Coups de coeur

Dans l'ombre de Charonne, Une métamorphose Iranienne, Furari, Kililana song, L'homme qui n'existait pas, Nobrow

Préfacé par Benjamin Stora, Dans l’ombre de Charonne, de Désirée et Alain Frappier, est le premier ouvrage des éditions Mauconduit, et pour une première, ils frappent fort, comme les CRS dans l’histoire abordée dans l’ouvrage.

Ceci est le témoignage d’une femme qui se trouvait dans la bouche du métro Charonne à Paris lors des événements en marge de la Guerre d’Algérie. Toujours d’actualité, car également longtemps passée sous silence, c’est toujours un sujet qui nous fait découvrir une part de l’histoire récente de notre civilisation et qui nous touche particulièrement.

Bien qu’elle n’ait jamais voulu aborder le sujet tout au long de sa vie, c’est sur un lit d’hôpital que notre narratrice s’est confiée. N’y voyez pas là une confession honteuse (quoique, mais je vais y venir), mais un partage d’une expérience encore vive dans son esprit.

Pourquoi pourrait-elle se sentir honteuse ? Peut-être parce que les médias ont relayé l’information de telle manière à l’époque, ainsi que les organismes gouvernementaux, que personne ne prennait au sérieux les témoignages de ceux qui s’y trouvaient, surtout lorsque l’on est encore une adolescente sensée être à la maison plutôt que dans la rue.

L’album présente un trombinoscope des victimes, des extraits des journaux de l’époque, un tract du syndicat des travailleurs de chez Renault… que ce soit sur le fond comme sur la forme, c’est un très bon bouquin.

Félicitations et Bon vent, Belle mer pour Mauconduit.

Restons dans le récit avec Mana Neyestani, l’auteur d’ Une métamorphose Iranienne aux éditions çà et là, son histoire s’est déroulée au cours des cinq dernières années, ce qui n’est pas pour rassurer. Dessinateur de presse en Iran, Mana s’était tourné vers les magazines jeunesses, pensant ainsi pouvoir continuer son métier loin des soucis politiques de son pays.

Imaginez-vous d’abord témoin, en direct dans les médias, d’émeutes rassemblant de plus en plus de monde, tout cela à cause d’une de vos parutions, d’un simple mot dans une bulle que vous veniez juste d’ajouter à tout le travail de votre carrière. Ce simple mot est accusé de stigmatiser une partie du peuple irannien, ce qui amène les autorités à votre porte et vous conduit en détention dans un centre réservé à ceux qui menacent la sécurité intérieure.

Voici le témoignage de Mana Neyestani, son emprisonnement, les interrogatoires. Un récit très intéressant.

Quand on tombe sur une perle, il ne faut pas la lâcher, et les éditions Casterman ont presque l’exclusivité sur les oeuvres de Jirô Taniguchi. Si ceux publiés dans la collection Sakka (sur un format plus standard pour du manga et dans le sens de lecture original) ont toujours un accueil mitigé de la part du public, la collection Ecritures propose encore un ouvrage pour un public curieux de la culture Japonaise et amateur de lenteur.

Furari, c’est l’errance d’un géomètre cartographe dans l’ancien Tokyo, le regard d’un homme chargé de figer cette ville à un moment donné de son histoire sur une carte, mais de préparer également son aspect de demain. Il prend ses mesures à chaque pas, et mesure les changements que son pays subit pas à pas. Les temps changent, les saisons se succèdent, c’est un personnage posé et délicat qui vous invite à le suivre et à observer.

Dans la lignée de L’homme qui marche, Le promeneur, Le gourmet solitaire. A savourer lentement.

Un album avec un très fort potentiel pour vous séduire: Kililana Song, de Benjamin Flao chez Futuropolis. C’est une première partie, certes il faudra attendre la suite, certes les éditeurs donnent toujours l’impression de jouer avec nos nerfs et nos portes-monnaie et encore certes l’histoire est tellement bien que vous allez amèrement regretter de ne pas savoir ce qui va arriver au petit Naim. C’est dans son univers que Benjamin Flao vous entraîne avec son dessin magnifique. Son trait donne vraiment l’épaisseur nécessaire à ce récit africain. Le jeune homme n’a de cesse de fuir son frère qui souhaite le voir filer droit à l’école, mais Naim préfère traîner dans les rues. Avec ses camarades, ils observent la vie de leur ville au rythme des visites des touristes ou bien de celui des consommateurs de Qat. Ses pas vont le mener à croiser un capitaine en mal d’armateur et bien dans la mouise, des ex-patriés français qui s’enlisent dans les stéréotypes, un vieillard détenteur d’un savoir ancestral qui aborde sereinement son ultime combat face au monde moderne représenté en l’occurence par des promotteurs immobiliers, et tant d’autres encore.

