Coups de coeur : Du libraire chevelu

Back to the 10’s ! Episode 3

Que ce soit à la télé, dans les magazines, ou les réseaux sociaux, vous n’y échapperez pas : vous aurez une rétrospective de ce qui a marqué la décennie 2010. Hé bien, nous avons beau être libraires, nous sommes humains, nous aussi. Voici donc un petit florilège des 10 années écoulées et cela tombe bien puisque, peu ou prou, cela correspond aux années d’activités de la librairie !

Alors coupons court à la polémique. Oui, la prochaine décennie ne démarre qu’en 2021, mais tant pis ! Fusionnons nos 10 années civiles et les 10’s !

Enfin, rendons à César ce qui est à César. J’emprunte le concept global de ce best-of au magazine Première dont le hors-série a eu la bonne idée de mêler palmarès, box-office et coups de cœur. Donc moi aussi !

Vous trouverez donc le Grand Prix du Festival d’Angoulême (décerné fin janvier), le Prix de la Meilleure BD des Utopiales (décerné fin octobre), le Grand Prix de la Critique de l’ACBD (décerné début décembre), notre meilleure vente à la MLN (en nombre d’exemplaires jusqu’au 31 décembre) et mon coup de cœur subjectif de l’année écoulée.

 

 

 

2012

Grand Prix du Festival d’Angoulême :

Chroniques de Jérusalem / G.Delisle / Delcourt

Continuant son périple à travers le monde, Guy Delisle pose un regard faussement naïf sur les gens qui l’entourent. Après la Corée, la Chine et la Birmanie, l’auteur explore Israël, avec ses aberrations, ses paradoxes et sa fascination. Et c’est bien. Autre chose ? Oui, lisez-le !

Prix de la Meilleure BD des Utopiales :

Big Crunch T.1 / R.Gourrierec / Delcourt

Quel dommage de voir une série prometteuse abandonnée avant sa conclusion. Après deux tomes haletants où des enfants découvrent que leur père est un super-héros, Rémi Gourrierec est parti pour d’autres projets. Il nous restera toujours une énergie et une spontanéité rafraîchissante… pour ceux qui ont la chance de trouver ces albums !

Grand Prix de la Critique de l’ACBD :

L’Enfance d’Alan / E.Guibert / l’Association

Emmanuel Guibert avait encore beaucoup de choses à nous dire sur Alan Cope. Pour notre plus grande joie ! Avec finesse, il nous dresse le portrait d’un homme ordinaire, humble et celui d’une époque si lointaine et si proche à la fois. 

Meilleure vente à la MLN :

Blast T.3 / M.Larcenet / Dargaud

Manu Larcenet s’approche de la conclusion de sa tétralogie en distillant noirceur et malaise et le public ne s’y trompe pas. L’errance de Polza Mancini et ses blasts nous laissent pantois. Vous pensez que Larcenet était allé au bout de son désespoir en l’humanité ? Rendez-vous en 2015 !

Coup de cœur :

Daytripper / F.Moon & G.Ba / Urban Comics

Un album, un festival, une rencontre, voilà une trinité sur laquelle s’appuie ce coup de cœur. Pour l’album, c’est cette idée sous-jacente qui en fait tout le charme : quelle trace laisse-t-on de son passage sur Terre ? Que va-t-on retenir ? Puis à Saint-Malo, c’est la rencontre Fabio Moon, sa gentillesse, son énergie. Et une folle aventure dans un robuste camion !

Back to the 10’s ! Episode 2

Que ce soit à la télé, dans les magazines, ou les réseaux sociaux, vous n’y échapperez pas : vous aurez une rétrospective de ce qui a marqué la décennie 2010. Hé bien, nous avons beau être libraires, nous sommes humains, nous aussi. Voici donc un petit florilège des 10 années écoulées et cela tombe bien puisque, peu ou prou, cela correspond aux années d’activités de la librairie !

Alors coupons court à la polémique. Oui, la prochaine décennie ne démarre qu’en 2021, mais tant pis ! Fusionnons nos 10 années civiles et les 10’s !

Enfin, rendons à César ce qui est à César. J’emprunte le concept global de ce best-of au magazine Première dont le hors-série a eu la bonne idée de mêler palmarès, box-office et coups de cœur. Donc moi aussi !

Vous trouverez donc le Grand Prix du Festival d’Angoulême (décerné fin janvier), le Prix de la Meilleure BD des Utopiales (décerné fin octobre), le Grand Prix de la Critique de l’ACBD (décerné début décembre), notre meilleure vente à la MLN (en nombre d’exemplaires jusqu’au 31 décembre) et mon coup de cœur subjectif de l’année écoulée.

