L’Histoire avec une grande Hache.

verccouvFace à l’hésitation actuelle des lecteurs à se lancer dans de nouvelles séries, de peur de les voir s’arrêter en cours de route (effectivement si vous ne les acheter pas, elles ne se vendent pas, donc on l’arrête ou on la réduit), les éditeurs préfèrent, soit travailler leur projet en amont de la parution et vous proposer une série avec un rythme de parution soutenu (exemple avec Alter Ego ou Sherman où la série est sortie en un an), soit vous proposer des séries concepts, c’est à dire sur une thématique avec des histoires complètes à chaque tome (exemple avec 7, Jour J, Le Casse, La Grande Evasion… beaucoup de séries chez Delcourt). On a eu également beaucoup de titres ces derniers temps sur le thème de l’Uchronie, ce qui permet d’aborder l’histoire avec quelques libertés que les auteurs s’autorisent afin de laisser libre cours à leur imagination. Après l’heure de gloire dans les années 80′ de la collection Vécu de Glénat, consacrée à l’Histoire, il se trouve que le thème revient en force avec différentes collections, soit sur des personnages ou des évènements réels, ou bien des histoires  fictives mais dans un contexte historique.

1917couvC’est ainsi que l’on a vu arriver la collection « L’homme de l’année » supervisée par Fred Blanchard, directeur de collection chez Delcourt. Comme souvent dans ces séries concepts, nous retrouvons différents scénaristes et dessinateurs derrière chaque album, ce qui permet d’avoir une diversité d’écriture et d’approche graphique. « Lhomme de l’année » revient sur l’histoire d’un personnage secondaire ou inconnu qui aurait pris une place importante dans le déroulement de l’Histoire de l’Humanité et dont on ignore l’identité, cela permet une nouvelle fois aux auteurs de se faire plaisir et de faire montre de leur ingéniosité. Nous avons déjà eu le droit aux récits consacrés à: 1917 Le soldat inconnu, 1431 L’homme qui trahit jeanne D’Arc, 1815 L’homme qui hurla merde à Waterloo, 1967 L’homme qui tua Che Guevara et 1871 L’un des héros de la Commune de Paris.

complotcouvToujours avec une once de liberté, Delcourt (encore !!) commence une nouvelle série, liée aux évènements historiques, laissant supposer les complots qui se sont tramer derrière de grands évènements, un concept conçu (je trouve que cela sonne bien: « concept conçu ») par Gihef & Alcante. Parmi les thèmes abordés vous avez: Complot:Le krach de 1929 (qui vient tout juste de paraître) et à venir, La fin des templiers, La bataille d’Hamburger Hill, Le mystère du Titanic. Dans l’exemple de ce premier volume, les auteurs ont joué judicieusement avec le fait établi que les banques et certains magnats de la finance Américaine aient joué la carte de la montée du National Socialisme en Allemagne.

alienorcouvVoilà pour les séries digressives, maintenant entrons dans les projets qui peuvent des supports plus sérieux pour une découverte éducative et détendue de l’Histoire. Vous avez peut-être, étant enfant, eu entre les mains les fameux albums de « L’histoire de France en Bande Dessinée » des éditions Larousse, actuellement, Casterman s’y est essayé également dans une collection vraiment axée pour la jeunesse et vous avez aussi « L’histoire de France Pour les Nuls en BD » aux éditions First. La série Alix de Jacques Martin ainsi que la collection spécifique « Les voyages d’Alix » permettait déjà de traversée la période antique, de côtoyer des personnages ou de découvrir des cités emblématiques, il n’est pas rare de les avoir eu comme supports en cours de latin. Toujours est-il que de nouvelles séries voient le jour actuellement et consacrées essentiellement à des personnages historiques: la collection « Les reines de sang », avec Aliénor, la légende noire & Isabelle, la louve de France aux éditions Delcourt. Deux séries en cours, le tome 3 d’Aliénor vient de paraître (et contrairement à ce qui était annoncé, ce n’est pas le dernier volume), et le tome 2 d’Isabelle ne devrait pas tarder; voici l’opportunité de s’attarder sur ces personnages féminins qui ont su marqué de leur patte une ère généralement masculine.

philcouvEst-ce grâce à l’accueil bienveillant réservé aux deux titres précédents, voilà que Glénat propose à son tour une nouvelle collection réunissant des auteurs férus d’Histoire, associés avec des historiens universitaires, là ce sot des histoires complètes à chaque volume dédiés à un personnage à chaque fois, les deux premiers titres Philippe Le Bel & Vercingétorix viennent de sortir, et on attend pour les titres suivants, Charlemagne, Jaurès, Saint-Louis, Soliman, Napoléon (qui a déjà un grand nombre de série qui lui sont consacrées). Les albums bénéficient d’un carnet supplémentaire d’informations concernant le personnage, ainsi que le positionnement des auteurs avec les justifications des libertés qu’ils ont pu prendre avec l’histoire.

explorercouvEgalement chez Glénat, vous trouvez la collection Explora conceptualisée par Christian Clot, dédiée bien évidemment aux explorateurs: Magellan, Marco Polo, Percy Harrison Fawcett, le capitaine Sir Richard Francis Burton & Mary Kingsley. et ne croyez pas que seuls Delcourt et Glénat se disputent la B.D. historique, les éditions Soleil ont sorti l’année dernière une nouvelle collection sur l’histoire de l’aéropostale.

 

La valse des annonces

Ce n’est pas du Eisner, mais ça pourrait ressembler à ses drames sociaux savoureux. Alors pour ne pas s’ennuyer cet été et briller en société en lançant quelques polémiques et bons mots, l’industrie (hé oui, c’en est une maintenant) de la BD s’est mise en quatre en trois annonces.

Alors, par ordre chronologique, Jean Van Hamme cède ses droits sur Thorgal à Média-Participation. Bon, cela pose quelques questions de fond quant à l’utilisation d’un personnage, les expériences qui ont été déjà menées dans le domaine, les droits d’auteurs,… En creusant, bien vous pouvez tenir une soirée complète avec un peu de polémiques. Attention à la qualité des contradicteurs et débateurs.

Ensuite, Delcourt devient majoritaire chez Soleil. Là, c’est déjà un peu plus corsé. Un peu moins technique qu’au-dessus, ce débat peut entraîner des postures plus passionnées. Ici encore, vous pouvez étendre la conversation sur l’impact ou l’absence d’incidences sur la production, du bien-fondé de la création de conglomérats éditoriaux. Voire pour les plus sportifs, on peut glisser vers le rugby. Il y a matière. Tout un chacun peut avoir son mot à dire (pertinent ou pas d’ailleurs !).

Enfin, Panini perd les droits de DC en France. Média-Participation (encore !) récupère les titres de la Distinguée Concurrence et crée pour l’occasion un label aux éditions Dargaud comprenant des albums et des sorties en kiosque. Alors, paniques et cris de terreur chez les uns, champagnes et liesses pour d’autres, un stock de questions pour tous. Cette fois-ci, le débat peut faire long-feu. A moins que la Comicon ne scelle définitivement les rumeurs…

Voilà, trois salles, trois ambiances, plein de discussions pour ne plus s’ennuyer. Merci la BD !

Sinon, vous, vous en pensez quoi (si tant est qu’il y ait quelque chose à penser) ?