Coups de coeur

Ils n’ont pas que des dettes…

… les Grecs ont aussi une Histoire riche et une mythologie foisonnante ! Auteurs et éditeurs ont ressenti le besoin de nous replonger dans l’antique civilisation et publient simultanément quelques ouvrages ces dernières semaines.

Le tome 2 de la série Prunelle, fille du Cyclope (éd. Ankama) « Le Réveil des Géants » ouvre la danse. Grande satisfaction pour ce titre jeunesse, dont le premier tome est passé inaperçu, mais qui possède de grandes qualités. Prunelle est une jeune cyclope qui, accompagnée du jeune et fougueux Héraclès, du Minotaure et d’autres sommités de l’Olympe, va découvrir quel est son destin en plein Âge d’Or. Elle souhaite être une douce et inspiratrice Muse alors que les cyclopes sont depuis toujours cantonés aux travaux de la forge… Sur ce nouvel opus, le dessin de Cyril Kernel s’est affirmé : son trait est plus assuré, plus dynamique, plus expressif, attirant, donc ! La scénariste Vicky Portail-Kernel joue avec les légendes antiques pour en extraire un récit très vif et rafraîchissant et qui n’est pas exempt de surprises. Cerise sur le gâteau, un dossier pédagogique vient éclairer quelques notions méconnues de la mythologie. De quoi rendre cette série pour les plus jeunes incontournable dans sa catégorie.

J’avais découvert Nicolas Ryser avec les pages chatoyantes de la très bonne série Hariti, puis dans le récit plus intimiste Les Yeux d’Edith où il a rencontré le scénariste Jean-Blaise Djian. Le tandem se reforme auquel se rajoute Olivier Legrand pour une grande épopée, Les Derniers Argonautes (éd. Glénat). Attention, nous sommes d’accord, la couverture est une catastrophe, mais que cela ne vous empêche de découvrir cette saga. Les Dieux n’interfèrent plus auprès des humains, ils ne leurs parlent plus et ce mutisme mine ce monde, les hommes ont besoin de les entendre à nouveau. Seule solution : que Jason sorte de sa retraite pour partir en quête d’un objet qui permettrait aux Dieux de communiquer de nouveau. Sauf que Jason est vieillissant, perclus autant de rhumatismes que de mauvais souvenirs. Quant à l’Argos… On a hâte de découvrir la suite d’un premier album qui tient toutes ses promesses !

Encore une histoire de quête avec des spécialistes du genre :  Serge Le Tendre avec celle de l’Oiseau du Temps et Jérôme Lereculey avec celle du Graal ou de l’Anneau ! Ici, on joue avec la trahison, les luttes fratricides, les pleurs, les larmes, les charmes et un Destin qui ne tient qu’à un fil et trois Moires. Avec une efficacité consommée, les deux auteurs nous déroulent une guerre de succession avec le talent des grands aèdes. Une joie intacte pour des plaisirs simples avec le tome 1 de Golias Le Roi Perdu (éd.Le Lombard).

Faisons deux bons dans le temps avec le tome 2 de la Grande Evasion le Labyrinthe (M.Gabella, S.Palumbo éd.Delcourt), une expérience déroutante où la fine fleur de la recherche va pénétrer dans la mythique prison imaginée par Dédale. Complexe, surprenant, haletant, ce récit complet mérite qu’on s’y attarde. Le deuxième bond concerne un mythe moderne, celui d’Aristote Onassis et Stavros Niarchos. J.C.Bartoll et V.Nicaise dépeignent dans Une Tragédie Grecque le parcours de ces deux milliardaires amenés à jouer une grande place dans l’échiquier international… (éd.Bamboo). Pour les amateurs de grandes sagas familiales et de « biopics »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Enfin, on vous fait grâce d’une lecture rebutante : Minas Taurus (Cerqueira, Mosdi, éd.Le Lombard) ne possède malheureusement aucun intérêt, ni graphique (les décors !!), ni scénaristique. Vous pouvez donc passer sereinement votre chemin.

allez, Kaire !

De la diversité dans la bande dessinée

Parmis les titres de cette rentrée 2012, le petit Alan était attendu par un très grand nombre de lecteurs dans les librairies, Emmanuel guibert, l’auteur de La guerre d’Alan, reprend les carnets de souvenirs d’Alan Ingram Cope pour les mettre en images, aux éditions L’Association.