 

 

 

2011

Grand Prix du Festival d’Angoulême :

5000 km par seconde / M.Fior / Atrabile

Allez, un petit moment d’ego-trip ! La sortie discrète de ce petit album chez Atrabile ne m’avait pas empêché de le repérer et de grandement l’apprécier à sa sortie. Alors quelle sensation de fierté (déplacée, certes) lorsque, sur place au festival d’Angoulême, les hauts parleurs annoncent les résultats et que des confrères se posent la question « Mais qu’est-ce que c’est que cet album ? ». « Moi, je sais… ». Et j’aime toujours cette étrange histoire d’amour…

Prix de la Meilleure BD des Utopiales :

Château de sable / P.O.Lévy & F.Peeters / Atrabile

Premier paragraphe d’honnêteté : j’étais passé à côté de cet album. Il avait pourtant tout pour plaire, un auteur qui trouve ses marques graphiques définitives, un scénario déroutant… Je ne l’ai lu que beaucoup plus tard. L’aurai-je primé ? On ne le saura jamais…

Grand Prix de la Critique de l’ACBD :

Polina / B.Vives / Casterman

La rareté des BD sur la danse le plaçait déjà dans un cadre bien particulier. Mais la grâce avec laquelle Vives retranscrit les mouvements chorégraphiés ou naturels, la musique, le tempo, place cet album au-dessus de la mêlée. Enfin, l’ambiguïté et l’âpreté des rapports humains entre élèves, professeurs et amis étaient les derniers arguments pour que cette histoire soit marquante. Et, non, je n’ai pas vu l’adaptation cinéma.

Meilleure vente à la MLN :

Portugal / C.Pedrosa / Dupuis

Entre la librairie et Cyril, c’est une longue histoire d’amour ! Alors qu’il était encore à travailler sur ses planches, Cyril Pedrosa sentait déjà que son album serait hors du commun. Nous aussi ! Il nous a donc fait confiance pour notre premier événement king size ! Exposition, chorale, dédicace, rencontre VIP, ex-libris… Portugal a eu droit à tous les égards. Normal pour un album d’exception !

Coup de cœur :

Les Ignorants / E.Davodeau / Futuropolis

Pourquoi celui-ci ? Parce que c’est une ode à la passion ! C’est un modèle d’engagement. C’est l’album qu’il faut offrir à ceux qui ne connaissent pas la BD, à ceux qui ne savent pas reconnaître deux bouteilles de vin. C’est un album qui se laisse siroter lentement doté d’une liste de suggestions à suivre les yeux fermés.

Back to the 10’s ! Episode 1

Que ce soit à la télé, dans les magazines, ou les réseaux sociaux, vous n’y échapperez pas : vous aurez une rétrospective de ce qui a marqué la décennie 2010. Hé bien, nous avons beau être libraires, nous sommes humains, nous aussi. Voici donc un petit florilège des 10 années écoulées et cela tombe bien puisque, peu ou prou, cela correspond aux années d’activités de la librairie !

Alors coupons court à la polémique. Oui, la prochaine décennie ne démarre qu’en 2021, mais tant pis ! Fusionnons nos 10 années civiles et les 10’s !

Enfin, rendons à César ce qui est à César. J’emprunte le concept global de ce best-of au magazine Première dont le hors-série a eu la bonne idée de mêler palmarès, box-office et coups de cœur. Donc moi aussi !

Vous trouverez donc le Grand Prix du Festival d’Angoulême (décerné fin janvier), le Prix de la Meilleure BD des Utopiales (décerné fin octobre), le Grand Prix de la Critique de l’ACBD (décerné début décembre), notre meilleure vente à la MLN (en nombre d’exemplaires jusqu’au 31 décembre) et mon coup de cœur subjectif de l’année écoulée.

 

 

 

2010

Grand Prix du Festival d’Angoulême :

Pascal Brutal T.3 / R.Sattouf / Fluide Glacial

Première entrée de Riad Sattouf dans ce classement et pas la dernière, le jury d’Angoulême a décidé de couronné le Riad Sattouf moqueur et impertinent. Nul ne le sait encore vraiment, mais l’auteur va aller bien au-delà de ce récit humoristique…

Prix de la Meilleure BD des Utopiales :

Derniers Jours d’un Immortel / F.Vehlmann & G.de Bonneval / Futuropolis

SF oblige, ce récit parle tout autant de notre société contemporaine que de notre futur. Dans un monde où la mort où ne recouvre plus les mêmes réalités, où plusieurs peuples coexistent, comment envisager une cohabitation harmonieuse. Sobre, touchant, profond, cet album impose son rythme et son indispensable présence dans vos bibliothèque.

Grand Prix de la Critique de l’ACBD :

Asterios Polyp / D.Mazzuchelli / Casterman

Le très grand et trop rare Mazuchelli ! Celui de Batman Year One, de Daredevil Born Again mais aussi de Big Man ! Le parcours d’Asterios tant physique que mémoriel, avec ses soubresauts, ses accélérations, son intériorité, capte le lecteur pour ne pas le lâcher. Et que dire des trouvailles graphiques pour exprimer la vision de chaque protagonistes ? ! Non, vraiment un gros gros coup de cœur.

Meilleure vente à la MLN :

Troll de Troy T.14 / C.Arleston & JL.Mourier / Soleil

Malgré des rayonnages quasi-vides et des piles modestes (on regrette presque cet instant de frugalité éditoriale à présent), les lecteurs sont au RDV pour notre premier Noël d’indépendants. Et c’est une valeur sûre du divertissement qui arrive en tête des ventes !

Coup de cœur :

Lydie / Zidrou & J.Lafebre / Dargaud

C’est avec cet album que Zidrou s’est révélé en tant que scénariste complet. Jusqu’ici remarqué pour ses histoires humoristiques et jeunesses, il avait déjà commencé à titiller ma curiosité avec La vieille dame qui n’avait jamais joué au tennis et autres nouvelles qui font du bien. Avec Lydie, il va bien au-delà et parvient à émouvoir le lecteur par un récit émouvant, si tendrement humain, optimiste mais qui n’a pas peur d’aborder le deuil, la tristesse, la perte… J’entrevoyais alors de possibles pépites à venir : le futur allait me donner raison.

