3 romans graphiques pour démarrer 2018

Le mois de janvier est l’occasion pour les éditeurs de nous présenter quelques belles nouveautés après l’avalanche de suite de grosses séries auxquelles nous avons le droit à chaque fin d’année. Le mois de janvier 2018 n’a pas dérogé à cette règle puisque nous avons eu de belles découvertes. Dont voici 3 récits complets qui valent le détour :

-L’homme Gribouillé (de Serge Lehman et Frederik Peeters, chez Delcourt) : Plus je vous parlerai de cet album plus je vous en gâcherai la lecture, alors voilà lisez le…

Bon je vous en parle quand même un peu.. mais pas trop. Frederik Peeters et Serge Lehman sont deux auteurs qui aiment créer des univers et des récits d’ambiances. Ils vous plongent dans une atmosphère et vous attrapent dès le début de l’histoire pour vous lâchez à la dernière page. Contrairement au côté intriguant en fantastique de la couverture l’histoire se passe dans notre monde bien réel à Paris où nous allons découvrir 3 générations de femmes. La grand-mère, la mère et la fille… Mais je vous en ai déjà trop dit, découvrir l’intrigue fait partie du plaisir de ce récit.

Attendez-vous à vous faire surprendre. Notre passé et nos origines cachent souvent bien des mystères et des légendes.

Comme toujours le dessin de Frederik Peeters accompagne à merveille ses histoires, vous invitant d’une case à une autre de manière palpitante et fantastique.

-Les danois (de Clarke, chez Le Lombard) : La fin d’année 2017 a été riche en bons récits d’anticipation avec Bug et Serum. Et si le genre vous plait ne ratez pas Les Danois de Clarke.  C’est le genre de récit qui vous fait réfléchir sur notre monde et notre société.

L’histoire démarre à Prague avec des naissances d’enfants issus de l’immigration qui sont blonds aux yeux bleus. Imaginez un peu la réaction d’une famille musulmane à la vue d’un enfant blond au yeux bleus ? Imaginez la réaction d’une femme qui pensait accoucher d’un enfant métisse quand va apparaitre sous ces yeux à l’accouchement un petit blondinet au yeux azur ? Et vous comment réagiriez vous si l’enfant que vous attendiez ne ressemblait pas à l’idée que vous vous faites de lui ? Nos idées sur le sujet sont encore très arrêtées et ce récit les pointe magistralement du doigt.

Mais il serait bien dommage que le récit s’arrête à ce simple fait, Clarke nous invite donc à découvrir toute une galerie de personnages qui vont suivre cette affaire en étant impliqué à différents degrés. Un journaliste qui va chercher à comprendre ce qui ce cache derrière ces naissances ? Un laborantin qui après avoir fait la première analyse, disparaît dans la nature pour se faire oublié, les deux premières femmes touchées par le phénomène et bien d’autres qui vont également construire les différentes réflexions liées à notre société.

Un très beau livre qui amène à ce poser des questions sur notre vision du monde et ce qui nous entoure et comment le monde peut évoluer ? Voilà un bel exemple de comment le BD peut nous  rendre plus tolèrent et ouvert au changement. A découvrir et à faire découvrir.

-Cinq Branches de cotons noires : 2018 est l’année des 30 ans de la collection Aire-Libre des éditions Dupuis. Voilà 30 ans que la collection nous régale avec des récits beaux autant scénaristiquement que graphiquement. Au début de la collection on ne parlait pas encore de roman graphique, le terme n’était pas encore à la mode. Mais pourtant tout y était déjà. De Cosey (Voyage en Italie, à Pedrosa (Portugual, Equinoxe, en passant par Van Hamme et Griffo pour l’incontournable SoS Bonheur, mais aussi Lepage (Muchacho) Gibrat (Le sursis, Le Vol du Corbeau) et tant d’autres qui m’ont fait rêver et voyager. 

Donc pour ouvrir cette 30eme année d’édition il fallait un album marquant. Il vous suffit de regarder la couverture pour tout comprendre avec un simple profil de soldat Steve Cuzor le dessinateur arrive déjà à dégager tellement de force et d’émotion. 

5 branches de contons noires est à la fois ce que la BD Franco-belge classique propose de mieux avec un dessin incroyablement classique et puissant imprégné de la culture des plus grands standard de la BD Jean Giraud, Herman… Mais avec une écriture moderne et une mise en scène dynamique, comparativement aux oeuvres BD des année 80-90.

L’histoire nous entraîne en 1944 aux côtés de soldats afro-américains qui pensaient avoir quitter leur pays pour combattre l’oppression Nazie, mais qui vont se retrouver  parqué dans un camp en retrait où ils doivent garder des chars gonflables pour faire croire aux allemands que le débarquement aura lieu dans le sud de la France. Mais outre leurs rêves de partir combattre, nos soldats afro-américains ne sont pas traités pareil que les autres soldats alliés la couleur de leur peau est un problème pour certains de leurs supérieurs et alliés au sein du même camp. Alors qu’en temps de guerre les soldats ne devraient-ils pas être tous solidaires les uns des autres ? Une réalité bien triste sur la bêtise humaine. Alors qu’un bataillons formé avec des soldats afro-américains arrive a se former pour mener à bien une mission assez spéciale, une autre histoire se déroulera en parallèle, celle des femmes, soeur et mères de ces soldats restés aux pays qui vont à travers le récit de leur passé se battre à leur façon pour l’égalité des chances, nous rappelant que ce sont des petits combats qui amènent à de grands changements et que l’action d’une seule personne peu changer les choses.

Steve Cuzor au dessin fait un travail incroyable. La pureté de son travail en noir et blanc est tellement saisissante que la mise en couleur a été pensée pour garder tout le détail du dessin original en optant pour une monochromie par ambiance et séquence narrative. Donc la mise en couleur ne gâche pas du tout le plaisir graphique et l’investissent du dessinateur. Lorsque vous aurez lu le passage sous la neige vous comprendrez de quoi je veux parler cette séquence est un pure bonheur pour les yeux.

Steve Cuzor et Yves Sente arrive avec cet album à faire ce que veut faire la collection Aire-Libre depuis ses débuts, plaire aussi bien aux amateurs de romans graphiques que aux amateurs de BD Franco-Belge classique. Nous rappelant que l’un et l’autre ne sont pas deux univers bien différents.

 

Voilà donc 3 récits qui finalement ce complètent bien, abordant tous trois les origines, le changement et l’ouverture d’esprit. Chacun se déroulant dans un espace temps différents, le passé pour « Cinq branches de coton noir », le présent pour l’homme gribouillé et le futur (proche) pour Les danois.

Alors n’hésitez pas: lisez les et dites nous ce que vous en avez pensé ?

 

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