Bien avant Le photographe (Aire libre-Dupuis), l’histoire qui va l’aider à se faire connaître d’un plus large public, Emmanuel Guibert avait déjà retranscrit l’expérience d’autrui et sa série La guerre d’Alan avait aider également la maison d’éditions L’Association à s’introduire dans le mileu. Ce réécite retransposait tout le parcours de ce jeune homme à peine âgé de 20 débarquant aux débuts de 1945 en europe avec les alliés. Pour ce nouvel opus, nous commençons dans les méandres des échangeurs à l’entrée d’une mégalopole californienne, la route défile et on peut sans peine imaginer la voix du narrateur à nos côtés, commençant à égrainer ses souvenirs, pour faire place tout à coup au désert et ainsi faire le lien avec une amérique plus démunie que l’auteur a pu connaître dans son enfance. Cet album permet de découvrir le quotidien d’un enfant ordinaire de l’entre-deux guerres ainsi que le contexte dans lequel il grandit.

Si je ne vous développe pas plus ce récit c’est uniquement pour vous laisser savourer toute la découverte de l’album et la patte intimiste d’Emmanuel Guibert.

Non effectivement ce n’est pas une nouveauté pour certains d’entres-vous, mais ayez une pensée pour tous ceux qui sont passés à côté de ce chef-d’oeuvre, Pinocchio de Winshluss est maintenant disponible en version souple pour la modique somme de 22 euros. Comme La guerre d’alan, Pinocchio se retrouve dans la grande majorité des sélections de: la bibliothèque idéale.

Est-ce ma grande immoralité ou bien le désir de partager avec le plus grand nombre cette histoire que je trouve énorme depuis ses premières apparitions, mais oui, il ne faut pas hésiter à mettre entre toutes les mains ce délire jubilatoire. Si Pinocchio est bien issu du génie créatif de Geppetto, ce n’est pas sous l’aspect d’une marionnette en bois mais d’un robot en métal et c’est plus pour aider aux tâches ménagères que pour combler un manque affectif paternel.

Winshluss porte un regard nouveau sur les fables de notre enfance en leur donnant corps dans notre société moderne de consommation, cet album n’en finira jamais de vous divertir et de vous surprendre. Et n’oubliez pas, il faut soutenir Les requins marteaux.

A peine était-il annoncé que bon nombre de lecteurs de 20th century boys ont commencé à s’impatienter quant à la sortie du Spin off de la série. Si Naoki Urasawa commence à avoir une certaine notoriété et que ses lecteurs s’engagent assez facilement dans ses univers (Monster, Pluto, 20th century boys, Billy bat, Happy! …), il n’empêche que beaucoup d’entre-eux estiment ne jamais avoir eu toutes les clefs de compréhension de ses histoires. Pourquoi continuer à en lire ? Peut-être par pur masochisme ou quelque perversion peut recommandable.

Donc la réponse à la question que plusieurs m’ont déjà posé en magasin, cet album est-il réellement indispensable et va-t’il repondre aux questions qui me taraudent la tête depuis tant d’années ? Et ben, comment dire, en ce qui concerne vos insomnies que ce manga a suscitées, j’espère que vous êtes devenus intimes avec elles car elles vont vous accompagner encore un bon bout de temps. Par contre, à titre personnel, j’ai pris un réel plaisir à retrouver les deux mangakas de l’histoire qui vont essayer de réaliser LE MANGA, celui qui bouleverse la vie des gens, l’incontournable, le génialissime… et tout ça grâce aux conseils de Yukiji qui tente comme elle peut de les aider, il faut dire qu’ils sont un petit peu… pour être gentil, je dirais passionnés. La phrase qui résume le mieux cet album esttirée du livre lui-même: « Ce recueil est le résultat des larmes et de la sueur versées par des hommes qui ont consacré leur jeunesse au manga ». 20th century boys, Naoki Urasawa & Ujiko Ujio, Panini manga.

Deuxième album des aventures de Batwoman de W. Haden Blackman & J.H. Williams III, chez Urban Comics. Si vous ne connaissez pas spécialement l’univers de Batman, que vous ne savez pas faire la distinction entre Batwoman et Batgirl, ne vous alarmez pas, l’histoire est suffisament bien écrite pour comprendre le contexte et les personnages.