Des albums « myosotis »…

Pourquoi myosotis ? Parce que cette fleur a pour surnom anglais « Forget-me-not » et ces trois albums perdus dans le maelstrom des grandes nouveautés eux non plus ne doivent pas être oubliés. Un titre tiré pas les cheveux ? Qu’importe, je n’en avais pas d’autres (et puis c’est cohérent pour un chevelu) !

Commençons pas un onirisme échevelé (je file la métaphore) avec « Le Dieu Vagabond » de Fabrizio Dori, paru aux éditions Sarbacane. Eustis raconte à qui veut bien l’écouter ou lui donner son vin quotidien qu’il faisait partie de la thiase, le cortège Dionysiaque de l’Age d’Or. Une malencontreuse poursuite après une nymphe effarouchée lui voua la colère d’une déesse sévère et l’errance sur Terre. Plus de 2500 ans de punition, tout de même… Toutefois, ce vagabond rêveur dit-il la vérité? Est-il un ancien satyre éloigné des siens ? Un simple rêveur ? En tout cas, certains de ses voisins tentent le pari de le croire et l’accompagnent dans sa quête de rédemption. Ils leur faudra braver les enfers, rêver leur vie et se réconcilier avec les trois figures divines de la Lune ! L’Odyssée, en comparaison, n’était qu’une partie de rigolade !

Fabrizio Dori impose en quelques pages un style très marqué, rejeton incroyable de l’esthétique grecque revue par le prisme de Klimt et/ou des impressionnistes. Ses planches doivent autant à Mucha par leur construction qu’à Van Gogh pour ses couleurs changeantes. Avec une connaissance fine des mythes antiques et des mystères dionysiaques, il habille son intrigue sans imposer son savoir. Et surtout, comme Pan, les silènes et les ménades, il nous mène, enjoués, au fil des pages, alternant joie, peine, émotion et rire. Laissez-vous, vous aussi, entraîner dans cette sarabande graphique !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On change radicalement d’ambiance avec le tome 1 de « Virus » de Sylvain Ricard au scénario et Rica au dessin, le tout aux éditions Delcourt !

Alors, bien sûr, on aimerait un petit avertissement du style : « Attention, toutes ressemblances avec des situations réelles seraient fortuites. Ne vous inquiétez pas c’est de la fiction« . Pas du tout ! Au contraire même : un copieux dossier final nous rappelle (de manière un peu anxiogène) la réalité des expériences militaires sur les virus. On y apprend les tâtonnements de la science, les visées stratégiques, les excuses préventives qui additionnés donnent un cocktail délétère. Dans ce récit, un scientifique porteur d’un virus génétiquement modifié, hautement pathogène et dans bien des cas mortel se retrouve dans un lieu confiné… mais surpeuplé ! En effet, il s’est sciemment rendu à bord d’un bateau de croisière en partance pour les Etats-Unis. Les autorités sont au courant, les hautes instances savent la dangerosité de ce virus sorti de son laboratoire. Que se passera-t-il lorsque la nouvelle en même temps que la maladie se répandra sur la population ? Combien d’individus seront sacrifiables pour sauver la société ? Pour sauver le président ? Ce thriller dont le tome 2 est annoncé pour la fin de l’année se lit d’une traite. Avec une légère suer froide dans le dos…

 

La Révolution française de 1789, bien qu’étant un tournant marquant de l’histoire de notre pays, a été peu explorée en bande dessinée. Alors que l’on ne compte plus les récits napoléoniens, que les deux guerres mondiales sont jalonnées de nombreux albums de qualité, la fin du 18ème siècle est abordée timidement et jamais de manière pérenne. Pourquoi ? Est-ce une période trop riche en événements ? Trop complexe dans ses rouages politiques ? Trop « sacrée » pour que la BD s’en empare avec ses gros sabots réducteurs ? Peut-être un peu de tout ça sans doute.

En tout cas, Florent Grouazel et Younn Locard comblent talentueusement une lacune avec « Révolution« publiée aux éditions Acte Sud/L’An 2. Dans le premier tome de cette trilogie sobrement titré « Liberté », les auteurs nous plongent sans fards dans le tumulte populaire. Le peuple a faim, il ne supporte plus les injustices qui l’accablent et le moindre changement politique est vu comme une trahison. L’insurrection est proche et la noblesse, qu’elle soit proche du roi ou au contraire mise à l’écart, rajoute de l’huile sur le feu avec ses interminables manigances. Seuls les députés peuvent encore jouer d’une quelconque influence alors que le Tiers Etats songent à prendre les armes.

Les auteurs ont choisi d’associer personnages historiques avérés et figures de fiction afin de nous rendre témoins de tous les bouleversements en jeu du haut en bas de cette société. A travers trois lignes d’intrigues qui se croisent, nous voyons l’inéluctable révolution se mettre en branle. Tout d’abord, Marie et Louise deux jeunes filles issues des classes populaires, ballottées par les émeutes ; Abel de Kevélégan, frère du député Augustin de Kervélégan, qui ne connait rien à la politique et débarquant de sa province découvre un Paris foisonnant autant enivrant que dangereux; enfin Jérôme Laigret, noble désargenté, œuvrant dans l’ombre pour la destitution du Roi avec peu de succès…

Je vous encourage très vivement à découvrir cette fresque historique de haute tenue !