Un album magnifique qui fait l’unanimité parmi nous, des fresques somptueuses, un dépaysement assuré.

Toujours chez Futuropolis, L’homme qui n’existait pas de Cyril Bonin. Le même auteur nous avait proposé l’année dernière chez le même éditeur une somptueuse adaptation du roman de Marcel Aymé: La belle image. Le dessin collait superbement au texte simple et touchant avec une atmosphère sympathique de proximité avec le personnage principal.

Dès lors, voilà mon bémol, L’homme qui n’existait pas a le même charme graphique, le personnage qui perd toute tangibilité et visibilité n’a plus que le lecteur pour témoin. Son attention va se porter sur cette jeune actrice, étoile montante du cinéma français, qui ne va avoir de cesse de le rendre plus curieux encore. Tant de questionnements et tant de temps pour chercher les réponses.

Je ne le traite pas de « redite », seulement La belle image était peut-être encore trop frais dans ma mémoire pour lui trouver le charme qu’il mérite. Il faut reconnaître à Cyril Bonin que les transitions, les effets, le jeu sur la luminosité,  en font un récit qui a tout son sens sous la forme d’une bande dessinée.

Les éditions Nobrow sont de retour en librairie avec leurs ouvrages atypiques, que se soit par le fond comme par la forme mais aussi par le format.

30 cm de large pour 52 cm de haut, si c’était un schtroumpf, cela ferait un gros schtroumpf, mais ce n’en est pas un, ce sont les dimensions de Big Mother de Sam Vanallemeersch, le volume 2 vient de sortir.

C’est un patchwork monstrueux de personnages de notre société, les scènes se succèdent et s’emmêlent sur de grandes doubles pages ou bien sur ces 4 grandes cases qui occupent votre espace visuel.

Vous en avez pour de très longs moments d’attention à porter sur cet ouvrage, à vous de gérer votre vie sociale pendant ce temps.

Il n’a pas que de la couleur à foison, vous pouvez également admirer ses noirs & blancs, à vous de savoir si vous désirez entrer dans l’univers de l’auteur, son délire, son labyrinthe…

Il ne faut pas croire, on ne vous collera pas un examen surprise à la fin de votre lecture, le plus simple est d’accepter de s’immerger et de se poser la question après: « est-ce que j’en suis sorti indemne ».

Big Mother de Sam Vanallemeersch.

 

Restons dans les formats qui sont difficiles à caser sur nos étagères, voulez-vous.

Ne vous fiez pas aux apparences, sous ses airs discrets et ses 14 par 23.5 cm, il prend toute son assurance et se déploie de tous ses 138 cm, faites place à Chute et ascension de Micah Lidberg.

Pourquoi une bande dessinée qui prend des airs de frises chronologiques, parce que l’auteur nous offre une fresque de l’évolution de la vie sur terre.

Je rappelle que lorsque je dis que l’auteur « offre », ce n’est qu’une expression, il ne faut pas prendre au premier degré toutes les bétises que je peux dire à la minute.

Que dire si ce n’est que vous allez en prendre plein les mirettes, et dès que vous aurez fini un côté, vous le retournez et c’est reparti pour un tour. Nobrow est une maison d’édition anglaise que l’on est bien content de pouvoir trouver dans le réseau de distribution français.

Tout est dans le détail pour Dimanche de Jon McNaught, pas plus grand qu’un livre de poche. Si vous regardez attentivement l’image jointe, la couverture est remplie de maisons.

C’est une petite histoire de dimanche, de nonchalance, d’observation, de contemplation… et de télévision, y’en a qui ont du mal à s’en passer. Les nuages passent mollement au-dessus de la maison, les oiseaux migrent, le voisin fait du vélo…et se casse la gueule. On a quand même de la chance, il ne pleut pas.

Pour les amateurs de minutie à la Chris Ware, à la Swarte, imaginez un peu, ce mec est capable de vous mettre 26 cases de bande dessinée sur un espace de 11 cm par 17.

Ce genre de petit bouquin ne paye jamais de mine, on a l’impression qu’il ne s’y passe rien, et en fin de compte on y trouve plein de prouesses graphiques, de sensibilité et d’humour.