Pour l’heure, si Batwoman se retrouve dans mes coups de coeur c’est principalement pour les audaces graphiques de J.H. Williams III. Ce dessinateur collabora avec Alan Moore sur Prométhéa, ce qui a pour résultat une série les plus dense tant narrativement que graphiquement. On peut regretter égalment de n’avoir eu qu’un seul tome de Désolation Jones publié par Panini car là encore l’auteur se lâchait, il faut dire que lorsque le personnage principal de votre histoire a tendance à se défoncer, cela vous permet des libertés artistiques sur ses délires.

Dans Batwoman, j’espère que vous apprécierez comment le dessinateur joue avec les effets de fumées, les ondulations aquatiques, les mouvements et les onomatopées, tout çà pour dynamiser le récit ou optimiser les scènes et les situations des personnages. A conseiller à tous les amateurs de sensations fortes.

Mustapha et Mohamed sont deux enfants du Liban des années 80′, s’ils sont en plein âge de s’amuser, l’insoucience n’est pas de mise, c’est l’époque où des jouets piégés étaient parachutés sur le pays, où les conflits limitrophes s’insisnuent d’une manière ou d’une autre dans le pays.

Mais ces deux enfants sont tout de même attentifs à la situation actuelle et se préocupent beaucoup des discussions des adultes qui les entoure. S’ils ne comprennent pas tout, il y a des choses qu’ils arrivent tout de même à saisir, comme les désagréments dûs aux coupures d’électricité la nuit. En tant que lecteurs de comics, ils vont fonder la super ligue, un groupuscule chargé du bien être de tous qui descendra chaque nuit rétablir le courant. Mais la tâche ne sera pas si aisée, ils vont se rendre compte très vite que leur quartier est déjà un trop vaste champ d’action pour deux super-héros, ils vont donc chercher à recruter.

L’album bénéficie d’une préface introduisant le pays et le contexte de l’histoire. Ensuite vous pourrez profiter de cette histoire jonglant entre la légèreté des enfants et la dureté des évènements qui les entoure. Merci aux auteurs Xavier Jimenez (alias sixo) et joseph Safieddine pour Les lumières de Tyr aux éditions Steinkis.

 

 

3 malheureuses petites semaines…

Et voilà, on s’absente trois malheureuses petites semaines, je laisse le chevelu seul avec le jeune libraire et ô surprise, il y a eu tellement de nouveautés que certaines d’entre-elles ne sont déjà plus disponibles, du coup cela fait moins de nouveautés à devoir lire, ou alors a reporter d’un bon mois le temps qu’elles soient réimprimées. D’accord, les trois semaines de vacances m’ont parues super longues, mais j’en ai oublié que pour les éditeurs également, le temps devait paraître long et qu’il a bien fallu s’occuper.

Après la rentrée 2011 qui avait un petit goût de flotte avec des pirates en veux-tu, en voilà, cette année nous avons le droit au sable avec un lot de western assez conséquent mais heureusement il n’y a pas que ça. En attendant, voici les perles du moment, Dora de Ignacio Minaverry, une bande dessinée argentine publiée par les éditions L’agrume. Un excellent choix, digne des meilleures publications d’indépendants outre-atlantique telles que les éditions Cà et là ou Vertige Graphic ont déjà pu nous proposer.

Dora a de quoi séduire avec ses airs d’actrice de la période nouvelle vague, elle est l’héroïne d’une fiction qui débute au moment de la guerre froide, elle est traductrice et se retrouve en charge de répertorier tous les documents en possession des américains, de l’ancien régime Allemand nazi. Son père ayant été déporté pendant la seconde guerre mondiale, Dora a pris la décision de constituer ses propres archives et joue les espionnes au sein de son bureau, dois-je rappeler que nous sommes en pleine guerre froide et que la pèriode est propice à l’espionnage et la suspicion. En marge de sa vie de femme ordinaire, nous suivons ses relations et ses choix de vie qui vont l’amener à être contacter par un groupuscule très particulier, un groupe de volontaires recherche, à force de réseaux de tout ordre, à mettre la main sur les criminels de guerre. Grâce à son ancienne co-locatrice allemande, elle va peut-être retrouver la trace du docteur Mengele en amérique du sud et se porter volontaire pour lui mettre la main dessus.