[Au moment où je conclus ces lignes, j’apprends que simultanément Glénat et Delcourt lancent des séries se déroulant durant la Révolution. Patience…]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et pour en terminer avec les myosotis, je vous encourage à découvrir ou redécouvrir les œuvres de Kenji Tsuruta (auteur de Forget-me-not, vous suivez ?) : l’Île errante et les aventures d’Emanon

Le feu et la braise

Les lacrymogènes se sont dissipés dans les rues, mais leurs vapeurs délétères ont néanmoins imprégné quelques pages de BD. Contestations, revendications ou simples constats, les auteurs (des citoyens comme tout le monde après tout) se sont emparé de l’ambiance de notre société pour en dépeindre d’autres pas si étrangères.

Marcos Prior et David Rubin ont choisi de prendre les armes graphiques. Dans « Grand Hôtel Abîme » (éd.Rackham), le peuple est chaque jour un peu plus dépouillé de ses droits, de ses libertés, pire : de ses moyens de subsistance. Alors que la grande majorité ne prend pas conscience de ses entraves par un matraquage continu d’images hypnotiques, d’infos inutiles et de bavardages incessants, seule la violence aveugle semble être une échappatoire pour quelques citoyens lucides… A travers quelques chapitres bien anxiogènes, les auteurs poussent les travers actuels de notre société juste quelques crans au-dessus, là où une étincelle pourrait tout embraser.

 

Une autre société est engluée dans le mensonge des élites, celle de l’album « Sérum ». Pourtant, la vérité y est une vertu cardinale, prônée à tort et à travers par la Présidente en place… Kader a été condamné après les purges politiques qui ont « assaini » la société : une puissante drogue lui a été injectée, l’obligeant à dire constamment la vérité. Sa vie est alors devenue un enfer, comment vivre à proximité d’un homme qui n’a plus aucun filtre social, plus de distances, plus de secrets ? Du fond de la ville où il a échoué, il s’aperçoit néanmoins qu’une forme de résistance au régime dictatorial est en train de poindre dans un Paris aseptisé. Le début d’une révolution ou une illusion encore brisée ? Ce scénario de Cyril Pedrosa sur les dessins de Nicolas Gaignard a été entamé il y a de nombreuses années, bien avant de récentes campagnes électorales. Pourtant ce récit d’anticipation politique publié aux éditions Delcourt n’a jamais été aussi raccord avec l’actualité.   

Il y a plus de 20 ans, Jean Van Hamme et Griffo signaient un récit dystopique  qui avait marqué toute une génération. « SOS Bonheur » dépeignait une France intemporelle condamnée au bonheur à tout prix, à la prise de risque minimale et au nivellement des libertés. Par de petits chapitres grinçants, cyniques et dérangeants par leur vraisemblance, les auteurs nous alertaient déjà de la pente dangereuse qu’empruntait notre société. Vingt ans plus tard, tout a changé et rien n’a changé. Immigration encadrée, morale punitive, présomption de culpabilité, encouragement à la délation, Stephan Desberg s’empare de toutes ces atteintes à la liberté à la suite de J.V.Hamme. Dans une France encore une fois si proche de la nôtre, Griffo continue dans cette seconde saison (toujours aux éditions Dupuis) à nous invectiver à ouvrir les yeux, à prendre conscience. Sans doute pour qu’il n’y ait pas de saison 3…

 

 

Ce panorama marqué par la rancœur et la déception de voir l’incapacité de nos gouvernements à nous montrer la voie ne serait pas complet sans les deux regards espagnols de Miguelanxo Prado avec « Proies Faciles » (Rue de Sèvres) déjà chroniqué par le Grand Libraire ici et « Au Fil de l’eau » de Juan Canales (également Rue de Sèvres).

Vivement les lendemains qui chantent !

Seulement trois des Sept

Alors que « 7 Macchabées »,  le dernier tome de la Saison 3 de la collection 7 (éd.Delcourt) paraît, plusieurs phénomènes s’enchaînent.

Tout d’abord, la satisfaction de lire un album bien maîtrisé, scénaritiquement, graphiquement et narrativement, le triangle parfait de la BD.

Ensuite, le soulagement de voir que, comme les deux saisons précédentes, un album se démarque largement du reste de la collection par ses qualités, même si c’est à la fin.

Enfin, la joie de voir que mon opinion est partagé par Gérald qui a dégainé plus vite que moi 🙂 et Romain qui n’en pense pas moins.

J’éviterai donc les redites : lisez son article. Je me contente seulement de souligner que chaque saison a proposé un album qui a su saisir l’essence même du concept de Sept. La première saison s’est épanouie avec « 7 Missionnaires« , la deuxième avec « 7 Détectives » et la troisième (et dernière selon l’éditeur) avec « 7 Macchabées« .