Que vous dire de plus si ce n’est qu’il est toujours bon de faire ce métier et de vous parler du travail des autres.

L’année dernière, j’ai peut-être poussé un peu trop fort les éditions ManoloSanctis, puisqu’elles sont sorties du réseau de la librairie. Alors si je dis vive Mauconduit et vive Nobrow, ce sera pas trop fort pour ne pas réveiller les voisins.

 

 

La pépite cachée au fin fond de la mystérieuse librairie

Vous êtes vous déjà aventuré au fin fond de la mystérieuse librairie ???

Si ce n’est pas encore le cas, allez voir :  vous trouverez des albums surprenants. Comics ou Indépendants se cachent dans ce coin reclus. Alors osez l’aventure et osez vous faire surprendre avec des comics mais aussi des albums indépendants, petits éditeurs ou récits un peu loufoques, voire complètement barrés. Voilà ce qui se cache derrière le terme d’indépendant.

Voilà, tout ça pour dire que moi aussi j’ai osé m’aventurer dans ce rayon où je n’avais pas mis les pieds depuis un moment. Et surprise j’ai trouvé la pépite du moment

« Le soldat inconnu vivant » aux éditions Roymodus de Jean-Yves Le Naour et Mauro Lirussi :

Ne vous laissez pas refroidir par le couverture un peu sombre et inexpressive. Et ouvrez plutôt pour voir le talent du dessinateur qui illumine en noir et blanc cet album. Nous sommes à la fin de la première guerre mondiale, et les Allemands relâchent leurs prisonniers. L’armistice vient d’être sonnée. Dans les trains qui ramènent les déportés un homme reste sur le quai de la gare dans l’attente. Le chef de gare va l’emmener à l’hôpital. Mais l’homme n’est pas blessé ni fou, il est juste dans son monde et a occulté le malheur et les atrocités qu’il a vécues jusqu’à oublier tout souvenir de sa vie passée. Placé sous la protection du directeur d’un asile, nous allons suivre l’histoire de ce soldat inconnu vivant. Le plus étonnant dans ce récit n’est pas l’homme en question mais la folie des gens autour de lui. Une histoire vraie qui pour une fois ne parle pas de la guerre pendant la guerre mais de la reconstruction après ces drames. Et j’insiste encore une fois sur la qualité du dessin.

Une ambiance jazzy, épique ou dramatique pour un peu de génie

Aujourd’hui, trois albums aux couvertures sombres, « Asgard » de Xavier Dorison et Ralph Meyer (éd.Dargaud), « Lloyd Singer » T.7 de Luc Brunschwig et Olivier Martin (éd.Grand Angle) et « Nocturne » de Pascal Blanchet (éd.La Pastèque). Pour chacun d’entre eux, on peut se poser la question ô combien métaphysique : à quoi tient l’état de grâce, l’instant de génie, la félicité de la lecture ?

Une question multiple aux réponses tout aussi évanescentes. Cela tient à pas grand chose, une alchimie instable que l’on ne peut reproduire à loisir, une inspiration du moment qui ne fonctionne qu’à un moment. Regardez « Asgard » – nous ne nous étendrons pas, Romain a eu la primeur de la critique -, le scénario est-il d’une incroyable ingéniosité ? Non, il puise dans des thématiques présentes depuis la nuit des temps que Xavier Dorison modèle sur un schéma qui n’est pas sans rappeler Moby Dick. La mécanique est implacable, huilé et sans heurt. L’auteur nous démontre qu’il sait raconter une histoire avec virtuosité. S’attend-on aux événements et aux péripéties ? Oui, sans doute, mais est-ce vraiment un problème ? Que demandons-nous d’Asgard si ce n’est qu’il affronte physiquement et métaphoriquement le monstre qui terrorise le peuple dont il est issu mais qui le rejette ? N’anticipons-nous pas le trépas de victimes collatérales ou volontaires sur son chemin ? Si, mais on est emporté et on en redemande ! Le dessin de Ralph Meyer participe grandement à cette adhésion sans arrière pensée. Avec réalisme, précision et fougue, cet excellent auteur (pas suffisamment connu à mon goût) ancre le récit dans un univers et une culture, là encore mille fois arpentés, qu’il  nous fait presque redécouvrir. Et lorsque l’heure de l’affrontement sonne, il ne ménage pas ses moyens pour nous faire entrer dans son récit.

