaptation au grand écran de cette histoire, car ce qui fait que j’ai trouvé ce récit remarquable, c’est sa concision qui va de paire avec la brièveté de la soirée des deux protagonistes.  

Enn et Vic sont deux adolescents Anglais de quinze ans (adolescent et Anglais, il y en a qui passe de dur moment dans la vie, et encore ado ça va passer avec le temps, tandis qu’Anglais… même en changeant de nationalité, on est foutu pour la vie, c’est un coup à finir sous les ponts).

Enn n’est pas spécialement repoussant, il na juste pas très confiance en lui, en tout cas pas pour aborder une fille et engager la conversation. il trouve qu’elle franchissent trop rapidement le cap de l’adolescence et passent quasi instantanément de fille à femme, la métamorphose ne serait-ce que physique est déjà évidente et remarquable.

En ce qui concerne Vic, quant à lui, cela ne lui cause vraiment aucun soucis et encore moins de question. beau gosse mais pas bellâtre, c’est le genre de gars qui arrive en soirée et qui tombe la plus belle fille en deux temps, trois mouvements. Pour lui, il n’y a pas de mystère, il conseille son copain de juste les aborder, entamer la conversation, ce sont justes des filles, pas des extraterrestres. Il peut bien comprendre la timidité d’Enn, mais il n’y a rien d’insurmontable à trouver le moindre sujet de débat qui permette d’établir le contact, et d’ailleurs ce soir, il faut qu’il mette tout ça en pratique.

Vic a un plan pour ce soir, il comptes’incruster à une soirée et a convié Enn à l’accompagner et c’est une bouteille sous le bras qu’ils se rendent tous deux en se fiant au son comme guide pour trouver la party. A peine arrivés, Vic, fidèle à lui même entame la conversation avec celle qui leur a ouvert la porte, et Enn commence a sillonner les pièces pour se rendre compte que la gente féminine est bien présente ce soir. D’abord il trouve la cuisine, repère propice au moindre repli stratégique en cours de soirée, et c’est dans la véranda qu’il va pouvoir faire sa première rencontre.

Au fur et à mesure de l’avancée de la soirée, les convives vont arriver et Enn va encore une fois faire montre de son manque de confiance en soi, mais qu’à ne cela ne tienne, il va franchir le cap et aborder certaines de ces charmantes demoiselles.

Très vite il va comprendre qu’ils viennent de mettre les pieds dans un logement où cohabitent des étudiantes étrangères qui vont lui témoigner de leurs différentes expériences de voyages et de rencontres. c’est là, encore une fois que Neil Gaiman marque de sa patte ce qui pourrait être une scène de vie quotidienne des plus banale pour en faire un récit déstabilisant au commun des mortels.

Alors pourquoi ne pas vous inviter vous aussi à cette soirée et vous laisser porter par une touche de poésie ? Aurez vous assez de cran à aborder ces filles en soirée et savoir être à l’écoute ? 

Le charme du dessin de Fabio & Gabriel confère une ambiance de choix à ce récit envoûtant. 

Le sobriquet Henriquet

Henriquet, L’homme-reine, de Richard Guérineau aux éditions Delcourt collection Mirages.

D’abord il y a l’aîné, Lui qui est comme un melon, Lui qui a un gros nez, Lui qui sait plus son nom… Pourquoi est-ce que j’ai choisi cette introduction de la chanson de Brel « Ces gens là » ? Et ben parce que nous allons parler de grandes familles, celles de la « Haute », et qui ont à l’occasion des problèmes relationnels entre-eux.