En quoi consiste-t-il, ce concept ? A trouver un équilibre extrêmement subtil entre une histoire de groupe et une histoire d’individualités. Il est indispensable que l’intrigue concerne chacun, le groupe des 7, mais pas comme un bloc sans aspérité, mais comme une mini société. Les réactions aux événements et aux péripéties doivent se décliner selon les caractéristiques de chacun, tout en gardant une harmonie globale.

D’autre part, chaque personnage doit avoir une épaisseur, un passé, un caractère qui l’individualisent des autres, sans toutefois qu’apparaisse une juxtaposition de personnages autonomes. La pagination réduite ne permettrait pas d’en dire suffisamment et une frustration en résulterait. Chaque personnage doit trouver sa place aussi bien dans l’économie de l’intrigue que dans le champs des archétypes. Et doit éviter donc l’écueil du personnage « sacrifiable », du « traître évident » etc. 

Quant à l’intrigue, elle doit être sobre dans ses objectifs pour que que puissent apparaître tous le talent des auteurs. Trop alambiquée ou ambitieuse, et elle n’a pas le temps de se dévoiler. Trop simpliste, elle n’apparaît que comme un jeu d’écriture imposé.

 

« 7 Macchabées« , c’est avant tout l’association vertueuse d’Henri Meunier au scénario et Etienne Leroux au dessin. Le premier est un scénariste rare et donc précieux, qui sait manier l’art difficile du one-shot avec doigté. Il avait magnifié le western avec « Après la Nuit » en compagnie de Richard Guérineau au meilleur de son art (éd.Delcourt). Il avait bousculé la série concept « Le Casse » (toujours chez le même éditeur avec le même dessinateur) en transformant le postulat du thriller-braquage en rapt de la dépouille du Christ !

Ici, l’intrigue est limpide : l’armée anglaise a réussi à redonner vie à des défunts par des moyens scientifiques. De plus, elle veut symboliquement affirmer sa suprématie en damant le pion à l’empire allemand en étant la première à revendiquer l’Antarctique. La Couronne décide donc de faire d’une pierre deux coups, vérifier la viabilité de ces résurrections en envoyant ces morts-vivants planter l’Union Jack sur la banquise. Un but simple, une intrigue simple : cela permet de faire évoluer sereinement ses personnages et proposer une histoire aux enjeux solides.

Etienne Le Roux est un vrai caméléon, au bon sens du terme. Il se coule graphiquement dans chacun des projets qu’il réalise tout en gardant sa propre patte. Ses personnages sont humains, attachants, réalistes. Son sens du cadrage permet un rythme qui maintient le lecteur attentif que cela soit dans des pages d’action ou des scènes d’explication. Il joue avec les codes classiques pour gagner en efficacité.

Je vous ai dit que cela m’avait plu ? 

Ne nous méprenons pas, d’autres albums de cette collection ont été de grande qualité. Comme l’a dit mon collègue, nous ne citerons pas les mêmes selon nos propres goûts. Certains ont frôlé la perfection, d’autres se sont perdus dans des concepts pourtant séduisants. Il en résulte une collection où l’on a pu voir de grands noms et de nouveaux venus se casser la tête avec un postulat simple et produire des œuvres de qualité.

Lors de votre prochain passage à la librairie, nous vous montrerons ceux qui ont fait vibrer nos cœurs.

 

Tout n’est qu’une histoire de Lettres

Rares sont les albums où le langage, les dialogues, la matière littéraire font l’objet d’un travail méticuleux. Non pas que les scénaristes ou autres auteurs délaissent cet aspect de la création, mais dans leur souci d’efficacité, de vraisemblance ou de concision, ils sont contraints à de nombreuses concessions.

 

Parfois, au détour d’un album, se nichent le dialogue bien ciselé, la verve truculente, le bon mot bien placé. Quand l’auteur est bien inspiré, on touche à des moments de pure poésie. Le décalage avec le discours habituel peut apporter son lot d’élévation et/ou d’humour. Alain Ayroles, entre autres, s’est ainsi frotté à l’alexandrin dans « De cape et de croc » (éd.Delcourt).

 

 

Ici aussi, l’alexandrin est bien au centre du nouveau récit de Pascal Rabaté et Alain Kokor. Dans son titre, tout d’abord (« Alexandrin ou l’art de faire des vers à pied« ), également dans le nom du personnage principal (le si bien nommé Alexandrin de Vanneville), mais avant tout dans les paroles de ce poète errant. Pas tout à fait vagabond, presque philosophe, assurément philanthrope, Alexandrin propose ses vers à qui sera suffisamment sensible pour les recevoir. Pour adoucir les vicissitudes de l’existence, il se fait un devoir de rimer et rythmer chacune de ses phrases. Tout y est, de la césure aux douze pieds ! Sa route va croiser celle de Kévin, jeune garçon en rupture de ban familial. Alexandrin va le prendre sous son aile, le faire rimailler et surtout lui proposer une autre existence où la poésie pourrait changer le cœur des hommes…

 

 Quel plaisir de retrouver Alain Kokor et son talent d’ « émerveilleur » ! Quel joie de le voir s’associer avec Pascal Rabaté, l’artisan des petites joies. Leurs univers étaient faits pour se rencontrer, s’enrichir l’un l’autre. La poésie de l’un, la bonhomie de l’autre et le génie des deux permettent à cet album édité chez Futuropolis de se hausser très vite dans mes recommandations de la rentrée !