Là est peut-être la réponse : cela tient à transformer un récit de prime abord classique à un plaisir unique (c’est-à-dire qui se démarque de tout ce qui a été fait auparavant).

La plénitude consiste aussi, peut-être, à trouver le juste équilibre entre divertissement et introspection. Entre le drame familial et intime et le suspens haletant. Cette subtile harmonie est atteinte dans le tome 7 de Lloyd Singer. Dans le premier tome de ce troisième cycle, la famille Singer doit affronter ses propres démons et détisser la tragédie qu’ils ont patiemment et longuement confectionnée depuis de si longues années. L’heure n’est plus aux silences et aux compromis, tant l’instabilité mentale de chacun d’eux est profonde. Cette psychanalyse leur permettra de regarder avec lucidité ce qui s’est passé du vivant de leurs parents… Pendant ce temps, un tueur en série oeuvre dans l’ombre avec une macabre détermination. Luc Brunschwig fait mouche une fois de plus en montrant tant d’humanité dans ses personnages. Et en ne jettant pas aux orties tout ce qui suscite l’attrait d’un thriller. Equilibriste ! Quant à Olivier Martin, il relève haut la main le défi qu’aurait pu être la succession d’Olivier Neuray. Ce diptyque s’annonce très très fort.

Enfin, la grâce s’est aussi, sans doute, de pouvoir jouer avec le grand absent : le son. N’entendez-vous pas la chaude mélodie d’une voix sensuelle autant que nostalgique lorsque vous vous perdez dans les pages de « Nocturne » ? Voilà un vrai coup de coeur surprise, une petite pépite inattendue qui sort de notre tamis. Certes, l’histoire est conventionnelle et ne révolutionne pas le monde de la BD. Mais, bon sang, ici encore, quelle ambiance ! Quelle élégance dans le trait (virtuel) de Quelle chaleur, quel souffle, la moiteur de la nuit, la touffeur de l’été se perçoivent autant que le grésillement de la TSF. Les ondes vont porter tout au long de ces pages et de cette nuit la chanson d’une étoile sur le point de vaciller. Elle va être le compagnon nocturne de destins simples mais…touchant.

Voilà à quoi cela tient : une découverte de libraire…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le grand libraire ou l’art et la manière de mettre en avant des oeuvres que vous ne pourrez peut-être jamais lire

Avec un titre comme ça, je vais encore me faire des amis, mais nous ne sommes pas là seulement pour vous vendre des livres mais également un peu de rêve (cela tombe bien car j’en parlerai un peu plus loin). Cette fois, il s’agit de 4 auteurs que je souhaite faire découvrir pour ceux qui les ignorent: Neil Gaiman, Dave McKean, David Mack et Yoshitaka Amano.

Pourquoi ? parce que !

Non, sans déconner, le jour où je dois me séparer de mes bouquins, leurs oeuvres seront les dernières qui resteront sur l’étagère, avec celles d’Alan Moore mais qui n’est pas à l’ordre du jour. Tous les quatre sont des acteurs de la Bande Dessinée mais pas que…

Neil Gaiman, écrivain Talentueux, est le genre d’homme avec une culture grande comme ça, et plutôt que d’épater la galerie, il la partage avec tous ceux qui veulent bien lire ses oeuvres.

En livre : il est entr’autre l’auteur de Neverwhere, American Gods, Coraline, Stardust, Anansi Boys, L’étrange vie de Nobody Owens, Miroirs et fumées, De bons présages, Pas de panique … il touche à tout, romans, essais, science-fiction, jeunesse…

En albums jeunesse: Le jour où j’ai échangé mon père contre 2 poissons rouges, Des loups dans le mur, Mister Punch

En comics: Black Orchid, Marvel 1602, Les éternels, Sandman, Valentine, Signal bruit

Certaines de ces oeuvres se sont même vues déclinées sous formes de films ou sonores.

Dave McKean, un éternel collaborateur de Neil Gaiman, aussi bien bien pour les histoires adultes que pour la jeunesse, c’est un maestro de l’expression graphique sous toutes ses formes, dessin, photo, collage…

Parfois il se « contente » de ne faire « que » les couvertures, comme pour Sandman, mais cet artiste conjugue l’art graphique et la narration.

Le chevelu et moi-même regrettons de ne pas avoir pu présenter en rayon son album Cages, paru chez Delcourt et non disponible actuellement. Cet album monstreux par son nombre de pages, l’était également par la richesse graphique, toutes les couvertures de la publication américaine étaient réunies rien que pour vos yeux. L’oeuvre commençait par trois poèmes puis le récit à proprement parlé était un recueil de plusieurs portraits des résidents du même immeuble en plein centre d’une grande cité américaine avec toute la moiteur de l’été.