Un très bel album qui allie une qualité graphique et un soucis documentaire de très bonne facture.

Pas de panique à Sonic City, de julien Lois aux éditions Même pas mal. il fait partie de ces albums que je catalogue comme tellement bon, tellement c’est con. N’allez pas vous méprendre, c’est terrible graphiquement, un rythme hyper dynamique et de sacrés bonnes idées pour cette histoire courte de trois potes en route pour une teuf techno.

Pour celui qu’est déjà mal en point à l’arrière du camion, c’est un dépucelage en quelques sortes, première défonce, première teuf… et le démarrage est plutôt sévère, ses délires psychédéliques vont l’isoler du groupe et son voyage dans quatrième dimension va pouvoir commencer. Un énorme délire jubilatoire qui bien évidemment ne peut en aucun cas vous rappeler une expérience vécue.

 Une autre bande dessinée, qu’elle est bien, qu’elle est drôle: Pizza Roadtrip de Cha et Eldiablo dans la collection Hostile Holster d’Ankama.

Les amis, c’est bien! L’Amitié avec un grand A, on y croit! De celle où, pour un pote, on est prêt à tout sacrifier, à défier le monde et rendre l’impossible réalisable, le genre de pensée qui vous vient souvent lorsque vous avez un coup dans le nez et que vous faites une promesse à un pote, du genre:

« Tu sais Rudy, un vrai pote, c’est un mec pour qui tu serais capable de te mouiller pour de bon. Genrel’aider à faire disparaître un cadavre, un truc comme ça. » Bien évidemment, les sentiments sont là, mais c’est le genre de phrase que l’on dit un petit peu en l’air, ce n’est pas que l’on ne ferait pas (faire disparaître un cadavre), c’est juste qu’on espère ne jamais en arrivé à ce point, mais on le fera, juré, craché… Seulement voilà! Le jour fatidique est arrivé, votre pote se souvient de votre promesse et voici comment ce trio se retrouve à quitter Paris, direction la Bretagne, avec un cadavre dans le coffre et dans la ferme intention de s’en débarrasser discrètement. Seule cette intention est ferme car pour tout le reste, les nerfs sont prêts à lacher à tout instant et on peut dire que la nuit va être très longue. Au fur et à mesure du voyage, chacun ira de son petit flashback, ce qui permettra au lecteur de connaître le fin mot de cette histoire délirante.

Celui-ci est sorti la veille de mon départ en vacances, mais apparemment ne vous a pas tapé dans l’oeil, Mars aller retour de Pierre Wazem chez Futuropolis.

Je suppose que je ne ferai pas dans l’originalité et que tous ceux qui ont parlé de ce livre ont introduit rapidement l’histoire du hérisson doté d’un dossard, oui c’est une histoire où vous trouverez un hérisson avec un dossard. Pierre Wazem propose une fiction semi-biographique ou alors une biographie semi-fictionnelle autour de la réalisation de l’album que vous tenez entre les mains.

Notre narrateur est plongé dans toutes sortes de dilemnes, familiaux, sociaux, travail… ses problèmes ne s’arrangent pas tous seuls et c’est al rencontre fortuite avec notre fameux hérisson qui va tout bouleverser et l’amener à réaliser son fameux projet de bouquin, « Mars aller-retour », qu’il repousse depuis déjà si longtemps. Mais allez dire à votre entourage que c’est en tentant de retrouver un hérisson, doté d’un dossard, au beau milieu d’une forêt, que vous avez trouvé dans une cabane délabrée, le moyen de vous rendre sur Mars et que vous avez décidé de vous y isoler pour écrire… personne de sensée ne vous prendra au sérieux, et pourtant…

Fanya et Esther sont deux soeurs d’origine juive dans l’Amérique du début xx° siècle, plus précisément à New-York entre 1909 et 1923. Leur père a immigré aux Etats-Unis une dizaine d’années plus tôt, fuyant les révoltes de la Russie et laissant derrière lui douleur et peine. Les deux héroïnes de Dessous, de Leela Corman, avancent dans la vie avec le peu de bagages à leur disposition, leur utilité pour les travaux de la maison ou bien travailler pour ramener un peu d’argent, prévaut sur une éventuelle éducation et toutes deux sont assez naïves face à la vie. Naïves ne veut pas dire sans caractère bien trempé, chacune va donc faire son bonhomme de chemin, Fanya s’immergeant un petit peu plus dans le microcosme de leur quartier en devenant l’assistante d’une faiseuse d’ange, Esther quant à elle souhaite devenir danseuse et va travailler dans un cabaret. Entre l’histoire de la diaspora de cette Amérique toujours naissante et attirant toujours plus d’immigrants et la destinée de ces deux jeunes femmes dans une époque bousculée par des évènements qui s’enchaînent, les éditions çà et là proposent une nouvelle fois une oeuvre indépendante originale et forte à la fois.