 

 

 

 

 

Un autre auteur que j’ai plaisir à retrouver en cette rentrée est Kenji Tsuruta. Auteur rare tant au Japon qu’en France, il m’avait émerveillé avec « Spirit of Wonder » il y a presque 20 ans puis avec « Forget-me-not » tous deux aux éditions Casterman. Depuis, plus grand chose à se mettre réellement sous la dent. Enfin, vient de paraître aux éditions Latitudes (émanation de Ki-oon) le premier tome de « L’Île errante« .

 

Mikura Amelia est pilote dans une compagnie de fret, assurant les liaisons aériennes entre les minuscules îles de la Mer du Japon. Avec son hydravion, elle sillonne mer et ciel pour apporter colis et courrier à tous ces habitants. Élevée par son grand-père qui a créée cette entreprise de transport, elle se retrouve désemparée à la mort de celui-ci. Elle décide toutefois de prendre les rênes de la société et d’habiter dans sa maison. Elle y retrouve ainsi un colis qui n’a pas été livrée pour une certaine Amelia. Cette dernière réside sur l’île d’Electriciteit. Or cette île n’existe pas…

 

 

 

Kenji Tsuruta nous plonge dans un récit où s’entremêlent fantastique et mélancolie, tout en silence et légèreté. Son trait n’a rien perdu de sa précision et il n’est pas avare de détails. Nous espérons que la suite ne se fera pas attendre. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, Latitudes annoncent la sortie d’un récit complet du même auteur au premier semestre 2018 !

Bonne lecture.

Alexandrin ou l’art de faire des vers à pied / A.Kokor & P.Rabaté / éd.Futuropolis

L’Île errante / K.Tsuruta / éd.Latitudes

 

 

Lectures voyageuses

… d’octobre et novembre 2016. Panorama rapide de mes lectures réjouissantes. Celles qui ne l’étaient pas, je les oublie ! Bien sûr, il y a aussi des albums que je n’ai pas lus !

haythamdeuxiemesLa couverture à elle seule donne le ton : minaret et Tour Eiffel se mêlent dans un élan vertical immuable. S’appuyant sur le témoignage du jeune Haytham, l’album éponyme tente avec le plus d’exactitude possible de rendre compréhensible la situation en Syrie et ses conséquences dans toutes les couches de la population. Journaliste, Nicolas Hénin nous brosse un portrait tout en nuances où les opposants au régime ne sont pas obligatoirement des fanatiques religieux. Quant au parcours du jeune homme, il porte en lui un véritable message d’espoir.

Haytham, une jeunesse syrienne – Nicolas Hénin & Kyung Eun Park – éd.Dargaud

Déjà évoqué lors d’une précédente chronique, Les Deuxièmes est un petit album singulier où deux amants profitent d’une escapade pour s’adonner aux jeux de l’amour. Leurs réflexions flottent entre la relation très particulière qu’ils entretiennent mais aussi sur la possibilité – ou non – de composer une partition de l’acte sexuel. Musiciens tous les deux, pourraient-ils créer une œuvre commune quand ils font l’amour comme c’est le cas lorsqu’ils jouent ensemble ? Original sans être exceptionnel, cet album canadien laisse un goût doux-amer plaisant.

Les Deuxièmes – Zviane – éd.Pow Wow

 

mythefourmisUne plongée dans les mythes fondateurs de la Grèce Antique apporte son lot d’émerveillements et de réflexions sur la nature humaine. Les Dieux pas si éloignés des défauts et des qualités humaines interviennent dans le cours de leur existence pour le pire ou le meilleur. L’Iliade, Prométhée, Jason et Thésée, voilà les légendes qui ont été d’ores et déjà abordées. Destinés à un jeune public autant qu’aux adultes, ces albums se concluent par un dossier documentaire de qualité.

La sagesse des mythes – collectif – éd.Glénat

Lorsque deux très grands raconteurs d’histoires s’unissent pour modeler une fable moderne, on ne peut que s’attendre à une explosion de plaisir. Franck Le Gall et Michel Plessix ne nous déçoivent pas avec ce conte qui ravira grands et petits (mais pas pour les mêmes raisons). Un jeune garçon fasciné par la longue procession des fourmis va devoir surveiller les chèvres de son oncle lorsque celui-ci va partir un mois pour un pèlerinage. Or cet apprenti berger va découvrir qu’une de ces bêtes… parle ! A noter qu’une version collector noir et blanc met en valeur le trait précis et puissant de l’auteur du Vent dans les Saules.

Là où vont les fourmis – Franck Le Gall & Michel Plessix – éd.Casterman

vachesjamaisnuit-1Voilà un album comme on les aime : truculent, percutant, rebondissant ! Un quatuor de malfrats a braqué une banque avec succès. Pour se mettre au vert et attendre que les choses se tassent, ils ont décidé de se cacher dans la ferme du cousin de l’un d’entre eux. Sauf que lors de leur dernière entrevue, ils ne s’étaient pas quittés en très bons termes. Quant au plan, il va subir de multiples accrocs… Avec des personnages hauts en couleur et des dialogues que ne renieraient pas Audiard, le duo Ravard-Ducoudray se reforme pour assurément un succès de plus !