Ah là là, vous ne savez pas ce que c’est que d’être roi, vous ne pouvez pas comprendre, alors pour cela pourquoi ne pas vous plonger dans Henriquet ? A l’origine, il y a eu Jean Teulé (que l’on appellera Dieu), avec ses biographies à sa sauce, Je François Villon, Le Montespan, O Verlaine, Rainbow pour Rimbaud… certains de ses titres ont bénéficié d’une adaptation en bande Dessinée et Richard Guérineau quant à lui s’était vu confier celle de Charly 9

Tout en conservant le ton et l’humour de Jean Teulé, Richard Guérineau s’attaque cette fois à Henri IIIème du nom, et nous préparera très certainement un troisième album consacré à Henri IV. Encore une fois vous avez la possibilité de réviser votre histoire par le biais du 9ème art, comme quoi on peut s’instruire en se divertissant.

Malheureusement je ne suis vraiment pas assez calé en histoire, et je ne m’accorde pas assez de temps pour aller chercher l’information, mais l’impression qui m’ait donnée et les quelques bases que j’ai tout de même, me laisse à penser que bon nombre d’éléments mis dans l’album sont véridiques y compris certaines anecdotes, et puis, sait-on jamais, Richard Guérineau a peut-être mis la main sur les enregistrements de l’époque.

Henri III, dit Henriquet, hérite du royaume de France dans une situation des plus sombres. Le pays sort à peine du massacre de la Saint-Barthélemy, entre les différentes factions religieuses qui se tirent la bourre, et ceux qui souhaitent prendre le pouvoir, les trahisons vont bon cours. C’est bien simple, une chienne n’y retrouverait pas ses chiots. Si encore aujourd’hui, il n’est pas rare d’entendre parler de trahisons dans les sphères de l’état, à l’époque, l’assassinat était tout aussi courant, donc il fallait faire montre d’un sacré talent pour arriver à ses fins sans se faire prendre.

Et pourquoi Henriquet ? Ben oui, pourquoi affubler le roi d’un nom pareil, ce n’est pas n’importe qui tout de même, on ne se moque pas de son souverain comme de son voisin, verrait-on aujourd’hui le peuple Français parler de son président en ces termes ? 

Henriquet est célèbre dans l’histoire de France pour ses mignons, tout comme Alexandre Le Grand l’était selon la légende pour son intérêt pour son fidèle  Héphaistion. On ne juge pas les moeurs de son roi, mais si il y a une faille, on s’engouffre dans la brèche, d’autant plus qu’à l’époque (contrairement à la notre, en France tout du moins) le trône est héréditaire, donc on ne déconne pas avec la descendance. De plus les histoires de coucheries vont bon train, parfois même au point de ne plus savoir qui est avec qui, ou quand. 

L’intérêt de ce type d’album est de se replonger dans notre Histoire, et le ton jovial de l’écriture permet d’assimiler un maximum d’informations, mais encore une fois, je déconseille de s’en servir comme anti-sèche à un examen, on au tôt fait de retenir certains éléments que l’examinateur ne verrait pas d’un bon oeil dans votre copie. Richard Guérineau s’était déjà fait plaisir dans Charly 9 d’user d’un autre stratagème génialissime pour se faire plaisir et amuser le lecteur: utiliser différents styles graphiques. Pourquoi donc ? Peut-être aurez-vous l’occasion de le demander directement à l’auteur. Toujours est-il, que c’est très plaisant de jongler avec ces interludes, comme une fausse couverture de journal « people » qui dénonce au grand jour les frasques et les médisances des Grands du royaume. Tout autant que d’avoir ces clins d’oeil à l’histoire de la Bande Dessinée, en reprenant les styles graphiques de Lucky Luke, de la très sérieuse Histoire de France en Bande Dessinée, La ligue des Gentlemen Extraordinaires ou encore des strips à la Hägar Dünor.

Comme je le disais, je ne sais pas si Henriquet s’est travestit, si ses dernières paroles ont bien été « vérole de moine »… mais j’ai passé un très chouette moment de lecture qui m’a donné envie de relire Charly 9 et de me dire que je rouvrirait Henriquet d’ici quelques temps. Alors monsieur Guérineau, si jamais vous avez effectivement l’idée de nous narrer les aventures d’Henry IV, je suis preneur, à bon entendeur. 