 

 

Une chevauchée dans le grand Ouest ???

Si comme moi vous trouvez que les vacances sont toujours trop courtes et que le soleil s’est fait bien rare cet été, je vous invite à découvrir cette sélection de la rentrée pour un voyage sous le soleil du grand Ouest…

-Texas Cowboys : The best wild west stories published (Bonhhomme/Trondheim) :

Voilà un BD qui sent bon le sable chaud… L’histoire nous plonge en pleine période de transformation et d’industrialisation des grandes villes, les shérifs, les cowboys et les saloons feront bientôt figure de légendes. Mais les gens de la ville aiment toujours lire les histoires des grandes légendes de l’Ouest. C’est pourquoi notre héros Harvey Drinkwater va s’immerger dans le village de Fort Worth afin de recueillir les histoires des dernière légendes de l’Ouest. Mais pour pouvoir écrire sur eux, il devra d’abord devenir l’un des leurs. Duels au soleil, vols de banque, chercheurs d’or, serpents à sonnette, cactus, attaques de train ou encore chevauchées dans des plaines désertiques, il ne manque rien à ce vrai bon western.

Il faut dire qu’avec un duo de choc, Mathieu Bonhomme le virtuose du dessin et Lewis Trondheim au scénario, il y avait peu de chance que cela soit mauvais. Lewis Trondheim nous livre une authentique histoire de western avec un regard nouveau, il nous fait découvrir une autre de ses facettes scénaristiques car vous ne pourrez pas cataloguer cet album comme étant du Trondheim. Par contre côté dessin pas d’erreur possible Mathieu Bonhomme est bien là, que ce soit dans le grand froid avec Esteban, dans un monde fantastique (Messire Guillaume) ou dans ce paysage du grand Ouest, Mathieu Bonhomme n’a pas sont pareil pour nous faire vivre une aventure. On note aussi que les petites pages de chapitre façon vieille couverture font de cet album un bel objet.

– Chère Patagonie (Jorge Gonzalez) :

Changement d’ambiance avec ce magnifique album. Je vous avais promis un voyage dans le grand Ouest, on y est toujours, mais plus au sud. La collection aire-libre a su au fur et a mesure des années dénicher les talents de demain, Gibrat, Lepage… l’année dernière ils ont créé la suprise avec Portugal de Cyril Pedrosa et au vu des ventes en magasin vous avez également apprécié ce chef d’oeuvre de la BD française. Et bien la collection revient cette fois avec un auteur des plus surprenants.

Jorge Gonzalez nous plonge en Patagonie à travers l’histoire d’une famille et ces différentes générations. Un récit tout en émotion. Mais le véritable génie de cet album ne vient pas du scénario mais de son dessin. Un découpage très audacieux. Un dessin jeté et une couleur toute en nuance de gris. Il s’agit d’une bd contemplative, on peut passer des heures à fixer chaque case. Avis aux amateurs curieux de découvrir de nouvelles choses. Si vous aimez les beaux arts et que vous avez un esprit d’artiste cet album est pour vous… Sinon passez votre chemin.

Loup de pluie (Dufaux / Pellerero) :

Retour dans l’Ouest sauvage avec la famille McDell. Cette famille est propiétaire des réseaux de chemin de fer. Tout démarre lorsqu’un indien ami du fils cadet va prendre sa defense dans un bar et tuer un homme. Bien que ce geste ne soit que pure légitime défense, les indiens et les hommes blancs ne sont pas sur le même pied d’égalité dans ces moments là… Voilà comment notre histoire commence.

Dufaux et Pellerero duo de choc nous offre la première partie de leur dyptique sans une fausse note. Une vraie merveille, le dessin y est parfait. Je ne vois pas quoi dire de plus pour vous convaincre de sauter sur cet album.