Mort aux vaches – Aurélien Ducoudray & François Ravard – éd.Futuropolis

Les albums sur ou autour de la Guerre d’Espagne, jusqu’à ces dernières années quasiment invisibles, fleurissent sur nos tables. Citons les qualités de deux d’entre eux abordant chacun à leur manière le conflit et ses lourdes années d’oppression. Nuit Noire sur Brest raconte l’histoire vraie de l’arrivée à Brest d’un sous-marin espagnol détourné par des Républicains. Objet de toutes les convoitises et de crispations politiques, ce sous-marin et son équipage vont être la cible des franquistes, les protégés des communistes européens et la gêne du gouvernement français. Dans Jamais je n’aurai 20 ans, là encore un récit authentique nous éclaire sur la période qui a suivi l’accession au pouvoir de Franco. Les « perdants » se doivent d’être prudents dans leur conviction et dans les liens qu’ils tissent car après une guerre civile, chaque voisin a pu être l’allié ou l’ennemi de jadis. Pour ces deux albums, un dossier documentaire éclaire les circonstances entourant l’événement.

Nuit noire sur Brest – Bertrand Gallic, Kris & Damien Cuvillier – éd.Futuropolis

Jamais je n’aurai 20 ans – Jaime Martin – éd.Dupuis

senfuirsunnycouvGuy Delisle ne propose ici ni récit humoristique ni carnet subjectif de voyage. Il illustre l’histoire vraie de la détention de Christophe André en Tchétchénie. Il réussit le tour de force de ne rendre ni ennuyeuses ni répétitives les longues journées où le responsable d’une ONG ne fait… rien. Sur près de 300 pages, nous sommes comme ce personnage dans l’expectative d’une éventuelle libération, d’un possible événement atypique qui modifiera le ronronnement de cet emprisonnement. A lire d’une traite !

S’enfuir – Guy Delisle – éd.Dargaud

Insensible cœur, le lecteur qui ne versera pas une petite larme à la fin du tome 6 de Sunny, dernier de la série. Comment ne pas regretter la séparation avec ces si attachants pensionnaires de cet orphelinat qui ne dit pas son nom ? Toutefois, comment ne pas louer la lucidité de l’auteur d’achever son récit à un moment charnière de la vie de l’un d’eux et de ne pas continuer jusqu’à en lasser le lecteur ? On ne vous le répétera jamais assez (et Gérald l’a déjà dit ici), Taiyou Matsumoto est un très grand mangaka et maintenant qu’il a mis un point final à Sunny vous n’avez plus d’excuses pour ne pas le lire !

Sunny T.6 – Taiyou Matsumoto – éd.Kana

hellblazerchrononautComment ne pas aimer ce sale fils de … de John Constantine ? Son cynisme, ses réparties cinglantes, son regard lucide sur les noirceurs de l’âme humaine masquent à peine les qualités de celui qui par loyauté se retrouve en taule. Pour moi, un des meilleurs « run » sur le mage londonien. Ecrit par Brian Azzarello – 100 hundred bullets – il marque un tournant dans l’évolution du  personnage. Et par chance, ce cycle de deux tomes peut se lire sans avoir lu ce qui précède ou ce qui suit. Y’a pu ka !

Hellblazer par Azzarello – Brian Azarello , Richard Corben, Steve Dillon & Marcello Frusin – éd.Urban

Les paradoxes temporels, les effets dominos ou papillon, mais qu’est-ce qu’on en a foutre dans Chrononauts ! On voyage dans le temps, on prend du plaisir et c’est fun. Après si Gengis Khan se retrouve à la tête de la Panzer Division, c’est un autre problème. C’est ce qui arrive lorsqu’un scientifique, sous pression, jusqu’ici bien sous tous rapports se retrouve à pouvoir faire joujou avec le flux temporel. Sean Murphy et Mark Millar s’en donnent à cœur joie pour un album qui se suffit à lui-même contrairement à ce que le T.1 semble vouloir dire sur la couverture.

Chrononauts T1 – Mark Millar & Sean Murphy – éd.Panini

culotteesjeuPénélope Bagieu brosse le portrait de femmes qui volontairement ou non ont porté la cause féministe. De toute époque, de tout milieu, par le refus des règles, par leur conviction ou à cause des circonstances, ces femmes appartiennent à une dynastie qui a changé notre société. Rapides, concises et rafraîchissantes, ces biographies nous rappellent que la route est encore longue mais que du chemin a été parcouru.

Culottées – Pénélope Bagieu – éd.Gallimard

Jeu d’ombres offre une vision contrastée et pertinente des banlieues lyonnaises et des populations immigrés qui y vivent. Deux frères aux origines turques suivent des parcours radicalement différents. Cengiz s’implique auprès des jeunes, apaisent les tensions, parlemente avec les autorités, devient en somme un visage apaisé de l’immigration jusqu’ici décriée. Sayar, lui, est un caïd qui s’enfonce de plus dans la violence et la radicalisation. Un accident et ses conséquences vont changer le cours de leur destin. Un dyptique qui ne lorgne ni vers l’angélisme ni la stigmatisation mais bien vers le pragmatisme et l’acceptation de tous les paramètres. A découvrir avant les élections.