Dans leur collaboration récemment rééditée, Signal to noise, un projet réalisé pour un magazine New-Yorkais qui eu le droit à une version sonore.

Assez représentatif de l’étendu de son talent, Echos graphiques est disponible (lui !), toujours chez Delcourt. Ce sont de courts récits illustrés par le maître Himself, on peut découvrir qu’il n’a pas qu’une seule corde à son arc, mais qu’il a carrément sorti une harpe pour plus d’efficacité.

 

Yoshitaka Amano, considéré par ses pairs comme le plus grand illustrateur du monde, quasi inconnu du grand public, quelques millions de joueurs connaissent son travail sous la forme du cultissime Final Fantasy, Charac-designer de la plus plus grande majorité des épisodes, il a dessiné les personnages, les décors et toutes les créations méchaniques, citadines….

Il est également connu pour son personnage de film d’animations: Vampyr Hunter D., deux longs métrages mettent en scène ce personnage charismatique, une adaptation manga, reprenant ces histoires est traduite en francais, mais seules les couvertures sont de l’artiste.

Ses travaux sont l’objet de beaucoup de traductions, mais malheureusement peu par chez nous, et ceux qui nous ont acheté son art-book publié par les éditions Soleil l’auront fait à temps car l’ouvrage est maintenant en arrêt de commercialisation.

Il a illustré des oeuvres aussi variées que Guin Saga, roman d’Héroic-Fantasy, que La Flûte Enchantée, l’opéra de Mozart (accompagné du quatuor Wolfgang). Il s’essaye aussi bien au récit jeunesse qu’aux essais autour de l’art du bondage au japon.

Neil Gaiman collabora avec lui pour un récit dans l’univers de Sandman, après qu’ils découvrirent tous deux la similarité avec un texte japonais.

 

David Mack n’a pas collaboré avec l’inévitable Neil Gaiman, pas que je sache en tout cas, mais c’est un artiste de la même veine que Dave McKean. Il conjugue dessin-photo-découpage-montage-collage. Ses dessins peuvent très bien être dans un style des plus classiques pour du comics de super-héros, mais lorsqu’il travaille librement vous avez le droit à des aquarelles subtiles ou des plus complexes.

C’est également lui qui écrit ses histoires, étant libre de monter l’histoire et la mise en page comme bon lui semble. Vous voilà avec des ouvrages à tourner dans tous les sens pour suivre le texte qui se contorsionne sur la page.

Son oeuvre magistrale reste Kabuki, qui n’a même pas fait l’occasion d’une traduction complète en France, mais on peut espérer qu’un jour ce soit le cas.

Il a travaillé pour les éditions Marvel pour les titres: Daredevil, Alias, White tiger

Marvel 1602, Neil Gaiman nous pond un scénario nous plongeant dans le contexte ou les super-héros apparaissent quatre siècles plus tôt, la technologie n’étant pas la même, cela engendre quelques subtilités d’adaptation des personnages.

Ce genre de récit nous également amené des collections comme Marvel NOIR, les actions se déroulant pour le coup dans l’Amérique des années 30-40.

 

Sandman est un projet qui a mis des années avant d’en voir la fin. Un grand nombre d’artistes ont collaboré à la mise en image de ce récit racontant l’histoire de Dream, le maître des rêves. Immortel, lui et ses frères et soeurs furent les premiers et sa soeur Death sera la dernière de l’existence.

Dream, Death, Destiny, Despair, Destruction, Delirious, Desire.

Bien que l’éditeur Delcourt vous présentait les ouvrages comme des albums que l’on pouvait aborder librement dans n’importe quel ordre, il est préférable de lire les 12 volumes dans l’ordre, bien entendu lorsque ceux-ci seront de nouveau disponibles.

 

 Voici un petit exemple du travail de Monsieur Yoshitaka Amano, pour Sandman justement.

 

 Donc, restez attentif, si jamais vous croisez ce chat, je vous conseille vivement d’y risquer vos doigts.

Le jour où j’ai échangé mon père contre 2 poissons rouges, où les péripéties d’un petit garçon, qui après avoir échangé son père contre 2 poissons rouges, est dénoncé par sa petite soeur à sa mère qui lui somme de le récupérer. Ce ne sera pas une mince affaire, car le-dit papa est passé de mains en mains contre toutes sortes d’objets, c’est beau le troc!