Mort & vif: comment jouer avec la mort.

Mort & vif, c’est le titre du nouvel album de David Prudhomme, mais cela convient tout à fait au dernier titre de Luz: Puppy; qui est l’histoire d’un chien mort mais bourré de vitalité et d’envie de jouer.

Mort & vif aux éditions Futuropolis, le scénario est de Jef Hautot (ce qui est drôle étant donné qu’il va y avoir des voitures dans l’histoire, mais vous avez raison, je ne devrais pas commencer une nouvelle fois avec l’humour bas de gamme qui me caractérise, à la rigueur s’il s’était appelé Serge, j’aurais pu me le permettre: Serge Hautot – siège auto…)

HUM ! Reprenons nous. Mort & vif, collaboration à quatre mains ou deux cerveaux entre Jef Hautot et David Prudhomme. David Prudhomme, j’avais déjà eu l’opportunité de vous le mettre en avant en septembre 2015 lors de la sortie de Vive la marée, co-écrit avec Pascal Rabaté (toujours chez Futuropolis) une histoire d’une journée à la mer que je trouvais judicieux de vous taquiner avec au moment de la rentrée scolaire ou bien de la reprise du boulot en général. Et c’est là où le tiens à m’excuser, car j’avais mis en avant Pascal Rabaté pour la manipulation de l’image, en oubliant un peu trop vite le travail de David Prudhomme

En débutant ma lecture de Mort & vif, à la page 3, je commence à me dire que l’on me titille la rétine, à la page 5, c’est confirmé, je reprends ma lecture depuis le début pour être le plus attentif possible, tant est énorme le travail du dessinateur.

Philippe Moline alias Flip travaille chez Deleter & fils (ouvre-boîtes & clés à sardine). Une clé à sardine qu’est-ce que c’est ? La question n’est pas anodine étant donné la suite de l’histoire, et si je pose la question, c’est qu’il y a dorénavant la fameuse languette d’Ermal Fraze que tout le monde connait sur le boites de sardines pour les ouvrir (ah si cela avait existé du vivant de Franquin, les gags de Gaston eurent étés métamorphosés). Donc, une clé à sardine, c’est une petite tige métallique, recourbée en forme de triangle du côté de la prise en main et bénéficiant d’une encoche de l’autre côté, permettant de saisir une partie du couvercle des boites pourvue à cet effet, qui dépassait sensiblement dans un coin, puis vous tourniez votre clé, découvrant ainsi au fur et à mesure le contenu tant désiré à consommer. Mais Flip lui, il en pique afin de construire une tour Eiffel en clés à sardine et l’offrir à sa petite amie, Patricia, qui travaille elle aussi chez Deleter & Fils

Bref ! Flip rentre du travail, c’est la fin de la semaine, mais à la maison, Patricia n’est pas là ! Elle vient de le quitter, lui laissant tout de même une lettre de rupture (ET la tour Eiffel). Dépité, il décide de sortir et se prendre une grosse cuite, au point de se mettre vraiment mal et d’être coincé le samedi et le dimanche au lit. Le lundi suivant, il se rend au travail comme à son habitude, mais curieusement, arrivé devant l’usine, il ne descend pas du bus, en fait c’est son indécision qui fait qu’il continue le trajet jusqu’au terminus du transport. De là, il erre dans la ville, croise occasionnellement son patron, mais sans interaction, et se pose au beau milieu d’un rond-point, perdu dans ses pensées.

« Trashy« , musicien de son état, passe par là en voiture, et le prend en stop: débute alors une virée des plus rocambolesques pour Flip, qui va vraiment flipper pour l’occasion.

Pendant ce temps, les employés de Deleter & fils qui eux se sont rendus au travail se retrouvent le bec dans l’eau, car leur cher patron a profité du week-end afin de revendre toutes les machines et a fait vider l’usine pour disparaître dans la nature (vous vous rappelez que j’ai écrit plus haut que Flip ne cessait de le croiser ?).