Jeu d’ombres – Loulou Dédola & Merwan – éd.Glénat

 

Lectures rêveuses

… de mi-septembre 2016. Panorama rapide de mes lectures réjouissantes. Celles qui ne l’étaient pas, je les oublie ! Bien sûr, il y a aussi des albums que je n’ai pas lus !

brideEnfin le retour de Pierre-Yves Gabrion ! L’auteur du mythique (mais déjà lointain) Homme de Java et les Rameaux de Salicorne nous karmapropose un scénario de SF complexe et haletant. Dans cette société où le Karma de chacun doit être mesuré et équilibré, des morts suspectes se multiplient. Or ces victimes détenaient des mesure-karma de contrebande. L’enquête va s’avérer délicate et aux ramifications multiples. Si l’on peut regretter que les explications sur l’univers arrivent tardivement, on ne peut que suivre avec intérêt les investigations des trois policiers de Karma City. Vivement le second et dernier tome !

Karma City T.1 – Pierre-Yves Gabrion – éd.Dupuis

 

Le tome 8 de Bride Stories vient enfin de paraître. Bien sûr, l’auteur continue à nous transporter avec ravissement dans cette Asie Centrale du XIXème siècle. Alternant entre les aventures d’Amir et Karluk et les voyages de Smith,  le ton, la trame comme le graphisme devraient continuer à ravir un bon nombre de lecteurs.

Bride Stories T.8 – Kaoru Mori – éd.Ki-Oon

 

cambridgeecoleMéconnue, la série Les Cinq de Cambridge évoque pourtant avec efficacité et force détails un épisode majeur de l’opposition entre le bloc occidental et le bloc soviétique. Se basant entièrement sur des faits réels, Olivier Neuray et Valérie Lemaire racontent comment cinq jeunes gens issus des plus grandes écoles anglaises, pour des raisons idéologiques diverses vont devenir des espions à la solde de l’URSS. Implantés dans les différentes strates de la haute société, chacun va devoir endosser un rôle pour apporter toute informations pour la cause communiste. Dans ce deuxième tome, la Seconde Guerre Mondiale pointe et le jeu de dupe n’en sera que plus dangereux.

Les cinq de Cambridge T.2 – Olivier Neuray & Valérie Lemaire – éd.Casterman

 

Nouvelle rentrée des classes pour les élèves de l’Ecole de Pan. Les apprentis super-héros persévèrent dans la maîtrise de leurs pouvoirs. Toutefois, l’évolution de Félix va bouleverser l’équilibre du trio de copains justiciers. Enquêtes, pouvoirs extraordinaires, mais aussi humour captiveront les jeunes avides de lecture.

L’Ecole de Pan T3 – Maëlle Fierpied & Yomgui Dumont – éd.Bdkids

coucherravageVous pleurez toutes les larmes de votre corps sur l’absence d’un quatrième volume des Vieux Fourneaux en cette fin d’année. J’ai l’antidote à votre chagrin : A coucher dehors ! Des Sdf sur le point de se faire expulser du bout de trottoir où ils ont élu domicile depuis de nombreuses années se découvrent soudainement propriétaires d’une maison de banlieue. Petit point pour jouir pleinement de ce bien : s’occuper du fils de la défunte propriétaire, trisomique et fan de Youri Gagarine. Loin du pathos dégoulinant, avec humour et émotion, cet album va de trouvailles en trouvailles avec des personnages attachants et gouailleurs. Un des albums incontournables de cette fin d’année.

A coucher dehors T1 – Aurélien Ducoudray & Anlor – éd.Bamboo

Certes, JD Morvan prend des libertés et des raccourcis avec cette adaptation de R.Barjavel. Certes, le rythme est rapide et on n’en a peu appris à la fin de ce premier tome qui laisse sur sa fin. Certes, il y a beaucoup de suggestions et seuls ceux qui ont lu le roman d’origine pourront bénéficier pleinement de Ravage. Toutefois, le dessin de Macutay est au summum, la trame d’origine extraordinaire et les thématiques développées plus que jamais d’actualité. Alors pourquoi bouder son plaisir ?

Ravage T1 – Jean-David Morvan & Rey Macutay – éd.Glénat

 

dealhopitalLa population américaine se remet difficilement de la Grande Dépression et seuls les effets de la Nouvelle Donne de Roosevelt permettent d’éviter la catastrophe. Telle une comédie de boulevard, New Deal va nous ouvrir les portes d’un hôtel new-yorkais  des années 30.  Ses modestes employés, ses richissimes clients, ses tyranniques patrons, chacun va incarner une frange de la population. Lorsqu’un vol de bijoux va être commis, qui va être soupçonné ? Le groom criblé de dettes ? La femme de chambre noire ? Un client revenant de grandes expéditions ? Primesautier, joyeux et énergique, ce récit complet nous offre une enquête policière, un regard sociologique, une tranche d’humour et un dossier historique en bonus. Que demander de plus ?

The New Deal – Jonathan Case – éd.Glénat

Faisant écho au très bon recueil Les Désobéisseurs, Hôpital Public se penche sur les dysfonctionnements et les attentes du personnel hospitalier nantais. Grâce à des témoignages et des reportages sur le terrain, plusieurs dessinateurs et scénaristes font un état des lieux lucide sur les services de soin locaux mais représentatifs de la situation nationale. Pointant du doigt les problèmes, les propositions mais aussi les incertitudes, ce collectif éveille les consciences.

Hôpital public – collectif – éd.Vide Cocagne