Normalement Delcourt l’annonce comme disponible, normalement. Si un jour vous voulez devenir libraire, oubliez vos certitudes.

 

Et pour finir, un petit (tout petit) exemple du travail de David Mack pour Kabuki, si celui-ci est réédité un jour, il y a de très fortes chances pour que je vous le colle entre les mains si vous passez à la librairie.

La prochaine fois, promis, je parle de livres que vous pourrez lire ou vous procurer facilement.

 

Asgard, un vent épique et nordique souffle sur nos rayons BD

Un vent épique et nordique souffle sur la BD en ce début Mars avec le premier tome du diptyque Asgard.

Le mois de février a eu de nombreuses actualités et principalement autour du comics comme en témoigne la plupart de nos articles…

Mais le mois de Mars commence avec deux énormes pointures de la Bande dessinée moderne à savoir : Xavier Dorison et Ralph Meyer.

Xavier Dorison est le scénariste de génie a qui l’on doit déjà « Long John Silver », « Le Troisième Testament », « Sanctuaire », « W.E.S.T » et bien d’autres…

Ralph Meyer, quant à lui, a su imposer son univers graphique grâce à la trilogie « Berceuse Assassine », si ce dessinateur excelle dans le polar, il ne fait pas de doute qu’il a plusieurs cordes à son arc et pour preuve il a illustré la tétralogie « Ian », une histoire résolument SF (Science-Fiction).

Mais nos deux compères ne sont pas à leur première collaboration. Ils ont déjà signé ensemble le premier spin-off de XIII, « XIII Mystery » : la mangouste (si il n’y en avait qu’un à lire dans la collection je vous recommande celui-là).

Maintenant que les présentations sont faites, intéressons-nous à l’histoire :

Chez les Vikings les traditions sont sacrées, si un enfant nait avec une malformation, il s’agit forcement d’une malédiction des dieux. Afin de leur éviter une vie de misère, la tradition impose le sacrifice de l’enfant. Mais le père d’Asgard notre héros n’a pas eu le cœur de tuer son fils. On le retrouve 40 ans plus tard. Il vit comme un mercenaire et son passé est pour le moins trouble. Il a du faire face seul à la dureté de la vie et est devenu un chasseur hors pair. Il vit en louant ses services au plus offrant. Et le hasard fait qu’en ce moment un monstre marin terrorise les villageois et les seigneurs de guerre, qui ne peuvent plus envoyer de vaisseaux conquérir les océans. Ces derniers vont devoir faire appel à Asgard pour régler leur problème. Mais ce monstre marin ressemble à un énorme serpent de mer, ce qui n’est pas sans rappeler « le serpent-monde » qui annonce la fin du monde dans les légendes Vikings. Asgard aura-t-il raison des traditions et des légendes ou est-ce simplement le début de ce que les Vikings appellent: Ragnarök… ?

Et voilà l’aventure est lancée. Si par certains aspects cette histoire peut faire penser à Thorgal ou à Moby Dick, on se fait littéralement embarquer dans cette fresque épique grâce au dessin de Ralph Meyer. Les récits d’aventure et de fantasy sont aujourd’hui marqués par deux grands noms de la Bande dessinée moderne à savoir Alex Alice (Troisième testament, Siegfried…) et Mathieu Lauffray (Long John Silver). S’ ils inspirent tous les deux de nombreux jeunes dessinateurs, qui copient avec plus ou moins de succès, leur mise en page et leur trait, et bien ce n’est pas du tout le cas de Ralph Meyer qui a sa propre mise en scène et ne cherche pas à ressembler aux autres. Des cases magnifiques et un récit qui laissent place au talent du dessinateur. Voilà un petit chef d’œuvre du neuvième art qui je l’espère restera dans les mémoires.

Enfin, bref, si vous aussi vous voulez vous prendre la claque BD du mois de Mars, sautez sur cet album.

A noter également la ressortie pour l’occasion de l’intégrale de « Ian » la saga SF de Ralph Meyer et Fabien Vehlmann. La première intégrale était en petit format et en noir et blanc, cette fois il s’agit d’un grand format couleurs qui met en avant une très bonne saga SF injustement méconnue du grand public. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que je vous invite à regarder cette intégrale, qui pique un peu les yeux en termes de couleurs mais qui plaira à tous les amateurs de SF et d’intelligence artificielle.