Cela a un petit goût du film Louise Michel avec Yolande Moreau. Lorsque j’ai commencé cette chronique j’ai évoqué le travail graphique qui m’avait très tôt surpris. En effet, vous allez pouvoir attarder votre regard sur chacune des pages de l’album car David Prudhomme exploite au maximum l’image et la mise en page. 

Chaque trait est la continuité d’un autre, les formes s’enchevêtrent les unes les autres, se répondent d’une case à l’autre, ainsi la physionomie de l’homme accroupi devant la cheminée dans une image, devient les contours du paysage montagnard dans la case d’à côté. Etant donné qu’il est difficile de rendre par des mots des effets visuels si complexes, il ne vous reste plus qu’à ouvrir l’album pour découvrir ce que j’essaye de vous décrire.

Et si l’on doit jouer avec la mort, laissons la mort déborder de vie, avec Puppy de Luz aux éditions Glénat.

L’album est sorti début Janvier et je me navre de voir que pas une seule personne ne l’ai pris dans notre librairie, et pourtant parmi nos lecteurs, bon nombre d’entre vous pourrait y trouver satisfaction.

Luz est et restera l’un de mes auteurs préférés parmi les différents noms qui auront travaillé pour Charlie Hebdo, son trait est vif, créatif et récréatif. 

A la fin de l’album, vous avez la double page à l’origine de cette histoire, un article consacré à un cimetière du côté d’Asnières avec de singuliers locataires, on y trouve pas spécialement des mammifères mais surtout des animaux qui ont du flair: un endroit consacré au dernier repos de nos animaux de compagnie, des chiens, des chats, mais peu de poissons rouge car Bubulle et consorts ont plutôt tendance à finir dans les toilettes.

C’est l’histoire de Puppy, qui se relève de sa tombe, s’ébroue afin de se débarrasser des chairs mortes superflues pour commencer son errance dans sa nouvelle aire de jeux.

libre comme l’air et l’air de rien, Puppy est mort & vif à la fois, le quadrupède baguenaude au fil de ses envies, marque d’un revers de la patte son nouveau territoire, il est mort me direz vous, comment pourrait-il être en mesure d’avoir encore des fluides corporels ? on s’en fout, n’est-il pas drôle de voir Puppy se laisser aller, suivre son instinct, ou bien narguer le féroce molosse qui n’en aurait fait qu’une bouchée de son vivant.

Il tombe amoureux de la photo d’une petite chienne, joue avec les nonosses et c’est peu dire qu’il est au meilleur endroit pour en dénicher, même si parfois la digestion est un peu dure. Il court et joue, cherche une baballe, et il en trouve, on apprécie d’ailleurs l’hommage de Luz pour ses amis, avec toutes ces balles de tennis présentes dans cette bulle en verre qui repose sur la tombe de Charlie, et Puppy leur donne une nouvelle vie.

Bon! Batifoler dans son aire de jeu, c’est bien, mais cela ne va qu’un temps, pourquoi ne pas agrandir son territoire et partir dans les rues au risque d’effrayer les passants. Seulement, il n’y aura point de vent de panique, car voilà, les humains ont disparu. Les rues sont pleines des vestiges de la vie courante, nous voyons des scènes du quotidien, où il ne reste que les vêtements des personnes, laissés en suspends, on apprécie d’ailleurs cette vue du dessus de cette dame un peu forte, qui permet d’apercevoir la tête de Puppy au travers de sa culotte.

Luz nous offre de la légèreté, de profiter, de nous amuser, alors rions avec lui cal lui fera plaisir comme à nous, et soyez contents, je ne vous demande pas de vous mettre tout nu et de vous lancer à quatre pattes à baguenauder en remuant de la queue.

Merci Luz pour cette évasion canine. Comme quoi on peut encore rire un bon coup avec la mort, car elle ne se gêne pas, elle, pour rire de nous.