– 7 Pistoleros (Ayala/Chauvel/Sarchione) :

La collection 7 finit sa deuxième saison en beauté avec cet album. Pour rappel, les 7 detectives, l’abum précedent fait partie de nos coups de coeur de 2012. Notre histoire se passe en pleine industrialisation des Etats Unis, mais l’ouest reste sauvage et  continue de vénérer les Légendes de l’ouest. Mais le gouvernement compte bien que les Légendes ne soient que des legendes et qu’on ne parle d’eux que dans les livres. C’est donc dans ce contexte que les 7 plus fines gachettes de l’ouest vont faire équipe. Cet album est un bel hommage au film de genre, et une fin épique pour ces légendes une fin un peu à la fort Alamo. Rien de bien original mais quel plaisir à la lecture.

Je ne pouvais pas finir un article sur le grand Ouest sans vous parler de l’ultime album de l’édition intégrale de Jerry Spring. Cette série de Jijé a marqué à jamais le western BD. Jean Giraud (Moébius) disait de cette série qu’elle avait inspiré Blueberry, c’est pour dire… Et la version intégrale en 5 volumes reprend tous les albums en noir et blanc, avis aux amateurs de bonnes BD. Les classiques le sont parce qu’ils le méritent (bien souvent).

Vous l’aurez compris, c’est le grand retour des Western en BD et si vous aimez, je ne peux que vous inciter à lire tous ces albums. Chacun d’eux a son charme bien à lui. Petit conseil à la lecture, n’hésitez pas a mettre en fond sonore une musique d’Ennio Morricone.

Double Rouge et Triple Noir

Il y a quelques mois, je vous avais dit tout le bien que je pensais du « Samaritain« , série historico-policière scénarisée par Fred Le Berre et mise en image par Michel Rouge. Aujourd’hui, ils ont changé de crèmerie – ils éditent leur nouvelle série aux éd.Glénat – mais ils conservent toute les qualités de leur complicité. Dans la trilogie « Kashmeer » dont le tome 1 vient de sortir, un jeune étudiant parisien, spécialisé dans la chimie de pointe, est courtisé par de grands groupes industriels, voire des nations étrangères. Il n’en a cure, lui souhaite plutôt conquérir le coeur d’une fascinante indienne qu’il croise aux cours de langues orientales. Cette métisse anglo-indienne, Gita, peu à peu se laisse séduire par la personnalité anti-conformiste de Paul. Mais quelles lourdes menaces pèsent sur les deux étudiants ? Qui en est la véritable victime et quels sont les enjeux ?

Voilà le début d’un très bon thriller qui démarre lentement pour mieux surprendre ses lecteurs passée la vitesse supérieure. On évoque la géopolitique actuelle, les menaces internationales et une romance bien locale. Le tout sous le dessin précis et élégant de Michel Rouge.

Deuxième coup de coeur pour un thriller pimenté. La relève chez la famille Rouge est bien assurée avec le talent de Corentin Rouge, fils de Michel. En effet, avec le récit complet « Juarez », ce jeune auteur qui s’est auparavant exercé sur les albums de son père, nous montre qu’il peut aisément soutenir la comparaison. Des mauvaises langues pourraient médire sur la grande similitude de style graphique, mais qu’importe puisque le talent est là !

Se basant sur des faits – malheureusement – réels, la scénariste Nathalie Sergeef nous plonge dans un Mexique violent et corrompu où les femmes disparaissent par centaines. C’est l’une d’elle que le personnage de Gaël tente de retrouver… Se jouant des codes de la vengeance personnelle et de l’enquête en milieu hostile, N.Sergeef nous manipule pour mieux nous faire sentir le poids des trafics et nous surprendre dans les dernières pages. Ce thriller est publié aux éditions Glénat.

Autre polar, autre continent, Christian de Metter continue son travail d’adaptation avec « Piège Nuptial » (éd.Casterman) d’après un roman de Douglas Kennedy. Ici, un Américain en vacances arpente les régions reculées et désertiques du bush australien. Il croise sur sa route une jeune autostopeuse fraîchement majeure. Il accepte de la prendre avec lui. Ils passent tous deux de bons moments et puis… tout bascule !  Je ne vous en dis pas plus pour ne pas déflorer les rebondissements de ce très bon one-shot.